Fincantieri, China State Shipbuilding Corporation (CSSC) et le district de Baoshan, appartenant à la ville de Shanghai, ont signé le 31 mai une lettre d’intention en vue de créer le premier « parc industriel » dédié aux navires de croisière en Chine. Ce partenariat s’inscrit dans le prolongement de la signature en février, par Fincantieri, CSSC et l'armateur américain Carnival, d’un accord portant sur la réalisation à Shanghai de deux paquebots, avec une option pour quatre unités supplémentaires. Tous sont destinés au marché local et doivent être exploités par une nouvelle compagnie, que formeront CSSC et Carnival.
Spécialiser toute une région
La grande cité chinoise, avec Baoshan, dispose aujourd’hui du plus grand port de commerce du monde et d’importants chantiers navals. Mais c’est aussi là que se trouve le principal pôle de croisière du pays, avec des terminaux accueillant les paquebots croisant dans la région. D’où l’idée des autorités chinoises de transformer ce « Port de croisière » en « Ville de croisière » grâce à l’émergence de nouvelles filières de construction et de réparation de paquebots. « L'amélioration et la spécialisation de l'ensemble de la région de Baoshan sont, en effet, parmi les objectifs de ce programme gouvernemental impressionnant. Le district est le plus grand port commercial et de croisière en Chine, représentant aujourd'hui la région la plus développée du pays dans le secteur des croisières. Il peut bénéficier des politiques économiques préférentielles de la Zone de libre-échange de Shanghai et de la Zone d'expérimentation du développement du tourisme de croisière en Chine qui accélérera la transformation du district », souligne Fincantieri.

Le terminal croisière de Shanghai (© : MER ET MARINE - KEVIN IZORCE)
Attirer les sous-traitants étrangers
Concrètement, selon l’accord conclu le 31 mai, le district de Baoshan fournira des terrains, des financements, des avantages commerciaux et des facilités administratives, en particulier aux sociétés étrangères qui souhaiteraient s’implanter sur le futur parc. Il s’agit manifestement là de l’un des enjeux majeurs du projet. La Chine, qui n’a encore jamais réalisé de paquebot, veut se faire rapidement une place dans cette industrie florissante. Mais pour y parvenir, acheter des plans de navires à Fincantieri et s’allier à Carnival pour leur future exploitation ne suffit pas. Il va falloir développer des compétences locales importantes dans de nombreux domaines, en clair bâtir un réseau de sous-traitance spécialisée analogue à ce que l’on trouve en Europe, même si un certain nombre d’équipements pourraient, du moins dans un premier temps, être livrés clés en main. L’idée est donc non seulement de créer ou adapter des ressources chinoises adéquates, mais aussi d’aller chercher le savoir-faire d’entreprises spécialisées dont l’implantation à Baoshan sera favorisée. C’est la mission, au travers de ce partenariat, des constructeurs italiens et chinois. « Fincantieri et CSSC favoriseront en fait le parc dans leur réseau de chaîne d'approvisionnement et dans l'ensemble de l'industrie, en tant que base pour les entreprises qui souhaitent accéder aux opportunités de ce projet. De cette façon, Fincantieri pourrait devenir un levier pour l'établissement en Chine de sa chaîne d'approvisionnement italienne ou d'autres PME italiennes, ce qui profiterait grandement à cette opération », explique le constructeur italien.
Une base « Carnival Vista »
Pour mémoire, le premier des paquebots concernés par l’accord de février dernier doit être livré en 2023. Même si aucune référence ni gabarit des navires n’est plus communiquée, Giuseppe Bono, directeur général de Fincantieri, nous assurait en avril, lors de sa venue à Saint-Nazaire, qu’ils auraient bien pour base (mais avec des adaptations) les unités de la classe Carnival Vista (plus de 130.000 GT et 1900 cabines). La tête de série de ce programme est pour mémoire sortie en 2016 des chantiers italiens, qui livreront ses deux jumeaux en 2018 et 2019, puis ce qui sera sans doute deux unités dérivées pour Costa Asia en 2019 et 2020.

Le Carnival Vista (© : FINCANTIERI)