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C’est un superbe coup pour le constructeur italien, qui continue de diversifier son portefeuille de clients en ayant cette fois convaincu l’armateur américain Norwegian Cruise Line. Dans le cadre du projet Leonardo, ce dernier a conclu avec Fincantieri un accord portant sur la réalisation de quatre paquebots de 300 mètres, 140.000 GT de jauge et 3300 passagers, avec une option pour deux unités supplémentaires. Ces navires doivent être livrés en 2022, 2023, 2024 et 2025, puis 2026 et 2027 pour les cinquième et sixième si leur commande est affermie. Alors que le coût de chaque bateau s’élève à 800 millions d’euros, NCL précise avoir obtenu de l’Italie « un crédit à l'exportation avantageux destiné à financer 80 % du prix de chaque navire livré jusqu'en 2025 ».

Un client jusque là fidèle à Meyer Werft

Principale filiale du groupe américain NCL Holdings, la compagnie, considérée comme l’une des meilleures et des plus innovantes du marché de la croisière, n’avait jamais fait construire de paquebot en Italie. A l’exception du Norwegian Epic (155.800 GT, 4200 passagers), sorti en 2010 de Saint-Nazaire, la flotte de NCL est depuis longtemps l’œuvre des chantiers allemands, essentiellement ceux de Meyer Werf. Ce dernier est d’ailleurs en train de réaliser la série des quatre géants de la classe Breakaway Plus. Après la livraison en 2015 du Norwegian Escape (164.600 GT, 4350 passagers), Papenburg achèvera au printemps prochain le Norwegian Joy (168.800 GT, 3900 passagers) puis, en 2018, le Norwegian Bliss (167.800 GT, 4000 passagers). La dernière unité de cette classe est livrable en 2019. Il s'agit donc d'une belle prise pour Fincantieri, Meyer Werft ayant en contrepartie gagné les derniers paquebots géants de Costa, Carnival Cruise Lines et P&O Cruises, trop gros pour les cales des chantiers italiens. 

A rebours de la course au gigantisme

Plutôt que de se lancer dans la course aux paquebots de 200.000 GT, du moins dans l’immédiat, NCL, qui a recentré son produit sur une offre plutôt premium, a donc choisi de se doter de navire moins gros. Des bateaux que la compagnie annonce comme très innovants, avec de nombreuses nouveautés et des services inédits, qui n’ont pas encore été révélés, pas plus d’ailleurs que le design de ces futurs paquebots. « L'efficacité énergétique est au cœur des priorités de la conception du prototype, pour optimiser sa consommation en carburant et ainsi réduire son impact sur l'environnement », ajoute NCL, qui n’a notamment pas précisé si ses nouvelles unités seraient dotées d’une propulsion fonctionnant au GNL.

Les navires appelés à sortir des cales de Fincantieri vont permettre d’étoffer la flotte de l’armateur, qui exploite aujourd’hui 14 paquebots, mais aussi de la renouveler. En priorité, NCL doit prévoir le remplacement, au début de la prochaine décennie, de trois navires de 1000 cabines, les  Norwegian Spirit (1998, 75.900 GT), Norwegian Sky (1999, 77.100 GT) et Norwegian Sun (2001, 78.300 GT), puis la classe Star (92.250, 1120 cabines), dont les deux premiers exemplaires, les Norwegian Star, Norwegian Dawn, sont entrées en service en 2001 et 2002 (le troisième, le Norwegian Jewel, n’a été livré qu’en 2005).

 

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© FINCANTIERI

Le Seven Seas Explorer, livré en 2016 (© FINCANTIERI)

Des liens déjà établis avec le groupe NCLH

Pour Fincantieri, cette commande est donc exceptionnelle, tant par son ampleur (3.2 milliards d’euros pour les quatre premiers navires) que du fait que le groupe public italien est parvenu à conquérir un nouveau client, et non des moindres. Une réussite qui résulte notamment du fait que Fincantieri a noué de bonnes relations ces dernières années avec Oceania Cruises et Regent Seven Seas Cruises, deux compagnies absorbées en 2014 par NCLH et dont le président, Frank del Rio, a pris la barre de l’ensemble du groupe l’année suivante. Les derniers navires d’Oceania, les Marina et Riviera, sont sortis en 2011 et 2012 des chantiers italiens. Puis, après avoir livré le Seven Seas Explorer en 2016, ces derniers achèveront en 2020 un second navire de luxe du même type pour RSSC.

Dépendance réduite à Carnival

Avec Norwegian Cruise Line, Fincantieri travaille désormais avec l’ensemble du groupe NCLH, numéro trois mondial de l’industrie de la croisière, fort de 24 navires pour une capacité de 46.500 lits. Cela confirme la diminution de la dépendance historique du constructeur à Carnival Corporation, leader du secteur, pour lequel il a réalisé 62 paquebots depuis 1990. Alors que Carnival constituait il y a quelques années encore la quasi-totalité du carnet de commandes de Fincantieri, les différentes marques du géant américain de la croisière (Princess, Costa, Holland America, Seabourn) ne représentent plus, à ce jour, que 11 des 23 paquebots qui verront le jour en Italie d’ici 2025. En plus des quatre premiers NCL, on trouve là des bateaux pour Viking Ocean Cruises, MSC Cruises, Virgin Voyages, RSSC et Silversea. A cela il faut ajouter les petits navires d’expédition réalisés en Roumanie et en Norvège par Vard, filiale de Fincantieri, soit 6 unités pour Ponant et Hapag-Lloyd Cruises, livrables en 2018 et 2019. L’ensemble de ce carnet de commandes représente désormais près de 15 milliards d'euros.

Une pleine charge assurée jusqu'en 2020

On notera enfin que l’accord conclu avec NCL permet à Fincantieri d’étendre jusqu’à 2025 la visibilité de ses sites de production, dont quatre sont spécialisés dans la croisière (Monfalcone, Marghera, Sestri Ponente et Ancône). Cependant, alors que quatre paquebots sortiront encore en 2020 des chantiers italiens pour Virgin Voyages (110.000 GT, 2800 passagers), Costa Asia (135.500 GT, 4200 passagers), Princess Cruises (143.700 GT, 3560 passagers) et RSSC (54.000 GT, 738 passagers), il va falloir rapidement conclure d’autres contrats pour maintenir la charge de travail au-delà. En effet, le carnet de commandes de Fincantieri ne compte qu’une livraison en 2021, en l’occurrence le second des trois navires de Virgin. Le troisième sortira en 2022, de même que le premier NCL, dont les sisterships sont les seuls prévus pour l’heure en 2023, 2024 et 2025.

 

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