Fincantieri livre le dernier paquebot commandé par CCL

L'établissement Fincantieri de Monfalcone, sur la côte adriatique, a livré hier le paquebot Carnival Breeze à la compagnie américaine Carnival Cruise Lines. Un évènement particulier pour le chantier italien, qui fête en ce mois de mai 2012 le 100ème anniversaire de la livraison du transatlantique Kaiser Franz Joseph I, premier liner réalisé à Monfalcone et, en 1912, le plus grand de l'époque. Sistership des Carnival Dream et Carnival Magic, entrés en service en 2009 et 2011, le Carnival Breeze est un navire de 130.000 tonneaux mesurant 306 mètres de long pour 37 mètres de large. Doté de 1845 cabines pour les passagers et 746 cabines pour l'équipage, il peut embarquer un total de 6200 personnes. Le Carnival Breeze (© : FINCANTIERI) Comme ses deux aînés, le Carnival Breeze est une évolution de la précédente classe de paquebots de CCL, les Conquest, qui ont également donné naissance aux navires de la classe Concordia chez Costa Croisières, autre filiale du groupe Carnival Corporation. Par rapport aux Conquest (290 mètres, 113.000 tonneaux, 1500 cabines), les Dream sont plus grands, ont une capacité nettement supérieure et, surtout, ont bénéficié d'importantes améliorations architecturales, facilitant les flux de personnes et autorisant l'intégration de nouveaux espaces. Le Carnival Breeze se distingue, également, par l'adoption du nouveau concept Fun Ship 2.0 de CCL, avec de nouveaux bars, formules de restauration et animations. Devant appareiller le 3 juin de Venise pour sa croisière inaugurale, le Carnival Breeze est positionné tout l'été en Méditerranée, avec des croisières de 12 jours entre Barcelone et Venise (départs en alternance des deux ports). Ensuite, il réalisera une transatlantique d'automne de 15 jours entre Barcelone et Miami, afin de débuter, à partir de 24 novembre, une série de croisières de 6 et 8 jours dans les Caraïbes. Le Carnival Breeze en achèvement cet hiver (© : FINCANTIERI) Regarnir le carnet de commandes Pour l'heure, tous les paquebots commandés par CCL à Fincantieri ont été livrés. Et cela fait bien longtemps que la compagnie américaine, leader du marché, ne dispose pas de nouveau projet déjà sur les rails pour prendre la suite d'une précédente commande. Certes, à l'échelle du groupe, Carnival Corporation compte encore des navires en commande dans les chantiers italiens, comme le futur Costa (132.500 tonneaux, 4928 passagers), dérivé du Breeze et livrable en 2014, ainsi que deux nouvelles unités pour Princess Cruises (141.000 tonneaux, 3600 passagers) livrables en 2013 et 2014. S'y ajoute un navire pour P&O Cruises, directement inspiré du futur Royal Princess et devant entrer en service en 2015. Mais on est loin de l'imposante flotte destinée aux différentes filiales de Carnival Corporation qui garnissait le carnet de commandes de Fincantieri ces dernières années. Difficultés de financement, nécessité de digérer l'énorme hausse de capacités ajoutée sur le marché ces dernières années et, dans une moindre mesure, conséquences de la crise économique sur le pouvoir d'achat de la clientèle... Les compagnies de croisière ont considérablement levé le pied sur les commandes de paquebots, provoquant des creux de charge dans la plupart des chantiers européens. La concurrence entre constructeurs est donc très rude en ce moment, le peu de projets à même de se concrétiser faisant l'objet d'âpres batailles commerciales. Une situation qui profite évidemment aux armateurs, non contents de pouvoir jouer sur cette situation pour obtenir des prix encore plus avantageux. Alors que les chantiers français et finlandais sont en difficulté, et que les Allemands, bien lotis actuellement, doivent aussi engranger des contrats pour assurer l'avenir, Fincantieri, qui compte 8 chantiers, demeure en grande partie suspendu aux décisions de son principal client. En effet, sur les 63 navires de croisières construits par le groupe italien depuis 1990, 55 ont été livrés à Carnival Corporation. Fincantieri convoite donc les futurs projets du géant américain. Il y en aurait plusieurs. Au-delà de CCL, qui devra poursuivre sa croissance, Holland America Line travaille notamment sur une nouvelle série de navires.