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Le navire de recherche archéologique André Malraux a été baptisé hier à la Ciotat, où il a été construit dans les chantiers H2X. L'évènement a eu lieu en présence de sa marraine Florence Malraux, fille du ministre et ancien résistant. Un hommage à celui qui a fondé la Direction de la Recherche archéologique subaquatique et sous-marines, propriétaire du navire, en 1966. Le nouveau bateau va remplacer l'Archéonaute, en service depuis bientôt 43 ans. Initialement, la solution d'une location de bateau avait été envisagée. Mais cette alternative se révélait difficile, très peu de navires étant susceptibles de se prêter aux exigences d'une opération de fouille archéologique sous-marine et les coûts sont élevés (13.000 à 15.000 euros par jour). In fine, il a donc été décidé de réaliser une nouvelle unité. Doté d'une coque en plastique, il mesure 36.3 mètres de long pour 8.85 mètres de large et 3.2 mètres de tirant d'eau. Affichant un déplacement de 275 tonnes en charge, il dispose d'une propulsion diesel-électrique, lui permettant d'opérer à petite vitesse sans encrasser les moteurs. L'allure maximale est, quant à elle, fixée à 13 noeuds. Capable de loger pour plusieurs jours une petite quinzaine de personnes, l'André Malraux pourra embarquer, à la journée, une équipe de 30 personnes, le nombre de plongeurs pouvant être mis en oeuvre étant porté à 20. (© : STEPHANE CAVILLON MCC DRASSM) Un projet, trois ans d'études Côté équipements, le navire dispose d'une grue et d'un portique d'une capacité de 6 tonnes, lui permettant de mettre à l'eau des engins sous-marins. Ces moyens de levage serviront, en outre, à la traction des matériels remorqués (comme des magnétomètres) et à l'embarquement, sur le pont, de conteneurs spécialisés (logistique, traitement des informations, équipements scientifiques, stations hyperbare...) Doté d'un système de positionnement dynamique, l'André Malraux a, par ailleurs, bénéficié d'une attention toute particulière au niveau de la stabilité, afin de pouvoir travailler dans différentes conditions de mer. Des efforts ont également été réalisés afin de diminuer les coûts. La coque en plastique permettra, notamment, de réduire l'entretien, alors que l'équipage a été optimisé. Le bateaux est, en outre, conçu pour être polyvalent et servir de plateforme mutualisée avec d'autres organismes que le DRASSM. Ainsi, différentes équipes pourront travailler, à bord, sur des tâches différentes. « Ce projet a nécessité trois ans d'études. Nous avons confronté toutes les expériences de la maison, avec des gens qui ont travaillé à la mer entre 10 et 30 ans. Nous nous sommes ensuite rapprochés du bureau d'études Mauric, qui a travaillé sur le projet. Ces travaux ont alors été présentés en interne, pour voir ce que les gens pensaient des solutions proposées, puis nous avons demandé d'avis à l'extérieur, notamment auprès de marins des Phares et Balises, d'hydrographes de la marine ou d'officiers de la Marine marchande. Toutes ces expériences et ces réflexions nous ont permis de faire évioluer le projet et d'aboutir à un bateau robuste, polyvalent et aux coûts réduits », explique-t-on au DRASSM. (© : CHRISTINE LIMA MCC DRASSM) Equipage et coût de fonctionnement La construction d'une unité de conception moderne doit permettre de limiter son équipage à trois personnes. Le choix d'un déplacement léger, grâce à l'emploi de matériau composite, permettra de rester dans la norme des bateaux de moins de 500 tonneaux (UMS) et donc de réduire les contraintes en matière de qualification de l'équipage. Pour bénéficier du dispositif de la loi de 1942 autorisant les navires armés par des personnels de l'Etat à naviguer dans le cadre d'un permis de circulation (statut nettement moins contraignant et moins coûteux pour l'Etat que celui accordé aux marins de la pêche et du commerce), un équipage de fonctionnaires devrait être privilégié, avec un équipage constitué par des personnels du DRASSM. Celui-ci pourra être ponctuellement épaulé par des marins venus d'autres administrations ou établissements publics de l'Etat. Hors coût d'acquisition (de l'ordre de 6 millions d'euros), la charge financière liée au fonctionnement du nouveau bateau peut être estimée entre 300 et 350.000 euros chaque année, pour un navire maintenu en capacité opérationnelle entre 9 et 11 mois par an, soit 270 à 320 jours de campagne offshore. (© : DENIS METZGER MCC DRASSM) Les missions du navire L'Etat a confié au Ministère de la Culture, par le biais du DRASSM, le soin de gérer administrativement et scientifiquement l'ensemble des biens culturels maritimes de toutes les eaux territoriales françaises (métropole et outre-mer). Le nouveau bâtiment sera donc prioritairement affecté à la réalisation de la carte archéologique sous-marine nationale, aux expertises des épaves de grand fond ou à l'étude des sites les plus menacés. Il servira aussi au soutien logistique des expertises, sondages et fouilles programmées situés dans des contextes maritimes requérant sa présence et fléchées comme prioritaires par le Ministère de la Culture et les institutions représentatives de la communauté scientifique, comme le CNRA et le CIRA. L'André Malraux, grâce à sa conception, pourra aussi bien travailler sur la bande côtière que sur des zones situées au large. Du bord de la plage aux limites de la Zone Economique Exclusive (ZEE), il pourra mener de « simples » campagnes de prospection, comme des fouilles exhaustives et méthodiques par petits et grands fonds.

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