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L’image est impressionnante. Hier, les jambes du nouveau portique de Meyer Turku ont rejoint sur une barge le chantier finlandais, qui achève la construction de l’imposante poutre de ce nouvel outil de levage. Commandé à Konecranes pour un montant de 35 millions d’euros, il entrera en service en 2018. Il affichera une capacité de 1200 tonnes, alors que l’actuel portique ne peut soulever des charges supérieures à 600 tonnes. Meyer Turku pourra, ainsi, réduire le nombre de blocs constituant la coque des navires qu’il construit, ce qui permettra de diminuer les délais d’assemblage.

 

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© MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU

Bloc de paquebot et l'actuel portique de Turku (© MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU) 

 

C’est en novembre que le nouvel engin devrait s’élever au-dessus du chantier, une opération délicate du fait notamment des énormes contraintes que les moyens chargés de hisser la poutre et mettre en place les pieds vont faire peser sur les bords de la forme. « L’acquisition de ce nouveau portique fait partie d’un plan d’investissement de 185 millions d’euros que nous menons à Turku afin d’accroître la qualité et l’efficience du chantier, donc sa compétitivité. Il va aussi nous permettre de répondre à la demande de nos clients pour de très grands navires, comme le Costa Smeralda, de 183.900 GT de jauge, dont nous venons de lancer la construction », explique Jan Meyer, rencontré la semaine dernière à Turku.

En plus de la concurrence traditionnelle avec les autres constructeurs européens, le directeur général du chantier souligne que les investissements menés ici visent également à se maintenir dans la course face à l’émergence de nouveaux acteurs, en particulier asiatiques. « L’Asie travaille intensément pour développer sa construction navale et le gouvernement chinois investit des centaines de millions de dollars pour supporter les efforts de ses chantiers ». Alors que les premiers paquebots « made in China » doivent être achevés à Shanghai au début de la prochaine décennie, Jan Meyer prend ces nouveaux entrants très au sérieux : « Nous allons avoir de nouveaux concurrents, c’est un fait et il faut s’y préparer ». A défaut de pouvoir rivaliser avec la Chine sur le coût de la main d’œuvre, la famille Meyer, qui a repris Turku en 2014 afin de compléter les capacités de son site historique de Papenburg, en Allemagne, mise sur une efficacité accrue et son avance technologique : « L’émergence de nouveaux concurrents nous pousse à investir dans la modernisation de notre outil industriel et les nouvelles technologies afin de conserver une longueur d’avance », explique Jan Meyer, qui dit voir dans cette compétition accrue « non pas une menace, mais des opportunités ».

 

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© MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU

Jan Meyer, directeur général de Meyer Turku (© MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU) 

 

Turku investit donc dans ses moyens de levage, mais aussi la modernisation de ses unités de production métallique, reconstruit à Piikkiö son usine de fabrication de cabines, se dote de nouveaux outils informatiques, y compris en matière de simulation et mène en collaboration avec l’Allemagne différents programmes de R&D. Le groupe, qui a notamment pris le lead sur les ferries et paquebots dotés d’une propulsion au GNL, devrait également être pionnier sur l’installation de piles à combustible sur de grands navires à passagers.

 

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Atelier de découpe de tôles à Turku (© MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU) 

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La nouvelle usine de production de cabines de Piikkiö (© MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU) 

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