C’est une zone à la fois complexe et extrêmement sensible qui mêle aussi bien des problématiques maritimes que terrestres. Ces dernières sont d’ailleurs largement méconnues, voire sous-estimées, alors que dans les stratégies consacrées à la mer et au littoral, on parle finalement surtout de la première. Les littoraux sont pourtant des espaces cruciaux, qui connaissent en même temps une forte poussée démographique, le développement de nouveaux secteurs économiques devant cohabiter avec les activités traditionnelles, mais aussi des risques d’érosion des côtes et de submersion des terres, accentués par le phénomène du réchauffement climatique. A cela, se mêlent des enjeux sociaux, avec par exemple une population vieillissante et la difficulté pour les jeunes à s’installer sur un territoire où le foncier se raréfie et, surtout, se renchérit. Le développement harmonieux du littoral représente donc un véritable défi, ou plutôt un ensemble de défis, tant environnementaux qu’économiques et sociaux. Appréhender ce milieu dans toute sa richesse et sa complexité nécessite de s’intéresser simultanément à des problématiques très différentes bien que souvent transverses, afin d’aboutir à une stratégie globale et ce que l’on appelle une gestion intégrée, impliquant tous les acteurs, publics et privés, locaux et étatiques.
Un travail remarquable
Face à ces enjeux, les départements, de par leur situation d’interface entre la terre et la mer, sont totalement confrontés à ces enjeux, auxquels ils répondent depuis de nombreuses années par de multiples actions. Des initiatives extrêmement nombreuses et souvent passionnantes dont on n’imaginait pas l’étendue jusqu’à ce que l’Assemblée des Départements de France décide, en avril 2013, de mettre en place une mission nationale Mer et Littoral. Pilotée par Philippe Grosvalet, président du Département de la Loire Atlantique, cette mission est allée au devant des 31 départements littoraux et de tous les acteurs impliqués dans la gestion du littoral. Cela, au travers d’ateliers, d’enquêtes, de visites de terrain ou encore d’auditions (experts scientifiques, élus locaux, associations, gestionnaires, acteurs socio-économiques...). Il en résulte un travail remarquable de compilation des initiatives lancées aux quatre coins du pays. Autant de bonnes idées, autant d’expérience et de retours d’expériences qui constituent une véritable boite à outils pour toutes les collectivités appelées à gérer les problématiques propres à la mer et au littoral. Ces travaux furent également l’occasion de s’interroger sur le renforcement de la coopération entre les parties prenantes, tout en menant une réflexion sur la « gouvernance » du littoral, aujourd’hui confiée à de nombreuses instances. Au final, la mission nationale Mer et Littoral de l’ADF avance une stratégie d’intervention qui se décline en 144 propositions d’actions très concrètes et pouvant être immédiatement mises en œuvre, ainsi que 13 réflexions versées au débat national.
Des questions dont il faudra se saisir, quelque soit l’avenir des Départements
C’est aujourd’hui que le rapport final de la mission est dévoilé, avec une journée de restitution des travaux organisée à Saint-Nazaire par l’ADF mais aussi le Commissariat Général à l’Egalité des Territoires (CGEC), qui s’attachera aux enjeux fonciers des littoraux. La journée comprend des interventions et tables rondes sur le sujet, en présence d’élus et d’experts, qui échangeront et débattront autour des conclusions et propositions du rapport. Cela, à un moment très particulier puisque la publication de ces travaux, axés sur le rôle des départements dans la gestion du littoral, intervient alors que la future réforme territoriale pourrait déposséder les Conseils généraux d’une grande partie de leurs prérogatives. Pour autant, tout ce travail n’a pas été accompli en vain. Car, quoiqu’il arrive, il met en lumière des problématiques cruciales qui devront être prises en compte par les collectivités (régions, intercommunalités) éventuellement appelées à absorber certaines compétences actuelles des départements. Dans tous les cas, ce rapport constitue donc une contribution dont les acteurs en charge du littoral, quel qu’ils soient, devront impérativement se saisir.