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Chargé de réaliser les deux nouveaux paquebots de la compagnie allemande AIDA Cruises, le groupe japonais Mitsubishi Heavy Industries va doter ces navires d'un système de lubrification de la coque par injection d'air, ce qui constitue une première dans l'industrie de la croisière. L'objectif est de faciliter la pénétration de la carène dans l'élément liquide en réduisant les effets de résistance à l'eau. Pour cela, le MALS (Mitsubishi Air Lubrification System) injecte des bulles d'air qui enveloppent la partie inférieure de la coque et remontent à la surface par la poupe, avant d'atteindre les hélices. D'après le constructeur japonais, ce système permettrait de réduire la consommation de carburant d'approximativement 7%, ce qui est énorme quand on sait que les gros paquebots brûlent environ 200 tonnes de carburant par jour. Si le système s'avère efficace, les compagnies pourraient être très intéressées par ce dispositif, qui permettrait de faire des gains significatifs sur les frais de soute, et donc de réduire le coût d'exploitation, mais aussi de disposer de navires plus respectueux de l'environnement puisque, mécaniquement, les rejets polluants sont réduits. MHI, qui souhaite se développer sur le marché de la croisière, pourrait donc disposer rapidement d'un réel avantage concurrentiel par rapport à ses concurrents européens, qui ont eu jusqu'ici le quasi-monopole de la construction des paquebots. En Europe, on notera toutefois que ce système de lubrification par injection d'air est regardé avec attention depuis plusieurs années. On le trouvait notamment dans le concept ne navire vert Eoseas présenté par STX France en 2009. Mais, jusqu'ici, aucun armateur n'avait souhaité prendre le risque d'adopter cette solution innovante. C'est désormais chose faite avec Mitsubishi, qui est parvenu en novembre 2011 à convaincre AIDA, dont la maison-mère n'est autre que le groupe américain Carnival, leader mondial de l'industrie de la croisière. Pour le chantier japonais, l'enjeu est donc colossal puisque de la bonne réalisation des navires et de la satisfaction de son client dépendent sans doute d'autres commandes. Présentant une jauge de 125.000 tonneaux et pouvant accueillir 3250 passagers, les deux paquebots doivent être livrés en 2015 et 2016. Pour les porte-conteneurs et vraquiers On notera qu'en dehors des bateaux de croisière, Mitsubishi a adapté le MALS aux navires de commerce, comme les vraquiers et porte-conteneurs. Le constructeur japonais affirme que le dispositif, conjugué à un nouveau design de coque plus efficient, peut permettre de réduire les émissions de CO2 de 25% par rapport aux navires traditionnels. Ce concept a d'ailleurs été retenu pour trois navires céréaliers commandés par le groupe américain Archer Daniels Midland Company. En dehors des constructions neuves, MHI cherche également à intégrer le MALS à des navires déjà en service, à l'issue de refontes. Un marché potentiellement très intéressant en raison du coût du carburant et de la faiblesse actuelle des taux de fret, liée notamment à une surcapacité de la flotte de commerce. Dans ce contexte, les navires les plus performants et économiques sont une priorité pour les armateurs.

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