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En marge d’un Comité d’entreprise qui se tient ce matin, la CGT et Force Ouvrière appellent les salariés de STX France à débrayer et se rassembler à la porte 6 du chantier. « Nous continuons la bataille pour le maintien des emplois et l’avenir industriel de Saint-Nazaire », explique-t-on à la CGT, qui rappelle que la situation de l’entreprise est très difficile : « Aujourd’hui, 1000 salariés environ sont touchés par les mesures de chômage partiel. C’est la moitié des effectifs ! » Faute de nouvelle commande, STX France voit sa charge de travail fondre progressivement, ce qui va entrainer des fermetures d’ateliers. Ainsi, d’ici la fin de semaine, l’activité cesserait aux « panneaux plans », là où sont réalisées les grandes plaques d’acier destinées à la construction des blocs dont l’assemblage constitue ensuite la coque des navires. Et la situation ne fera qu’empirer dans les prochains mois, les deux derniers navires de croisière actuellement en achèvement, le MSC Preziosa et l’Europa 2, devant être livrés d’ici le printemps 2013. Il ne restera alors que les deux bâtiments de projection et de commandement (BPC) russes, livrables en 2014 et 2015 mais dont une bonne partie de la réalisation a été menée en avance de phase pour, justement, combler le creux de charge qui dévit depuis de longs mois.  

 

L’UD CGT-FO demande la nationalisation transitoire du chantier

 

Comme c’est le cas actuellement pour Florange, les syndicats demandent au gouvernement de faire de STX France un dossier prioritaire. Saluant la proposition du ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, de nationaliser provisoirement l’usine ArcelorMittal de Florange pour sauver ses hauts fourneaux, l’Union Départementale CGT-FO estime d’ailleurs qu’une initiative de ce type devrait être appliquée à Saint-Nazaire : « Une telle mesure de nationalisation, même transitoire, permettrait également de sortir le chantier naval du marasme dans lequel l’actionnaire majoritaire, le Coréen STX, l’a mis. L’objectif étant la mise en place d’une vraie stratégie industrielle de fabrication et de diversification de la filière navale, permettant la sauvegarde de tous les emplois dans l’entreprise et la sous-traitance ». De fait, les critiques se cristallisent depuis des mois sur STX, qui a repris en 2008 le groupe Norvégien Aker Yards, auquel Alstom avait vendu les Chantiers de l’Atlantique deux ans plus tôt. Les Coréens, qui détiennent 66.66% de STX France (aux côtés de l’Etat, propriétaire de 33.34% du capital) sont perçus par beaucoup comme un boulet pour l’entreprise.

 

STX, l’actionnaire fantôme

 

« Ils ne jouent pas leur rôle, on ne sait pas ce qu’ils font ni à quoi ils servent, ils n’impulsent aucune stratégie industrielle », déplore un représentant du personnel. Pour la majorité des salariés, la présence et les motivations de STX sont un mystère qui s’est transformé au fil des années en problème. Car, si avec Aker Yards, une dynamique avait été enclenchée et des relations plutôt fructueuses avaient été initiées entre les différents chantiers du groupe, notamment entre la France et la Finlande, l’arrivée de STX a replacé chacun dans sa bulle et, plus que jamais, les Finlandais sont autant des concurrents pour les Français que les Italiens ou les Allemands. De fait, on ne voit pas bien ce que STX, un actionnaire aux allures de fantôme, a apporté à Saint-Nazaire depuis quatre ans. C’est pourquoi certains syndicats, comme FO, réclament depuis longtemps que l’Etat reprenne le contrôle du chantier. Une idée très minoritaire il y a peu encore, mais qui, dans le contexte actuel, fait de plus en plus d’émules, surtout après les déclarations d’Arnaud Montebourg sur Florange. Reste qu’il ne parait pas simple de contraindre le propriétaire d’une entreprise à s’en aller, même s’il semble évident que les Sud-coréens ont de moins en moins intérêt à conserver des chantiers où ils suscitent une défiance croissante et, surtout, où ils risquent de perdre beaucoup d’argent. Si tel était le cas, il conviendrait ensuite, pour le gouvernement, de trouver un nouvel actionnaire de référence au chantier. Car ce n'est pas à l'Etat de jouer le rôle d'entrepreneur.

 

« Un projet industriel cohérent pour faire vivre la navale en France »

 

Du côté de la CGT de STX France, on ne se dit « pas contre » une nationalisation. Mais ce qui importe surtout au syndicat c’est « un projet industriel cohérent pour faire vivre la construction navale civile en France ». La CGT, qui réclame une stratégie claire pour redresser le secteur, redoute une restructuration de l’activité. Elle s’inquiète par exemple de voir les abords de la forme Joubert, où les bateaux réalisés par le chantier passent régulièrement en cale sèche, transformés en pôle logistique dédié à l’éolien offshore dans le futur projet d’aménagement du port de Nantes Saint-Nazaire. « Nous craignons d’être soumis à une restructuration de notre industrie, qui aboutirait à nous sortir de la construction navale. Le gouvernement doit agir car nous devons, et nous pouvons, continuer de construire des navires en France ». En attendant que de nouvelles commandes soient engrangées dans le secteur de la croisière où sur les projets de diversification, comme l’offshore (éolien, forage, câbliers…) où STX France espère percer, la CGT réclame que l’Etat pèse sur les entreprises dont il est actionnaire afin qu’elles confient à Saint-Nazaire la réalisation de navire. Le projet de nouvelle flotte de la SNCM est, notamment, mis en avant. D'autre part, le chantier espère que Bercy mettra rapidement au point des solutions de financement compétitives, par exemple dans le cadre de la Banque Publique d'Investissement, afin de lui permettre de rivaliser sur ce plan avec ses concurrents.

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