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Dans une situation très difficile il y a quelques années, le chantier Couach de Gujan-Mestras retrouve des couleurs et a même signé cette année un contrat historique et des accords commerciaux structurants pour l’avenir. Repris en 2011 par un groupement d’investisseurs régionaux, Nepteam, Couach est l’un des grands spécialistes français des matériaux composites. Avec actuellement une présence sur deux segments de marché principaux : le militaire et la grande plaisance.

Le contrat géant des 79 intercepteurs saoudiens

Dans le domaine des bateaux gris, 2015 restera comme l’année de la signature du plus gros contrat de l’histoire du chantier : 79 intercepteurs à réaliser en sous-traitance du groupe allemand Lürssen, qui a décroché le contrat colossal de renouvellement des moyens navals du ministère saoudien de l’Intérieur.

La construction du prototype a d’ores et déjà débuté à Gujan-Mestras et sa sortie d’atelier est prévue d’ici le mois de mars. Couach passera ensuite à la production en série, avec une cadence extrêmement élevée puisqu’il est prévu de produire en moyenne un bateau par semaine pendant plus de deux ans, c’est-à-dire jusqu’en 2018. Les futurs intercepteurs, qui permettront à l’Arabie Saoudite de protéger ses espaces maritimes et installations offshore contre différentes menaces (trafics, terrorisme…), seront une évolution des 15 unités du type 1300 FIC (13 mètres, 50 nœuds) livrées entre 2011 et 2013 à l’Inde. Ils seront un peu plus longs et encore plus rapides. En dehors de la construction de ces intercepteurs, le contrat est assorti après livraison d’un volet très important de maintien en condition opérationnelle, prestation que Couach assurera en Arabie Saoudite pendant cinq ans. Dans cette perspective, une JV sera prochainement créée avec un partenaire local afin d’assurer le soutien des futurs intercepteurs.

 

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© COUACH - PLASCOA

Intercepteur indien du type 1300 FIC (© COUACH)

 

Une présence de longue qui a payé

Pour cela, le chantier girondin va s’appuyer sur son expérience et son réseau dans ce pays, où il travaille depuis une quinzaine d’années. Car il ne faut pas oublier que Couach a, entre 2000 et 2005, livré en quatre contrats différents par moins de 68 vedettes rapides de 11 et 15 mètres aux garde-frontières saoudiens. Et il en a assuré depuis le soutien technique. C’est aussi cette expérience qui a permis au constructeur girondin de décrocher l’énorme commande des 79 intercepteurs. « Quand nous nous engageons, c’est dans la durée, avec comme objectif d’accompagner nos clients pour faire en sorte que nos produits fonctionnent et restent à niveau sur le long terme. Dans le cas de l’Arabie Saoudite, les contrats du début des années 2000 ont montré que savions être là quand le client en avait besoin. Cela, malgré les aléas économiques et financiers que le chantier a pu rencontrer. Même dans cette période difficile, Couach a continué d’investir dans les déplacements en Arabie Saoudite et le service au client, dont on a pu mesurer la satisfaction. Il y a ici des gens de grande valeur qui ont une connaissance culturelle, des compétences techniques et une compréhension des besoins qui ont permis depuis 2000 d’assurer un véritable suivi ainsi qu’une aide à l’entretien et le maintien à niveau des bateaux saoudiens. De là est née une confiance qui a été un atout indéniable pour remporter ce nouveau contrat », explique le président de Couach, Christophe Kloeckner, qui insiste sur le fait que ce marché « a été gagné dans des circonstances complètement loyales et sans le moindre appui de l’Etat français ».

Pour la suite, même s’il n’est plus donné favori, le chantier girondin suit toujours de près un autre projet saoudien, celui des intercepteurs d’une trentaine de mètres destinés cette fois à la marine. Une affaire très complexe sur laquelle tous les industriels français sont à couteaux tirés depuis deux ans. « Le dossier n’a toujours pas été attribué, tous les coups sont encore possibles… »  

Capitaliser sur ce succès pour décrocher d’autres commandes

Quoiqu’il en soit, le contrat des 79 intercepteurs est déjà une formidable carte de visite pour Couach, dont la gamme militaire, connue sous le nom de Plascoa, comprend des unités de 11 à 50 mètres, de la vedette au patrouilleur hauturier. « Nous sommes très actifs sur le marché et nous comptons bien capitaliser sur cette très belle commande pour faire valoir nos atouts techniques et industriels ». Par ailleurs, le constructeur français pourrait éventuellement profiter de ce programme pour jouer sa partition avec Lürssen sur des projets globaux comprenant des modèles où, comme dans le cas saoudien, le constructeur allemand n’a pas de référence. « On ne peut pas exclure que Lürssen nous emmène à l’avenir dans ses bagages. Mais pour cela, nous devons d’abord leur démontrer que nous sommes un très bon sous-traitant ».

 

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© COUACH

Patrouilleur construit pour le Yémen (© COUACH)

 

En quête d’un repreneur pour les deux patrouilleurs yéménites

En attendant, Couach continue donc de prospecter et va aussi devoir trouver une solution pour les deux patrouilleurs yéménites du type 2200 FP. Commandés en 2011 et achevés en 2014, ces bateaux de 22 mètres sont depuis en attente, la guerre civile au Yémen ayant empêché leur départ. « La situation sur place fait qu’il n’est pas possible de les livrer, tant pour la sécurité des personnels qui devaient assurer la livraison et la formation des équipages que pour le fait qu’il risqueraient de tomber entre de mauvaises mains ». Couach a donc entrepris des démarches commerciales pour leur trouver un repreneur et Christophe Kloeckner se montre confiant : « Ce sont de bons bateaux, compétitifs et qui peuvent répondre à toutes les missions de protection des zones littorales. Ils ont réalisés leurs essais avec succès, avaient été techniquement approuvés par le client et présentent l’avantage d’être immédiatement disponibles ».

 

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© COUACH

La Pellegrina de 50 mètres (© COUACH)

 

Un yacht de 44 mètres en chantier

En dehors des bateaux gris, Couach est actif sur le secteur de la grande plaisance, où il fait d’ailleurs partie des derniers acteurs français du secteur. Deux ans après La Pellegrina, le chantier a livré en 2014 Belongers, son second yacht de 50 mètres du type 5000 FLY. Un bateau particulièrement réussi, avec des normes de confort extrêmement élevées. Aujourd’hui, Couach achève la construction d’une nouvelle unité totalement customisée, longue de 44 mètres. Prévu pour être livré en décembre 2016, ce navire se caractérise par sa superstructure couvrant la partie avant du pont principal ce qui permet d’obtenir, malgré une taille réduite, la même habitabilité que sur les yachts de 50 mètres précédemment construits. Une autre différence résidera dans le garage à annexes, qui sera en position latérale et non au niveau du tableau arrière, comme sur les 5000 FLY.

 

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© COUACH

Le Belongers de 50 mètres (© COUACH)

 

Travailler sur le positionnement dans la grande plaisance

La gamme développée par Couach pour la grande plaisance va du Hornet (version civile de l’intercepteur de 13 mètres) au navire de 50 mètres, en passant par des modèles de 23 à 45 mètres. Le chantier espère décrocher rapidement de nouveaux contrats : « Nous avons beaucoup de touches, qu’il faut maintenant convertir en commandes, ce qui est un travail de longue haleine », note Christophe Kloeckner, qui veut revoir la stratégie de Couach sur ce marché complexe nécessitant d’importants moyens financiers. « Nous continuons de travailler pour trouver le bon positionnement. C’est pourquoi nous allons reconstruire notre démarche dans le domaine des yachts avec une stratégie axée sur la technologie et le confort ».

 

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© COUACH

Le Hornet (© COUACH)

 

Vandutch : Lancement de la production en série en 2016

Toujours dans le domaine de la plaisance, Couach a également connu un développement important cette année avec la signature d’un accord de partenariat avec Vandutch Marine, qui conçoit des bateaux de 30 à 75 pieds (9.56 à 22 mètres). Le contrat porte sur le marché international hors Etats-Unis, où la gamme Vandutch continuera d’être produite par le chantier Marquis Yachts, situé dans le Wisconsin.  Alors que la société néerlandaise, créée en 2008 et qui a depuis vendu plus de 200 bateaux, est en train de développer son activité à Hong Kong, Singapour, au Moyen-Orient et en Australie, Couach produira les modèles Vandutch pour ces nouveaux marchés ainsi que pour l’Europe. La première concrétisation de ce partenariat va se traduire par la réalisation à Gujan-Mestras du nouveau modèle de 75 pieds pour lequel Couach participe aux études. Le chantier girondin, qui est en train de mettre en place l’outillage nécessaire et fabriquer les moules de ce bateau, pourra en produire une douzaine par an à partir de 2016. « C’est un partenariat qui nous engage pour au moins trois ans et qui, au-delà des 75 pieds, doit aussi nous permettre de réaliser les nouveaux modèles de Vandutch sur des tailles plus petites ».

 

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© VANDUTCH MARINE

(© VANDUTCH MARINE)

 

« Partager le gâteau avec un réseau de partenaires »

Avec tous ces projets, les effectifs du chantier, qui compte aujourd’hui 200 salariés et une cinquantaine d’intérimaires, pourraient augmenter. Christophe Kloeckner se veut néanmoins prudent et compte mener un développement progressif et raisonné. « Il ne faut pas reproduire des erreurs du passé en embauchant massivement quand ça va bien pour lancer un plan social quand survient un creux de charge. Notre stratégie consiste plutôt à partager le gâteau avec un réseau de partenaires pouvant nous appuyer et susceptible de prendre des tranches entières d’activité. Nous venons par exemple de conclure un accord sur l’électricité avec un de nos fournisseurs historiques ». L’embellie que connait actuellement le plan de charge va néanmoins permettre de renforcer l’entreprise et de préparer l’avenir : « Nous renforçons nos compétences et venons de créer un département de R&D. C’est le bon moment pour se structurer et s’équiper. Aujourd’hui, l’activité est pérennisée pour trois ans mais il faut déjà regarder au-delà. C’est pourquoi nous foisonnons de projets et continuons de stimuler les équipes pour trouver de nouveaux marchés qui prendront la relève dans trois ans ».

 

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© COUACH

Etude sur un crew boat (© COUACH)

 

Diversification dans d’autres domaines

Pour cela, Couach mise sur la qualité de ses produits et des compétences techniques reconnues, la modernisation de son outil industriel, l’innovation mais aussi les services. Car la capacité à accompagner un client dans la durée n’étant pas si courante bien qu’elle soit de plus en plus recherchée. En dehors du militaire et de la grande plaisance, l’entreprise souhaite également se diversifier vers d’autres secteurs. C’est le cas par exemple de l’offshore. Même si cette industrie connait actuellement une période difficile, cette situation ne durera pas et il y aura des contrats à engranger avant la fin de la décennie. « Nous menons par exemple des travaux d’ingénierie dans le domaine des crew boats, où l’on travaille avec des partenaires sur une nouvelle génération de bateaux répondant aux besoins de l’industrie ».

 

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