Les futurs paquebots de la compagnie allemande AIDA Cruises, en cours de construction au Japon, ne seront finalement pas dotés d’une propulsion au gaz naturel liquéfié. C’est ce que l’on a appris auprès de l’armateur. Celui-ci n’a pas souhaité recourir à cette technologie, qui se développe dans le domaine des ferries, pour plusieurs raisons. D’abord, des problématiques d’avitaillement, un paquebot n’étant pas exploité sur une ligne fixe mais sur des itinéraires souvent très variables d’une année à l’autre. Ensuite, pour des soucis de règlementation, sans oublier les problèmes liés à l’intégration de cuves de stockage de GNL à bord et, bien entendu, le risque qu’une partie de la clientèle rechigne à embarquer sur une « bombonne flottante ». En dehors de l’aspect lié à l’avitaillement, qui est un vrai problème tant que la plupart des ports ne seront pas équipés de systèmes de distribution de gaz, les autres verrous semblent moins rédhibitoires. La législation est, en effet, en train d’évoluer, au fil de la montée en puissance des propulsions au GNL, qui offrent l’une des meilleures alternatives au carburant classique dans une perspective de renforcement de la règlementation sur les émissions polluantes. Concernant l’intégration des capacités de stockage, de nouveaux systèmes voient dans le même temps le jour, permettant d’intégrer les cuves dans les cales des navires et non à l’extérieur. Enfin, nul doute qu’au fil des années, le public, notamment grâce au développement de ce mode de propulsion sur les ferries, sera moins craintif à l’idée d’embarquer sur un navire au gaz.

Le paquebot AIDAprima (© : AIDA Cruises)
Alimentation électrique via une station GNL à Hambourg
Reste que cela va prendre du temps et qu’il était donc encore prématuré, pour un armateur à la croisière, de se lancer dans l’aventure. AIDA Cruises va, néanmoins, faire un premier pas dans le GNL puisqu’elle a décidé de recourir à un système de distribution portuaire d’électricité fonctionnant au gaz. Il s’agit d’un navire, en cours de construction, qui utilisera du GNL pour produire de l'électricité et alimenter le paquebot à quai, permettant ainsi d’éviter de faire tourner les moteurs diesels dans le port. Cette technique, qui n’est autre que celle du Cold Ironing (alimentation électrique depuis le quai), offre l’avantage d’éviter les émissions polluantes. Basé à l’année à Hambourg, le nouvel AIDAprima, qui sera livré par les chantiers japonais Mitsubishi Heavy Industries en mars 2015 et rejoindra le port allemand trois mois plus tard, sera le premier à utiliser ce système. Concernant les restrictions sur les émissions polluantes entrant en vigueur en 2015 en Europe du nord (annexe VI de la convention Marpol), l'AIDAprima, comme l'ensemble des paquebots du groupe Costa Crociere, sera doté de scrubbers (filtres à particules).
Long de 300 mètres pour une largeur de 37.6 mètres et un tirant d'eau de 8.1 mètres, le nouveau paquebot présentera une jauge de 124.500 GT et pourra embarquer 3250 passagers. Il sera suivi d’un sistership, livrable au printemps 2016.