Le groupe français, leader de l'un des consortiums ayant répondu à l'appel d'offres sur les premiers parcs éoliens offshores en France, a annoncé qu'il travaillait avec les chantiers STX France de Saint-Nazaire sur un navire spécialisé dans la pose d'éoliennes en mer. « Il y a un véritable enjeu sur les navires d'installation car les éoliennes présentent désormais des dimensions énormes. Nous travaillons avec les chantiers sur la possibilité de concevoir un navire capable d'embarquer de 4 à 8 éoliennes en différents éléments afin de pouvoir les installer au large », explique-t-on chez EDF Energies Nouvelles. L'électricien a évoqué ce projet la semaine dernière, au moment où il publiquement annoncé qu'il mettait de côté son idée initiale de recourir pour les futurs parcs français aux fondations d'éoliennes de type « jacket », ces structures en treillis dotées de quatre pieds. A l'issue d'une campagne géotechnique réalisée l'an passé avec des carottages sur les sites de Guérande, Saint-Brieuc, Courseulles-sur-Mer et Fécamp, EDF EN estime, en effet, qu'en l'état actuel des connaissances et de la technologie, que le recours au jacket serait bien plus long et coûteux, en termes de construction, que l'adoption de fondations traditionnelles (mono-pieux et gravitaires). Or, STX France s'est justement positionné sur la réalisation de jackets, qui nécessitent de l'ingénierie et un véritable savoir-faire industriel. Il n'en va pas de même pour les autres types de fondations, sur lesquels STX ne pense pas être en mesure d'apporter une plus value, si ce n'est au niveau des pièces de transition entre la fondation et le mât. Le jacket et le premier tronçon du prototype d'Haliade (© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU) Toujours des perspectives importantes sur les jackets A ce titre, le chantier nazairien a livré, en décembre, un premier jacket destiné au prototype d'Haliade, l'éolienne offshore de 6 MW développée par Alstom et retenue par EDF EN pour l'appel d'offres français. Cet engin, en cours de montage sur les rives de la Loire, au Carnet, sera suivi cette année par un second prototype, cette fois destiné à être posé en mer, au large de la Belgique. « Nous sommes en discussion avec STX pour la réalisation du jacket de cette éolienne », précise-t-on chez EDF, en ajoutant que même si la formule du jacket est écartée par son consortium pour les projets français, des débouchés sont toujours possibles pour le chantier nazairien. « STX pourra, par exemple, réaliser les sous-stations électriques (une par champ, ndlr) qui demeurent en jacket. Mais, surtout, la pérennité de leur activité dans ce domaine ne peut dépendre uniquement des projets français. Ils peuvent viser les nombreux autres champs européens. Ainsi, on a pour le moment 6 GW de puissance en projet en France (dont 3 GW sur le premier appel d'offres, ndlr) à l'horizon 2020, alors qu'à la même date, 40 GW de projets sont prévus en Europe, principalement en Angleterre et en Allemagne. Le marché est donc énorme ». (© : BRETAGNE DEVELOPPEMENT INNOVATION) Un navire taillé pour l'installation de mastodontes Reste que, dans le cadre de l'appel d'offres français, où les candidats sont notamment jugés aux retombées économiques et en termes d'emplois des futurs projets, l'abandon du jacket peut faire planer une petite ombre, du moins en termes de communication, sur le dossier d'EDF. D'autant que certains de ses concurrents, comme le groupement constitué autour d'Iberdrola, continuent de croire à ce type de fondation (sans avoir toutefois réalisé encore de campagne géotechnique). Le groupe français, avec le projet de navire de pose, offre donc une sorte de « lot de consolation » au chantier nazairien. Il faut dire que ce dernier, depuis plusieurs années, s'intéresse aux navires d'installation, sur lesquels il estime pouvoir se positionner. Il ne s'agit en effet pas que de simples navires de charge, mais de bateaux nécessitant un certain nombre de technologies pour pouvoir poser en mer, en toute sécurité, de véritables mastodontes. Ainsi, une fois assemblée, Haliade mesurera quelques 170 mètres de hauteur et sera dotée d'une nacelle de 400 tonnes sur laquelle seront fixées trois pales avec un diamètre de rotor de 150 mètres. Pour mener à bien l'installation des parcs, dotés d'environ 80 machines chacun, il faudra de grands navires (de l'ordre de 200 mètres) très efficaces. Evidemment, il ne s'agit pour l'heure que d'un projet et STX France, comme sur d'autres marchés, fait face à des concurrents, notamment les chantiers sud-coréens, qui se sont déjà positionnés sur l'éolien offshore et ont remporté des contrats. De même, un certain nombre de chantiers européens ont également développé des designs de navires spécialisés. Or, le besoin en termes de moyens navals, qui était très important il y a deux ans, n'est plus totalement avéré. Ainsi, la flotte de navires de pose d'éolienne, qui était d'une quinzaine d'unités en 2010, doit doubler d'ici la fin 2012. Pour autant, chez EDF EN et ses partenaires, on estime que des opportunités demeurent pour Saint-Nazaire. « Il est vrai qu'il y a des navires en construction mais il en faudra d'autres, et des navires plus gros de manière à pouvoir transporter jusqu'à 8 éoliennes complètes. Ca nous intéresse de le faire avec STX, mais il faut bien entendu que cela soit à un coût acceptable ». L'électricien rappelle également qu'en dehors des navires de pose, il faudra également réaliser toute une flotte de bateaux de 18 à 26 mètres, soit 4 à 6 unités par site, pour assurer la maintenance des champs éoliens. Un marché sur lequel ne manqueront pas de se positionner les petits chantiers français. (© : ALSTOM)
EDF EN travaille avec STX France sur un projet de navire de pose d'éoliennes
Par
Vincent Groizeleau
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14/02/2012

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