Jusqu’ici à la tête de la division Services de Piriou, Vincent Faujour (*) est depuis hier directeur général du groupe naval breton. Ce dernier demeure présidé par Pascal Piriou, qui reste solidement à la barre de la société, mais a souhaité séparer la double fonction de P-DG : « Je ne quitte pas le groupe dont je reste le principal actionnaire mais que je confie à Vincent la responsabilité de son fonctionnement au quotidien. Le cumul des fonctions de Président et de Directeur Général est devenu trop lourd pour un seul homme dans le contexte de diversification sectorielle et géographique que nous connaissons. Vincent est l’un des piliers de l’entreprise qui a non seulement ma totale confiance mais celle de nos actionnaires, de nos salariés et de nos clients », explique Pascal Piriou. Ce dernier précise qu’il va désormais se concentrer sur la représentation du groupe, élaborer plus sereinement sa stratégie de développement et se consacrer à certains projets, comme la diversification vers les navires de voyage et les supports de yachts, pour lesquels Piriou a dévoilé la semaine dernière une nouvelle gamme à l’occasion du Monaco Yacht Show (voir notre article sur le sujet). Vincent Faujour est donc désormais le patron opérationnel du groupe et prend en mains notamment, au delà de l’ensemble des fonctions traditionnelles de DG, la direction commerciale.
Détenu à 75% par le management et à 25% par les banques
Cette évolution à la tête de l’entreprise a été actée mercredi par le Conseil d’administration de Piriou, qui se dote au passage d’un nouveau comité de direction, avec en plus de Vincent Faujour comme DG, Alain Le Berre au poste de directeur général délégué Finance et Patrick de Leffe (ancien de DCNS chapeautant notamment Kership) comme directeur général délégué Industrie. Le groupe est aujourd’hui détenu à 75% par ses dirigeants (actifs ou retraités), Patrick de Leffe allant entrer au capital ; et à 25% (12.5% chacun) par les fonds d’investissement de la Société Générale et du Crédit Mutuel. Jaccar, la holding de Jacques de Chateauvieux, est totalement sortie de Piriou fin 2014.
1200 salariés, dont 350 en France
Second groupe français de construction, réparation et ingénierie navale civile, Piriou est présent en Europe, en Afrique et en Asie via huit sociétés employant plus de 1200 personnes, dont 350 en France. Le groupe, qui a livré près de 400 navires depuis 1965, a réalisé l’an dernier un chiffre d’affaires de 160 millions d’euros.
Carnet de commandes plein en Bretagne
En termes de plan de charge, alors que Piriou poursuit le développement de ses activités dans les services, la situation est contrastée dans le domaine de la construction neuve. Grâce aux trois dernières commandes remportées auprès de l’Etat, le chantier historique de Concarneau tourne à plein régime. Il doit, en effet, réaliser quatre bâtiments multi-missions (B2M), soit trois en commande et un en option, deux bâtiments de soutien et d’assistance hauturier (BSAH) avec une option pour deux autres, ainsi qu’un bâtiment polaire (PLV). S’y ajoute, pour le site de Lorient, un chaland de débarquement commandé par le Maroc. Un carnet de commande qui est donc très « gris », Piriou entendant poursuivre sa diversification dans le secteur militaire, en solo ou via Kership (société commune créée avec DCNS), avec plusieurs prospects sérieux en ligne de mire.
Situation plus tendue au Vietnam
La période est en revanche plus difficile pour le second grand pôle de construction du groupe, situé au Vietnam. Celui-ci tourne au ralenti suite à la chute des investissements dans la pêche thonière et l’offshore. Alors que le chantier de Nha Be vient de mettre à l’eau le palangrier de 59 mètres commandé par l’armement Le Garrec, quatre remorqueurs sont en cours de réalisation. Spécialisé dans l’aluminium, le site de Ben Luc travaille quant à lui sur une demi-douzaine de catamarans destinés à l’éolien offshore. En revanche, les trois derniers FPSV (Fast Passenger and Supply Vessel) réalisés en stock pour l’industrie offshore n’ont pas encore trouvé preneur. Ces navires, soit une unité de 53 mètres et deux de 41 mètres, font néanmoins l’objet de différents projets, y compris une transformation en YSV (Yacht Support Vessel) et en patrouilleurs.
(*) Vincent Faujour, 48 ans, Finistérien d’origine, est un homme de terrain, mécanicien de formation après des études scientifiques et techniques.
- En 1991, il intègre le Service Après-Vente de la société des MOTEURS PIELSTICK à Saint Nazaire,
- En 1994, il prend la direction de la société ATELIERS NORMAND (mécanique moteurs marins – 30 salariés) à Lorient, société qu’il rachète en 1995
- En 2010, il cède ATELIERS NORMAND au groupe PIRIOU qu’il rejoint pour diriger successivement PIRIOU NAVAL SERVICES (120 salariés), la branche réparation du groupe en France, puis CHANTIERS PIRIOU (150 salariés), la branche construction navale française.
En 2013, il prend la direction de la Division Services de PIRIOU (600 salariés), où il a dirigé, jusqu’à ce jour, les activités réparation navale et services du groupe, en France (Concarneau, Lorient) et à l’étranger (Nigéria, Algérie). Il devient également actionnaire de PIRIOU cette même année.