Les chantiers STX France de Saint-Nazaire ont reçu, la semaine dernière, une délégation de leur maison-mère, le groupe STX Offshore & Shipbuilding, et de ses banques. Une quinzaine de Sud-coréens venus mener une sorte d’inspection générale de l’entreprise. Moyens industriels, effectifs, carnet de commandes, finances… Le chantier a été examiné à la loupe. Cette visite s’inscrit dans le cadre de la valorisation des actifs de STX, en pleine restructuration. Au bord du naufrage, le groupe sud-coréen a été sauvé à la fin de l’été par les banques nationales, qui ont épongé une partie de sa dette en transformant ses créances en prises de participations. Désormais aux commandes du quatrième constructeur mondial, le pool bancaire emmené par KDB, la banque d’investissement sud-coréenne, passe depuis plusieurs mois l’ensemble du groupe au crible afin de redresser sa situation financière. Dans cette perspective, des ventes d’actifs ont été logiquement actées.
Peser le pour et le contre
La cession des chantiers européens du groupe, en France et en Finlande, a été évoquée au cours de l’été, sans pour autant qu’une décision soit prise à ce sujet. Les Coréens doivent en effet peser le pour et le contre. Alors que STX Finland est dans une situation très délicate et que son avenir demeure incertain, STX France sort d’une période difficile et dispose à priori de bonnes perspectives de développement. Reste que les repreneurs éventuels ne sont pas légion et que, dans les conditions actuelles, une vente des sites européens se ferait presqu’immanquablement à très bas prix. Mieux vaudrait donc attendre afin de valoriser ces actifs à un coût plus élevé. Dans le même temps, si les financiers sont aujourd’hui à la tête de STX, il n’est pas interdit de penser qu’ils peuvent également avoir une vision à moyen ou long terme pour l’avenir du groupe. Alors que la concurrence est extrêmement féroce entre chantiers asiatiques, les Chinois exerçant une pression énorme sur les Sud-coréens, STX dispose en Europe de sites capables de réaliser des navires très complexes et innovants, ce qui constitue un atout indéniable. A ce titre, la délégation venue la semaine dernière à Saint-Nazaire a sans doute pu découvrir et mesurer, sur place, l’intérêt stratégique que pouvait constituer le chantier français. De là, ils estimeront peut être qu’il est plus judicieux de ne pas le vendre.
Aucune incidence sur le chantier
En attendant une éventuelle décision, la vie continue chez STX France, où ces problématiques d’actionnariat n’ont heureusement aucun impact sur l’activité ni la pérennité du site. L’entreprise demeure en effet détenue à 33.34% par l’Etat français, qui s’est finalement imposé ces dernières années comme l’actionnaire de référence et qui dispose d’un droit de veto sur toutes les décisions stratégiques. Le chantier français a, par ailleurs, su développer une ingénierie financière indépendante de sa maison-mère, ce qui lui confère une réelle autonomie. Les déboires du groupe STX comme ses atermoiements concernant sa restructuration n’ont donc pas d’incidence sur la confiance des clients du chantier, comme la capacité de celui-ci à financer des projets ou mener à bien son plan d’investissement.
Pas d'offre de reprise formulée pour Lorient
Concernant le site de Lanester, près de Lorient, des rumeurs de vente sont également apparues ces derniers mois. Il n’est évidemment pas idiot d’imaginer que DCNS et Piriou, notamment dans le cadre de leur société commune, Kership, puissent envisager une reprise de cette filiale de STX France. Mais on en est encore très loin, puisque de sources concordantes, aucune offre n’a été faite à ce jour.