Angi Le Floch, qui a créé la société Luxury Sea il y a cinq ans, participait à ce genre de salon pour la première fois. Et pour un coup d'essai, c'est un coup de maître ! D'autant que le bateau présenté à Nantes, commandé par un particulier du secteur de Quimperlé il y a quelques mois, est en réalité le premier exemplaire que le chantier naval ait pour l'instant fabriqué en totalité. Il y a trois ans, il avait entrepris de construire le prototype d'un autre type de bateau, mais faute de commercialisation, le projet n'était pas arrivé à bonne fin. Cette fois, le succès est au rendez-vous, et le prix décerné à Nantes devrait en toute logique donner à la société un coup de pouce décisif.
Deux priorités
Angi Le Floch a conçu sur le papier six types de bateaux à moteur : ceux qui sont destinés à la pêche-plaisance font de 5,80 mètres à 15 mètres ; et pour la pêche professionnelle, ils vont de 15 à 30 mètres. Le Luxury Mig 580 qui a été mis à l'honneur à Nantes fait 5,80 mètres. Deux priorités pour son concepteur : la légèreté, qui permet d'économiser du carburant, et la souplesse de navigation. C'est pourquoi la coque est en aluminium et que le système de propulsion est l'hydrojet, c'est-à-dire qu'il est « à réaction » : l'eau est pompée sous le bateau puis expulsée à haute vitesse derrière l'embarcation, grace à une pompe à hélice carénée tournant à l'intérieur d'un conduit. Les scooters des mers utilisent aussi cette technique. Coque légère, moteur deux fois moins lourd que celui d'un hors-bord : avec 150 chevaux, le Luxury atteint les 40 noeuds, et le temps de déjaugeage est divisé par trois. D'autres innovations ont été apportées: par exemple une caméra de vision sous-marine pour surveiller en direct l'action de pêche. Le Luxury est arrivé en retard à Nantes ; mais quand les six juges, qui avaient déjà jeté leur dévolu sur un autre concurrent, l'ont découvert, ils ont été tout de suite conquis par le souci de l'innovation qui a conduit à la création de ce bateau atypique. Cet exemplaire a donc déjà été vendu (pour 60.000 € TTC), mais une telle récompense devrait permettre d'enregistrer rapidement d'autres commandes.
Dans les murs de la chaudronnerie
Le chantier naval est hébergé à La Villeneuve Braouic dans les murs de la chaudronnerie Le Floch, créée par le grand-père d'Angi dans les années 60. Cette entreprise avait d'ailleurs accueilli dans le passé la fabrication de voiliers : des particuliers louaient une partie de l'espace pour construire eux-mêmes leur embarcation. Ainsi, il y a bien longtemps, un voilier de 20 mètres, destiné notamment à la Route du Rhum, était né ici. Titulaire d'un bac pro Structures Métalliques et d'un master de management, mais aussi passionné de voile, Angi Le Floch baignait dans un environnement on ne peut plus favorable pour créer un jour un chantier naval sur le site, d'autant qu'il pouvait confier en sous-traitance, aux salariés mêmes de la chaudronnerie, la fabrication et l'assemblage des coques en alu. Le prix décerné à Nantes transforme son rêve professionnel en réalité prometteuse.
Un article de la rédaction du Télégramme