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Mercredi 23 août avait lieu au chantier Fincantieri de Monfalcone la cérémonie de mise à flot du MSC Seaview, que l’on verra chaque semaine à Marseille dès sa mise en service en juin 2018.

Au même moment, son aîné, le MSC Seaside, premier de cette nouvelle série de paquebots destinés à l’armateur italo-suisse MSC Cruises, continuait à marche forcée sa période d’armement après sa mise à l’eau en novembre dernier (voir notre reportage à bord du Seaside). Livrable en novembre prochain, Il a débuté trois jours plus tard ses premiers essais en mer. Pour cela, Fincantieri attend traditionnellement que sa grande forme de construction soit vide car, en cas de problème durant les essais, le chantier italien peut alors remettre le bateau au sec. Une précaution notamment utile pour un prototype, comme c’est le cas ici. Le Seaview étant maintenant déplacé, le Seaside a donc pu appareiller samedi 26 août. 

 

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© MER ET MARINE - MATTHIAS ESPERANDIEU

Le MSC Seaview peu avant sa mise à l'eau (© MER ET MARINE - MATTHIAS ESPERANDIEU)

 

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© MER ET MARINE - MATTHIAS ESPERANDIEU

Le lâcher de la bouteille, un moment bref qui monopolise l'attention de tous. (© MER ET MARINE - MATTHIAS ESPERANDIEU)

 

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© MER ET MARINE - MATTHIAS ESPERANDIEU

La cale se remplissant d'eau (© MER ET MARINE - MATTHIAS ESPERANDIEU)

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© MER ET MARINE - MATTHIAS ESPERANDIEU

Le MSC Seaview et ses imposants ponts suspendus au dessus du vide, lors de sa mise à l'eau (© MER ET MARINE - MATTHIAS ESPERANDIEU)

 

La particularité de cette nouvelle classe, basée sur un concept original développé par les ingénieurs de Fincantieri, tient en plusieurs points.

D’abord, on peut noter la présence d’une propulsion recentrée au centre de la coque afin d’améliorer la gestion du centre de gravité du bateau, réduire les efforts de structure et la consommation. Mais, paradoxalement, et à l’inverse des unités de la classe Meraviglia produits à Saint-Nazaire, les Seaside ne sont pas équipés de pods mais de lignes d’arbres traditionnelles, avec six pales pour chaque hélice. Un choix étonnant dont on ne connait pas réellement les raisons techniques l’ayant dicté. Le directeur du chantier de Monfalcone lui-même ventait mercredi dernier la propulsion par pod, sa préférée, car apportant plus de maniabilité et facilitant la maintenance.

 

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© MSC CRUISES

Sur cette vue on peut aisément observer le placement central des cheminées. (© MSC CRUISES)

 

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© MER ET MARINE - MATTHIAS ESPERANDIEU

Propulsion classique par lignes d'arbres (© MER ET MARINE - MATTHIAS ESPERANDIEU)

 

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© MER ET MARINE - MATTHIAS ESPERANDIEU

Du fait de l'absence de pods, on retrouve de nombreux propulseurs transversaux sur la classe Seaside. On peut discerner les trois propulseurs situés à la poupe sur cette photo du Seaview. Quatre autres se trouvent à la proue (© MER ET MARINE - MATTHIAS ESPERANDIEU)

 

Ensuite, les Seaside ont été spécialement imaginés pour naviguer dans les mers chaudes et ensoleillées. A cet effet, ils se distinguent par une architecture supérieure des plus innovantes. À l’exact opposé des paquebots de la classe Oasis of the Seas, dotés d’imposantes allées centrales à ciel ouvert, les superstructures des futurs navires de MSC sont sur le tiers arrière particulièrement concentrées, permettant d’intégrer des ponts extérieurs exceptionnellement larges. Les vacanciers pourront dès lors bien mieux profiter des espaces extérieurs, tout en bénéficiant d’une appréciable proximité avec la mer.

 

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© MSC CRUISES

Cette image de synthèse permet d'apprécier les élégantes lignes de cette classe de navires et notamment, leurs imposants ponts-promenades extérieurs (© MSC)

 

Longs de 323 mètres pour une largeur de 41 mètres et une jauge supérieure à 154.000 GT, les Seaside pourront accueillir jusqu’à 5179 passagers, servis par 1413 membres d’équipage. Ils compteront 2066 cabines et suites, dont 76% avec vue sur la mer (72% avec balcon privatif). Certaines cabines disposeront même de leur propre terrasse privative aménagée comme un petit jardin. Un effort de confort et « d’exclusivité » que l’on retrouve aussi pour le « Yacht Club », complexe privatif haut de gamme de MSC Cruises. En plus de disposer de suites de luxe, le Yatch Club des Seaside proposera un solarium avec piscine, un lounge et son propre restaurant avec cuisine gastronomique. La vue panoramique y sera exceptionnelle puisque ces espaces se situent au-dessus de la timonerie. Les invités auront donc une vue aussi belle, si ce n’est plus, que celle du capitaine.

Afin de tenir compte des nouvelles habitudes de la société, on notera que la compagnie fera également sur les Seaside, comme c’est aussi le cas avec les Meraviglia, un effort sensible en matière de connectivité. Alors que les jeunes sont de plus en plus nombreux à partir en croisière, les autres générations, y compris les seniors, ont en effet un nombre croissant d'adèptes des nouvelles technologies de communication. Pour apporter un service performant à ses clients, MSC développe par conséquent des navires connectés, avec par exemple toute une série de services accessibles via smartphone.

 

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© MSC CRUISES

(© MSC)

 

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© MSC CRUISES

(© MSC)

 

Pour mémoire, la classe Seaside compte pour l’heure deux navires en commande ferme, ainsi qu’une option pour une troisième unité, livrable en 2021. Celle-ci n’a toujours pas été confirmée mais on voit mal ce qui pourrait empêcher sa construction, compte tenu de la politique de développement impressionnante de MSC Cruises. « La mise à flot du MSC Seaview est une nouvelle étape significative de la croissance de notre flotte. Ce navire fait partie d’un plan d’investissement sur 10 ans qui aura déjà livré six nouveaux navires d’ici 2020 », rappelle Pierfrancesco Vago, président de la compagnie. Un plan qui prévoit en tout, de 2016 à 2026, la mise en service de 11 paquebots, permettant à MSC de voir sa capacité passer de 1.8 million à 4.8 millions de passagers.  

On confirme d’ailleurs au sein la compagnie italo-suisse son objectif de devenir une major mondiale de l’industrie de la croisière. Déjà leader sur le marché européen, la société aime rappeler qu’elle appartient à un groupe familial et peut donc conduire son ambitieuse politique de développement avec une dépendance bien moindre aux sautes d’humeur de la bourse. En misant sur une politique « globale », elle souhaite se positionner sur toutes les mers du globe. La classe Seaside en est l’illustration parfaite puisque le navire éponyme sera basé en Floride tandis que son jumeau, le Seaview, fera sa saison d’été inaugurale en Méditerranée, avec une vingtaine de croisières entre Marseille, Gênes, Naples, Messine, La Valette et Barcelone, avant d’être repositionné en novembre 2018 au Brésil.

Quant à Fincantieri, l’aboutissement de ce projet est de première importance, avec évidemment la mise en service prochaine d’un nouveau concept, sur lequel le constructeur italien compte capitaliser et qu’il a d’ailleurs déjà vendu à un autre armateur, l’Américain NCL (projet Leonardo). « MSC Seaview est un challenge que Fincantieri est fier de relever avec succès. Ce navire est spectaculaire. Le second d’une nouvelle génération qui permet de mettre en œuvre le meilleur de notre savoir-faire », affirme Giuseppe Bono, directeur général de Fincantieri, qui rappelle qu’en plus du défi que représente un prototype, la cadence de production des deux premières unités est très soutenue, moins de 9 mois les séparant.  Cela, sans compter d'autres types de navires en cours de construction dans les chantiers italiens. 

 

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© MSC CRUISES

Le Seaside et le Seaview ne sont pas encore livrés que des blocs pour un nouveau navire s'amoncèlent sur le site de Monfalcone (© MER ET MARINE - MATTHIAS ESPERANDIEU)

 

Avec les Seaside, c’est aussi la première fois que MSC fait construire des navires de l’autre côté des Alpes. Un très joli coup pour Fincantieri, parvenu à glaner cette commande du fait notamment de la saturation des chantiers nazairiens, qui ont jusqu’ici réalisé tous les paquebots de la compagnie.

Fincantieri fait clairement tout pour cajoler ce nouveau client, insistant par exemple sur les racines méditerranéennes que partagent les deux groupes et la réussite de ce premier projet commun. Avec aussi, en filigrane, l’évidente volonté de séduire un armateur dont on sait la très forte implication dans le dossier du rachat de STX France. Or, ces derniers mois, MSC a tout fait pour contrecarrer une prise de contrôle des chantiers de Saint-Nazaire par les Italiens.

 

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© MSC CRUISES

(© MSC)

 

Mercredi dernier, pendant la cérémonie de mise à l’eau du MSC Seaview, le sujet n’a pas été abordé. Il faut dire que l’évènement s’est déroulé en l’absence des grands patrons de la compagnie et du constructeur. Cette séquence était d’abord tournée vers le personnel du chantier et les équipes de l’armateur. Le prochain grand rendez-vous sera maintenant la livraison du MSC Seaside, prévue fin novembre et qui permettra de découvrir achevée cette nouvelle génération de paquebots au design si original.

Reportage réalisé à Monfalcone par Matthias Espérandieu

 

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