Créée en 2013, l'entreprise Navale Industrie Lorientaise (NIL), spécialisée dans la construction, l'entretien et la réparation des bateaux, est à l'étroit dans son hangar, implanté sur l'aire de réparation navale de Keroman, à Lorient. Depuis deux ans, Erwan Bertic jongle en effet avec un carnet de commandes bien rempli. Seul au départ, le jeune patron a dû embaucher pour répondre à la demande. Désormais à la tête d'une équipe de neuf salariés, il vise l'acquisition prochaine d'un second atelier. Et envisage de recruter de nouveau. « Si on veut grandir, il faut investir ! Sept techniciens en plus, ce ne serait pas de trop, si tous nos projets aboutissent... »
Un prototype breveté aéroglisseur
Parmi les chantiers en cours justement, il en est un qui présente « un potentiel énorme » : la construction d'une vedette amphibie. « On est sur une niche. Ce genre de bateau n'a jamais été fabriqué. On montre notre savoir-faire. Ça nous sert de vitrine », explique celui qui a été séduit par l'originalité du projet imaginé par Pascal Guitton, gérant de la société Air Boat Concept Design (ABCD). « C'est une vedette amphibie. On est à la fois dans le maritime et dans le terrestre », résume son concepteur-financeur qui mûrit son projet depuis cinq-six ans. Mis au point avec l'aide du cabinet d'architecture navale SDA, basé à Quimper, « le prototype vient tout juste d'être breveté aéroglisseur », se réjouit-il. Motus et bouche cousue, en revanche, sur le second brevet à l'étude... L'embarcation « doit être opérationnelle dans des zones sensibles, où il n'est pas possible d'aller, poursuit-il. Quand j'étais en Guyane, quelle galère de passer sept heures sur une pirogue et de ne pas pouvoir aller partout ! Un tel engin peut changer les choses. Les domaines d'application sont vastes, pour le transport des personnes, le fret, etc. Et ce, partout dans le monde ! La vedette est transportable en container », précise-t-il, avant d'insister sur le peu de nuisances et le fait qu'il n'y a pas besoin d'infrastructures...
Essais en mer et à terre à la rentrée
Lancée en mars, la réalisation de la coque, construite entièrement en aluminium, devrait s'achever à la fin du mois. Un chantier deux fois plus long que la normale. « On avance au fur et à mesure. La mise au point d'un tel prototype est longue et fastidieuse, expliquent les deux compères. C'est un chantier assez complexe. On fait des mises au point et des ajustements en permanence. Ça ne paraît pas grand-chose sur le moment, mais c'est énorme, au final. Mais ça n'est jamais du temps perdu ». Le prototype mesurera 8,50 m en configuration bateau et 10 m en configuration coussin d'air. Propulsé par un système de turbine hydrojet, il devrait atteindre une vitesse de 35 noeuds sur l'eau. En mode aéroglisseur, une hélice à cinq pales devrait le propulser à 40 noeuds. Mais avant d'atteindre ces vitesses, « il faut le faire fonctionner et le commercialiser », insiste Pascal Guitton, incapable de chiffrer le coût total de ce défi technologique... La date des premiers essais est en revanche connue : ce sera en septembre-octobre, en mer et à terre.
Un article de la rédaction du Télégramme