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Ce sera le premier bateau amphibie de la Société Nationale de Sauvetage en Mer. Un beau projet conduit par la station Les Frégates – baie du Mont Saint-Michel, située à Saint Jean Le Thomas (Manche) pour laquelle une embarcation de type D-Tube a été commandée au chantier Sealegs, en Nouvelle-Zélande. Capable de naviguer comme de se déplacer sur roues, ce bateau est basé sur un modèle éprouvé, opérationnel dans des services de secours mais aussi des forces spéciales étrangères.

La problématique des bancs de sable et de la mise à l’eau

Les sauveteurs en mer amenés à oeuvrer dans la baie du Mont Saint-Michel planchent sur ce projet depuis quatre ans, avec comme objectif de trouver un moyen répondant aux contraintes des interventions locales. « Nous constatons une évolution permanente des bancs de sable dans la baie, notamment depuis la mise en service du barrage du Couesnon, avec ses lâchers d'eau deux fois par jour », explique Amaury Belabed, trésorier et vice-président de la station. Alors que le marnage peut atteindre 14 mètres, cette zone dangereuse, avec les marées, se transforme en véritable dédale de bancs de sables, autant de pièges pour les plaisanciers et vacanciers au sein desquels il est difficile d’intervenir. Ainsi, les sauveteurs sont régulièrement obligés de sortir leur semi-rigide de l’eau, à la force des bras, pour franchir un banc de sable et ne pas perdre trop de temps pour secourir les personnes en difficulté. « Rien que la mise à l’eau des embarcations est très compliquée car le sable est gorgé d’eau et, en fonction du niveau de la mer, il faut se déplacer, parfois assez loin de la station ». Résultat, un déploiement peu commode des moyens de sauvetage et une usure prématurée de certains matériels, à commencer par le 4x4 qui déploie les remorques et doit être changé régulièrement, le véhicule étant rapidement rongé par l’eau de mer. De plus, lorsque la météo est mauvaise, la mise à l’eau constitue une opération dangereuse, la station ayant déjà eu à déplorer plusieurs blessés.

Le recours à un moyen amphibie devrait donc solutionner nombre de ces problèmes, en facilitant et en sécurisant les interventions des sauveteurs : « Après réflexion, notre future unité déjà éprouvée par les unités d’élite de l’océan Pacifique est un bon compromis : suppression d’une remorque de mise en l'eau, mise à l’eau permanente quelle que soit la hauteur d’eau, navigation plus aisée...  En sortie du garage, le bateau pourra rouler jusqu’à ce qu’il y ait suffisamment d’eau pour naviguer et relever ses roues, que l’on pourra redéployer pour franchir un banc de sable ou jouer sur leur hauteur afin d’incliner l’embarcation et ainsi faciliter la récupération de personnes ».

 

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© SEALEGS

Version civile du modèle D-Tube (© SEALEGS)

 

Diaporama

 

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© SEALEGS

Le futur engin de la SNSM en cours de construction (© SNSM)

 

Livraison à la fin de l’année

En cours de construction et livrable à la fin de cette année, l’embarcation, intégralement réalisée en aluminium, mesurera 6 mètres de long. Adaptée aux besoins des sauveteurs français (équipements électroniques et matériel médical, dont un défibrillateur), elle sera propulsée en mode navigation par un moteur hors-bord de 115 cv permettant d’atteindre 30 nœuds et disposera de trois roues motrices rétractables alimentées par un moteur inboard. Ce système, conçu pour permettre à l’engin de gravir une dune, ou dans le cas présent un banc de sable, offre une vitesse de roulage pouvant atteindre 10 km/h.  

Première unité commandée à Sealegs par la SNSM, elle sera aussi la première embarcation du chantier néo-zélandais homologuée en catégorie professionnelle en France. Pour cela, le service technique de l’association a travaillé en étroite collaboration avec le constructeur et le Centre de sécurité des navires de Caen.

Un projet né en 2013

Pour la petite histoire, ce projet est né suite à l’opération « un moteur pour les sauveteurs », appel aux dons lancé en 2013 afin de changer la motorisation de l’un des deux semi-rigides de la station, qui dispose également d’un jet-ski. « Il s’agissait de remotoriser le bateau mais comme cette opération a très bien fonctionné, nous nous sommes dits que nous pourrions aller plus loin en faisant l’acquisition d’un nouveau moyen, plus adapté. Nous avons regardé ce qui se faisait en France dans le domaine de l’amphibie mais nous n’avons trouvé aucun modèle assez éprouvé et, à la SNSM, on n’aime pas trop essuyer les plâtres des prototypes. C’est là que nous nous sommes tournés vers Sealegs qui a une grande expérience en la matière », précise Amaury Belabed, qui reconnait que face à ce concept encore peu développé en France, « on nous regardait au début avec de grands yeux ronds ! » Aujourd’hui, alors que le bateau prend forme à l’autre bout du monde et que les unités amphibies se développent dans le secteur de la plaisance, tout le monde comprend bien l’intérêt d’un tel engin. Et les débuts de la future SNS 664 seront observés avec le plus grand intérêt par un certain nombre d’acteurs publics et privés du milieu maritime français. Car cette initiative pourrait faire des émules chez certains professionnels ou dans les administrations.

140.000 euros à réunir grâce aux collectivités et aux dons

Alors que la station Les Frégates - baie du Mont Saint-Michel, forte de 23 sauveteurs, conservera l’un de ses deux semi-rigides ainsi que son jet-ski, l’acquisition du nouveau moyen, d'un coût total de 140.000 euros, est possible grâce au soutien financier de la région Normandie, du département de la Manche et des donateurs privés. La SNSM poursuit d’ailleurs les appels aux dons pour boucler le financement de la dernière tranche du projet.

Si vous souhaitez vous y associer, vous pouvez adresser vos dons à «  SNSM les Frégates 54 route de Pignochet 50530 Saint Jean Le Thomas » et pour tout renseignement contacter les sauveteurs à l’adresse : contact@snsmlesfregates.fr

 

 

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