A l’occasion de la Conférence climat qui se tient à Paris, l’ONG Peace Boat, qui organise depuis plus de 30 ans des voyages maritimes éducatifs, a dévoilé un concept de nouveau navire qu’elle souhaite voir naviguer à l’horizon 2020. Le projet « Ecoship », étudié selon l’organisation par une équipe internationale composée de 30 ingénieurs, scientifiques et penseurs, porte sur un paquebot de 230 mètres de long, 31 mètres de large, 8 mètres de tirant d’eau et 55.000 GT de jauge. Conçu pour naviguer à la vitesse de 17 nœuds, il compte 760 cabines pour une capacité de 1900 passagers. Le navire sera notamment doté d'un vaste amphitéâtre pour les cours et conférences, mais aussi configurable en salle de représentation ou de sport, ainsi qu'un grand jardin botanique destiné à illustrer les enjeux de la préservation de la biodiversité face au réchauffement de la planète.
Réduire au maximum l’empreinte environnementale
Présentant un design particulièrement moderne, ce navire se veut avant tout respectueux de l’environnement. A cet effet, ses concepteurs se sont fixés pour objectif de réduire significativement la dépense énergétique : 20% de moins sur la consommation nécessaire à la propulsion et 50% sur celle consommée quotidiennement pour les passagers, comparé aux paquebots mis en service au début des années 2000. En matière d'émissions polluantes, l'idée est de réduire de 40% les rejets de CO2 et d'éliminer ou réduire à leur portion congrue les SOx, NOx et particules fines.
Propulsion au GNL, voiles solaires…
Pour y parvenir, l’Ecoship de Peace Boat dispose d’une étrave inversée et de lignes optimisées, tant sur le plan aérodynamique qu'hydrodynamique. Avec, selon l’ONG, « une forme de coque modelée sur celle d’une baleine ». L’adoption d’une propulsion particulièrement efficiente, avec des moteurs électriques et pouvant fonctionner avec des carburants moins polluants, comme le GNL, a également été évoquée par Yoshioko Tatsuya, fondateur et directeur de Peace Boat. Mais le navire se distingue surtout, extérieurement, par la présence de dix grandes voiles rigides qui pourront non seulement utiliser le vent, mais sont également recouvertes de panneaux photovoltaïques pour capter l’énergie solaire et, ainsi, contribuer à la production d’électricité propre. On notera que ces voiles sont rétractables afin de permettre au navire de passer sous les ponts. D'autres panneaux solaires seront disposés sur le pont supérieur, pour une surface totale de 6000 m² et une puissance produite donnée à 750 kW.

L'Ecoship (© : PEACE BOAT)
Pas de révolution technologique mais un projet qui va dans le bon sens
Au final, les annonces faites par Peace Boat ne comportent aucune révolution technologique. L’emploi de la propulsion au gaz sur les paquebots est en marche avec les prochains paquebots de Costa Croisières et AIDA Cruises, alors que les chantiers et équipementiers ont fait ces dernières années des progrès considérables pour réduire la consommation énergétique des bateaux. Quant au concept des voiles solaires, il a déjà été exposé mais non mis en œuvre à cette échelle. L’emploi de panneaux photovoltaïques sur certains bateaux est en revanche une réalité, l’énergie produite restant assez marginale mais contribuant néanmoins à la diminution de l’impact environnemental.

L'Ecoship (© : PEACE BOAT)
Accueillir 5000 personnes par an pour des voyages éducatifs
Reste que ce projet a le mérite de pousser l’exercice et le rendu final est plutôt réussi, avec des lignes très modernes qui sont bien dans l’esprit des concepts de paquebots du futur que l’on commence à voir émerger chez les architectes. Un design volontairement original, Peace Boat souhaitant marquer les esprits et faire de son futur bateau un ambassadeur de la cause environnementale. « L’Ecoship incarnera les efforts en matière de développement durable par le biais de ses activités. Il naviguera pour le compte de Peace Boat à travers le monde pour des voyages éducatifs et transportera 5000 personnes par an. Il accueillera des expositions sur les technologies vertes dans de nombreux ports, jusqu’à 80 par an, et pourra aussi servir de laboratoire flottant contribuant aux recherches sur les océans, le climat et les technologies marines respectueuses de l’environnement », explique l’organisation.
Pour l’heure, même si l’ONG a affirmé qu’elle espérait bien voir ce bateau naviguer à partir de 2020, aucune commande n’a été passée à un chantier. Avant cela, il faudra bien entendu trouver le financement.

L'Ocean Dream en Jordanie (© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)
Un remplaçant pour l’Ocean Dream
Quoiqu’il en soit, on sait que Peace Boat devra dans les prochaines années remplacer son navire actuel, l’Ocean Dream. Mis en service en 1981 chez Carnival Cruise Line sous le nom de Tropicale puis passé chez Costa entre 2001 et 2005 avant d’être transféré chez P&O Australia puis Pullmantur, ce paquebot de 205 mètres et 35.000 GT est exploité depuis 2012 pour le compte de l’ONG. Armé par un équipage de 250 marins, il offre une capacité maximale de 1400 passagers mais embarque généralement 800 à 1000 personnes seulement lors de ses voyages.
Une université itinérante créée il y a plus de 30 ans
Fondée en 1983 au Japon, où se trouve toujours son siège, Peace Boat fait depuis plus de 30 ans la promotion de la paix, des droits de l’homme, de la protection de l’environnement et du développement durable. Depuis sa création, l’association a utilisé différents navires pour réaliser jusqu’ici 88 voyages à travers le monde (le dernier s’est achevé à Yokohama le 6 décembre), faisant escale dans 180 ports, en particulier dans des régions défavorisées. Des programmes éducatifs, des conférences et des actions humanitaires sont notamment organisés par Peace Boat, qui a développé un concept d’« université globale » basée sur l’éducation, le partage, les échanges et l’expérience séduisant de nombreux jeunes. Jusqu’ici, plus de 50.000, de différentes nationalités, ont participé à cette aventure.

Dans une école au Bélize le mois dernier (© : PEACE BOAT)
Reconnue par l’ONU et disposant d’un statut consultatif au Conseil économique et social des Nations Unies, l’organisation a été nominée en 2008 pour le prix Nobel de la Paix.