Le second navire de croisière fluviale construit à Saint-Nazaire pour le compte de l’armateur alsacien CroisiEurope est prêt à partir pour l’Allemagne afin d’être exploité sur le fleuve dont il porte le nom. Initialement, l’Elbe Princesse devait quitter l’estuaire de la Loire hier, sur le pont d’un cargo. Mais le navire chargé de le convoyer jusqu’à Hambourg est bloqué à Vigo, en Espagne, en raison de la tempête sévissant sur le golfe de Gascogne. Une fenêtre météo favorable est attendue au cours de la seconde moitié de la semaine, permettant si tout va bien de charger l’Elbe Princesse et de débuter son convoyage. Le transit vers Hambourg prendra cinq jours. L’aménagement des espaces intérieurs du nouveau bateau de CroisiEurope sera achevé en Allemagne, où le mobilier sera notamment mis en place. Via l’Elbe et l’Havel, il rejoindra Berlin où son baptême est prévu le 14 avril et sa première croisière commerciale cinq jours plus tard. Le navire sera exploité sur des voyages de 9 jours entre la capitale allemande et Prague, en République Tchèque.
Un navire de 95 mètres et 80 passagers
Long de 95.37 mètres pour une largeur de 10.5 mètres, avec un tirant d’eau de 90 centimètres (1.3 mètres ballasté) et un tirant d’air maximum de 7 mètres, l’Elbe Princesse peut accueillir 80 passagers dans 40 cabines de 15 m², offrant toutes une vue extérieure. Le navire compte un restaurant de 110 m² ainsi qu’un salon panoramique de 145 m² donnant sur le pont terrasse.

Le Loire Princesse et l'Elbe Princesse (© BERNARD BIGER)
Comme le Loire Princesse (90 mètres, 96 passagers), mis en service en avril 2015, il est équipé de roues à aubes alimentées par deux moteurs hydrauliques de 300 kW mais, contrairement à son aîné qui navigue sur un fleuve sans écluse, elles sont situées à l’arrière et non sur les côtés. En plus, le navire est doté de deux propulseurs de type pump-jet lui assurant une bonne manoeuvrabilité à faible vitesse.

Pose des roues à aube sur l'Elbe Princesse (© BERNARD BIGER)
Grâce à ses roues, son tirant d’eau et son tirant d’air très faibles, le bateau doit pouvoir évoluer toute l’année sur l’Elbe et la Moldau, ce qui n’était pas possible jusqu’ici pour des bateaux de cette taille disposant d’une propulsion classique. On notera également que l’Elbe Princesse est équipé d’un système de ballastage pour passer le pont et l'écluse d'Horni, en aval de Prague, qui constituent des points de navigation assez délicats.
14 entreprises et 60 emplois
Après le Loire Princesse, l’Elbe Princesse est le second navire dont la réalisation est confiée par CroisiEurope à des entreprises du groupement Neopolia, dont 14 adhérents sont impliqués dans le projet. Le bureau d’architecture nantais Stirling Design International s’est chargé des études, Mecasoud de la fabrication de la coque et des superstructures (en aluminium), MYG Design, CMR et Mapac Panel de l’agencement des cabines et locaux publics, Shipelec et Technosolutions de l’électricité, Polyecim des blocs sanitaires, Engie Axima de la partie climatisation/ventilation et Gestal les réseaux (eau froide, eau chaude, hydraulique). Quant aux roues à aube, développées par SDI avec le soutien d’Arco Marine (études industrielles), Ship ST (études de structures) et Hydrocean (études des performances hydrodynamiques), elles ont été réalisées par la société Acco de Châteaubriant.
La construction de l’Elbe Princesse, qui aura duré 11 mois, a représenté 60 emplois (équivalent temps plein).

(© BERNARD BIGER)
Nouvelle organisation industrielle
Tirant profit de leur première expérience sur le Loire Princesse, dont les éléments avaient été assemblés dans la grande forme de construction de STX France, l’organisation industrielle du projet a évolué avec l'Elbe Princesse. La coque a été réalisée en deux blocs par l’atelier de Mecasoud situé sur le quai des Charbonniers, au bord du bassin de Penhoët. Ils ont été mis à l’eau au moyen de la bigue de 400 tonnes puis, une fois les superstructures posées et l’ensemble provisoirement soudé, le bateau a été transféré dans la forme 1, habituellement utilisée pour des arrêts techniques de navires et qui s’est donc trouvée une nouvelle vocation dans le domaine de la construction neuve.

Remise à l'eau au mois de novembre (© BERNARD BIGER)
Une péniche Freycinet et un nouveau navire de 110 mètres
Alors que Mecasoud a également réalisé pour CroisiEurope la coque d’une péniche de gabarit Freycinet (39 mètres de long pour 5 mètres de large) qui quittera Saint-Nazaire avec l’Elbe Princesse, la compagnie alsacienne a décidé de confier aux entreprises de Neopolia la réalisation d’un troisième navire. Plus grand, ce nouveau bateau de 110 mètres et 80 centimètres de tirant d’eau sera doté de 58 cabines, un restaurant de 200 m², un bar panoramique de 250 m² et une piscine sur le pont supérieur. Livrable début 2018, il naviguera sur un fleuve européen, dont on ne connait pas encore le nom. Et CroisiEurope a d’autres projets en réflexion, que les entreprises ligériennes espèrent bien décrocher afin de maintenir et développer cette nouvelle filière industrielle.

Essais dans l'estuaire le 4 février (© BERNARD BIGER)
La roue à aube intéresse d’autres armateurs
Une compétence supplémentaire de la navale nazairienne qui pourrait aussi trouver des débouchés à l’export. La réintroduction avec le Loire Princesse, l’Elbe Princesse et le navire prévu en 2018 de la propulsion par roues à aube, qui s’accompagne d’une coque plate et donc d’une réduction du tirant d’eau, semble en effet intéresser d’autres armateurs. L’été dernier a, en effet, été marqué par des niveaux très bas des grands fleuves européens, posant des problèmes d’exploitation à de nombreux navires de croisière dotés d’une propulsion classique. Certaines compagnies regardent donc avec attention les débuts des nouveaux bateaux de CroisiEurope pour, éventuellement, adopter à l’avenir la technologie des roues à aubes.

Essais dans l'estuaire le 4 février (© BERNARD BIGER)