Bien qu’aucun repreneur potentiel ne se soit encore montré à Saint-Nazaire, le processus de vente des parts de STX Offshore & Shipbuilding dans le chantier français est toujours actif. Pour preuve, une équipe d’auditeurs et de consultants mandatés par le groupe sud-coréen et son actionnaire principal, la banque d’investissement KDB, sont venus très récemment à Saint-Nazaire. Et la visite d’une nouvelle équipe est attendue à priori la semaine prochaine. Objectif : remettre à jour le dossier de vente de STX France, dont le carnet de commandes a évolué très favorablement depuis l’élaboration des documents l’an dernier.
Un carnet de commandes appétissant
KDB et STX Offshore & Shipbuilding, qui ont mandaté le Crédit Suisse et de Deloitte pour gérer l’opération de cession, sont donc toujours à la recherche d’un repreneur. Ce qui ne signifie pas qu’ils vont en trouver un et, si tel est le cas, que le prix proposé sera accepté. Car, même si STX a accepté dit-on de céder pour une bouchée de pain le chantier de Turku au constructeur allemand Meyer Werft et à l’Etat finlandais, rien ne dit qu’il en sera de même avec Saint-Nazaire. Surtout que ce dernier dispose d’un bien meilleur carnet de commandes que celui de son homologue finlandais au moment de sa vente l’été dernier. STX France aligne en effet quatre paquebots en contrats fermes pour 3.5 milliards d’euros et quatre autres navires en option pour 2.7 milliards supplémentaires. Le plan de charge est garanti jusqu’en 2019, voire 2021 ou 2022 avec les options et d’autres contrats attendus d’ici là. Les Coréens misent donc sur cette embellie pour faciliter une vente avantageuse.

Le BPC russe Sevastopol (© MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)
Le dossier des BPC russes
Seule ombre au tableau, l’affaire des BPC russes, dont la livraison est toujours bloquée par l’Elysée. Achevé, le Vladivostok est en attente dans le bassin de Penhoët. Quant à son sistership, le Sevastopol, son achèvement se poursuit normalement, 200 personnes travaillant actuellement à bord. Ssa livraison est contractuellement prévue en octobre 2015. Au-delà des coûts générés par l’immobilisation du premier BPC (frais de gardiennage et d’entretien, location du quai…), que le chantier compte bien se faire rembourser par qui de droit, cette situation est surtout problématique pour la clôture des comptes 2014 de STX France. Avec selon que la livraison intervient ou non, des conséquences sur les résultats et, mécaniquement, de possibles effets, par exemple sur les taux d’emprunts accordés par les banques. Cela dit, quelque soit l’issue du dossier, elle ne présente aux dires de la direction aucun risque financier majeur. Les Russes ont en effet déjà payé 80% du montant des deux bâtiments, soit près de 500 millions d’euros sur une note globale de 600 millions pour STX France (le coût total du programme, porté par DCNS, est estimé à 1.2 milliard d’euros). Il manque donc à Saint-Nazaire 20% de la facture totale et les Russes ont menacé la France d’exiger le remboursement des sommes versées si les bâtiments n’étaient pas livrés. S’appuyant sur certaines clauses du contrat, DCNS (dont STX est un sous-traitant) peut encore jouer la montre quelques mois en attendant que François Hollande prenne une décision. De celle-ci dépendra la suite financière de ce dossier, sachant que de toute façon la commande est couverte par la Coface, c'est-à-dire par l’Etat, à hauteur de 95%.
Le fantôme italien
Pour en revenir au projet de cession, il faudra aussi compter avec le gouvernement français, l’Etat étant propriétaire de 33.34% de l’entreprise, aux côtés de STX qui en détient 66.64%. La seule piste de reprise évoquée pour le moment de manière officielle a été celle de l’Italie. En décembre, Michel Sapin, ministre de l’Economie, avait indiqué lors d’un déplacement à Rome qu’il y avait « un intérêt de la partie italienne pour STX ». Mais Fincantieri, non cité mais seul candidat transalpin plausible, n’a jamais confirmé qu’il étudiait la question. Et, comme on l’a vu, aucun Italien ne s’est encore montré à Saint-Nazaire.