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Filiale du groupe iXBlue, le chantier H2X de La Ciotat, né en 2007 suite à la fusion d’H2O et iX-Yard, a vu son activité évoluer significativement. Travaillant au départ sur le secteur de la plaisance, le constructeur, spécialisé dans les matériaux composites, s’est progressivement orienté vers les bateaux professionnels. « Nous avons livré notre dernier bateau de plaisance en 2011. C’était un catamaran de 95 pieds du type Blue Coast tout en composite, qui a d’ailleurs constitué un beau challenge puisque nous l’avons réalisé en 14 mois seulement, études comprises », rappelle Sébastien Grall, président de H2X. « Mais depuis quatre ans, nous ne faisons plus du tout de plaisance, c’est un secteur sur lequel nous ne sommes plus actifs ». Plutôt que ce marché complexe, le chantier provençal a préféré s’orienter vers celui des bateaux professionnels.

 

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© H2X

Le chantier de La Ciotat (© H2X)

 

Après l’André Malraux, un navire hydrographique de 36 mètres livré en 2012 à la Direction de la recherche archéologique subaquatique et sous-marine (DRASSM), H2X a achevé l’an dernier une version agrandie de ce bateau, l’Al Azizi, unité hydro-océanographique de 43 mètres commandée par l’Arabie Saoudite.

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Un nouveau catamaran pour la DGA

Le chantier a également réalisé différents catamarans de transport de passagers et de travail. Après l’Actinaute 2, un bateau de 17.5 mètres de long pour 7.5 mètres de large réceptionné en 2012 par la Direction Générale de l’Armement, H2X vient de livrer le Nahaura, un catamaran de travail multi-missions de 20 mètres de long pour 8 mètres de large commandé par la DGA. Doté d’une grande plateforme de travail pour l’emport de matériel et d’une grue, ce bateau, comme son aîné, sera notamment employé au profit du centre DGA Essais de Missiles du Levant.

 

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© H2X

Le Nahaura (© H2X)

 

Drones de surface

Le Nahaura présente la particularité d’être conduit soit par un équipage, soit en mode drone, avec un pilotage à distance par radio. Une capacité nouvelle de mise en œuvre automatique sur laquelle H2X travaille assidument. « Nous avons notamment des contrats d’ingénierie autour de systèmes complets de drones de surface », confie Sébastien Grall, qui n’en dira pas plus, confidentialité oblige.

 

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© MER ET MARINE - JEAN-LOUIS VENNE

Pilotine toulonnaise (© MER ET MARINE - JEAN-LOUIS VENNE)

 

Les pilotines Vaton

Le chantier a, par ailleurs, remporté de beaux succès avec le modèle de pilotine de 12 mètres développée avec l’architecte Vaton Design. Après la Magaud construite pour les pilotes de Toulon en 2012, l’Océanite a rejoint la Nouvelle-Calédonie l’année suivante et, en 2014, ce fut au tour de la Héva de rallier La Réunion. H2X a également produit sur la base de ce design une vedette multi-missions assurant des missions de surveillance et disposant de capacités hydrographiques. Ce bateau est exploité pour le compte de la DGA par iXSurvey, une autre filiale du groupe iXBlue spécialisée dans les services maritimes, avec un cœur de métier axé sur les missions hydrographiques et de géophysique. 

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Un catamaran pour iXSurvey livrable en 2016

H2X réalise d’ailleurs le nouveau bateau d’iXSurvey. Ce catamaran du type iXCat 85 de 24.9 mètres, qui sera baptisé Felix, doit être livré au printemps 2016. « C’est un bateau très équipé et doté d’un système de positionnement dynamique qui sera un couteau-suisse hydrographique. Il est basé sur un modèle que nous développons depuis plusieurs années et qui vise, sur une plateforme réduite, à répondre aux besoins de l’essentiel des sociétés travaillant dans l’hydrographie. Nous croyons beaucoup dans ce nouveau modèle. D’ailleurs,  en plus du contrat en cours, d’autres clients potentiels se sont montrés intéressés ».

 

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© H2X

Coque d'un Ocean Eagle 43 à La Ciotat (© H2X)

 

Les coques des patrouilleurs Ocean Eagle 43 de CMN

Dans le domaine militaire, on rappellera qu’H2X a réalisé l’an dernier, en sous-traitance de CMN, les coques trimaran des trois patrouilleurs du type Ocean Eagle 43 commandés au chantier cherbourgeois par le Mozambique. Avec ces bateaux en composite de 43.6 mètres de long pour 15 mètres de large, H2X a mené à bien ce qui semble être la plus grosse infusion de coque « one shot » (peau extérieure, âme, peau intérieure) jamais réalisée en résine époxy. « Nous sommes très contents de ce contrat, c’est un beau succès, avec des coques livrées dans les temps et les prix impartis, ainsi que des bateaux très performants à l’arrivée ».  Après convoyage par cargo jusqu’à Cherbourg, les coques ont été armées et testées par CMN, qui assurera début 2016 la formation des équipages avant de livrer les Ocean Eagle 43 au Mozambique.

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© H2X

Sortie d'atelier d'une coque d'Ocean Eagle 43 (© H2X)

 

Les futurs CMM de la Marine nationale

Mais pour H2X, l’évènement du moment est la signature, le 16 décembre, du contrat des nouveaux chalands multi-missions (CMM) de la Marine nationale. Lauréat de l’appel d’offres lancé par la DGA, le chantier de La Ciotat va réaliser six CMM de 24 mètres de long et 8 mètres de large dotés d’une coque en aluminium et de superstructures en composite. Des bateaux qui se distinguent par une propulsion hybride innovante employant des moteurs électriques pouvant être alimentés soit par des diésels-générateurs classiques, soit par batteries. Utilisant la technologie lithium-ion/fer phosphate, ces batteries sont rechargeables en mer, via les générateurs, ou à quai par courant terrestre. « H2X a l’habitude des propulsions électriques, notamment sur le survey, et nous avons pu décrocher ce marché en répondant en groupement avec Alternatives Energies, spécialiste de l’architecture hybride, Bureau Mauric pour les études et Cegelec pour le maintien en condition opérationnelle après livraison », souligne Sébastien Grall.

 

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© BUREAU MAURIC

CMM (© BUREAU MAURIC)

 

Un contrat qui offre de la visibilité

Alors que la tête de série est livrable à partir de mi-2017, les cinq chalands suivants sortiront du chantier de La Ciotat en 2019 et 2020. Et le contrat comprend une option pour deux unités supplémentaires. Pour H2X, plutôt habitué à des contrats courts offrant peu de visibilité, le programme CMM s’inscrit donc dans la durée, ce qui est une très bonne chose pour le chantier. « Ce contrat nous donne trois ans et demi à quatre ans de visibilité. Ce sera pendant cette période le socle de notre chiffre d’affaires, à partir duquel nous allons construire le reste en ajoutant des contrats complémentaires ». Au-delà du travail qu’il procure, ce marché, décroché par H2X en cotraitance avec Cegelec, est aussi très intéressant d’un point de vue technologique. « Nous allons avoir une grosse charge d’études pour le prototype de cette série de bateaux dotés d’une propulsion innovante et vertueuse pour l’environnement. Le recours à cette architecture propulsive, développée par AltEn, nécessite une très forte optimisation du bateau pour qu’il soit efficace sans surcapacité électrique. Les superstructures sont par exemple en composite sandwich, ce qui améliore le devis de poids mais aussi l’isolement et donc les besoins d’énergie pour la climatisation. Le Bureau Mauric a aussi beaucoup travaillé la forme de la carène, qui est vraiment adaptée au profil d’emploi avec une plateforme faite pour les petites vitesses et offrant une grande stabilité ».

 

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© BUREAU MAURIC

CMM (© BUREAU MAURIC)

 

L’innovation, un axe stratégique

Pour le chantier provençal, qui emploie une cinquantaine de salariés auxquels s’ajoutent des intérimaires, l’ « innovation et la haute technologie sont un axe stratégique », explique Sébastien Grall, qui rappelle que les matériaux composites employés aujourd’hui n’ont rien à voir avec ceux apparus dans les années 80/90. « Le composite a énormément évolué, il est désormais extrêmement résistant car on sait faire disparaitre tous ses éléments de fragilité : la porosité, les bulles d’air internes ou les trop grosses quantités de résine. Il offre l’avantage de ne présenter aucune corrosion et, dans bien des domaines, le composite est plus solide que l’aluminium », affirme le patron d’H2X. Et le chantier investit beaucoup pour continuer d’améliorer cette technologie. « Nous avons une équipe d’ingénierie composée de six personnes et déposons des brevets tous les ans. Nos recherches portent sur les structures composites et procédés de construction, par exemple des moules pour l’infusion adaptés au nombre d’exemplaires à produire. L’objectif est de pouvoir réaliser des pièces très vite à des coûts raisonnables. Concernant la problématique de l’interface entre le métal et le composite dans le cadre de l’intégration d’équipements, nous travaillons sur les collages afin de gagner en efficacité et en fiabilité ».

 

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© H2X

Dans le chantier de La Ciotat (© H2X)

 

Synergies avec le groupe iXBlue

Avec un carnet de commandes bien rempli pour les prochaines années, des contrats d’ingénierie en dehors des navires réalisés et une gamme de plus en plus large de bateaux professionnels en service, H2X est donc sur une pente ascendante. « De manière générale, nous avons plus d’opportunités commerciales que jamais. C’est le fruit du travail accompli à La Ciotat et des démarches que nous entreprenons. Le chantier est de plus en plus connu et nous proposons des solutions innovantes avec une approche orientée sur les missions et un coût de possession très avantageux. Et puis nous bénéficions des synergies mises en place avec le groupe iXBlue, y compris au niveau commercial sur l’export lointain, où nous travaillons beaucoup plus ». 

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