(Publié le 1er février) Pour la première fois, nous avons eu l’opportunité mardi de monter à bord du troisième paquebot de la classe Oasis of the Seas, en cours d’assemblage chez STX France à Saint-Nazaire. Légèrement plus long et volumineux que ses deux aînés, construits en Finlande et livrés en 2009 et 2010, le « A34 » ou « Oasis 3 », comme on l’appelle dans l’estuaire de la Loire, va devenir le plus grand navire de croisière du monde. Un vaisseau gigantesque de 227.000 GT de jauge, soit 71.000 de plus que le Queen Mary 2, livré en décembre 2003 et qui détenait jusqu’ici le record du plus grand navire de croisière sorti des chantiers nazairiens. Avec ses 362 mètres de long, pour une hauteur de 72 mètres et une largeur de 47 mètres à la base, 57 au niveau des superstructures et jusqu’à 67 dans les hauts, le A34 dépassera, et de loin, tout les paquebots ayant vu le jour en France. Pour bien se rendre compte de ce que STX France est en train de réaliser, autant, d'entrée de jeu, montrer l'Oasis of the Seas lors de son dernier passage en cale sèche. Nous avons également utilisé, au fil de ce reportage, des vues du premier paquebot de la série. Même si la décoration et certains aménagements ne seront pas forcément les mêmes, cela donne une bonne idée de ce à quoi ressembleront les espaces visités une fois terminés.

L'Oasis of the Seas en cale sèche (© : RCI)

L'Oasis of the Seas en cale sèche (© : RCI)
Une cale bien remplie
D’ores et déjà, même si la coque n’est qu’à moitié assemblée, l’Oasis 3 en impose, y compris à ceux qui ont déjà vu moult paquebots en construction. Au pied du géant, ce qui impressionne le plus est sa masse et, surtout, sa largeur, dans une forme de construction pourtant imaginée pour accueillir des pétroliers géants et dans laquelle même les plus gros paquebots étaient jusqu’ici à leur aise. Il serait exagéré de dire que le A34 y entre au « chausse-pied », mais on s’approche quand même des limites de la cale. Pour STX France, la marge de manœuvre se limite en tout et pour tout à une quinzaine de mètres, répartis de chaque côté, ce qui est peu. Il faut en effet de la place pour travailler sur les bordés, installer des échafaudages et disposer de suffisamment d’espace pour que les véhicules techniques et autres élévateurs puissent évoluer au fond de la forme.

L'Oasis 3 en construction à Saint-Nazaire (© : STX FRANCE - BERNARD BIGER)

L'Oasis 3 en construction à Saint-Nazaire (© : STX FRANCE - BERNARD BIGER)

L'Oasis 3 en construction (© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

L'Oasis 3 en construction (© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

L'Oasis 3 en construction (© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

L'Oasis 3 en construction (© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

L'Oasis 3 en construction (© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

L'Oasis 3 en construction (© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

L'Oasis 3 en construction (© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

L'Oasis 3 en construction (© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

L'Oasis 3 en construction (© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)
Commandé le 27 décembre 2012 pour environ 1 milliard d’euros par le groupe américain Royal Caribbean Cruises Ltd (RCCL), l’Oasis 3, dont la livraison est prévue fin avril 2016, a vu sa première tôle officiellement découpée le 24 septembre 2013, la mise sur cale intervenant le 9 mai 2014. Depuis, d’énormes blocs sont empilés les uns sur les autres. Des structures de plus de 1000 tonnes pour certaines, manipulées par le tout nouveau portique de STX France. Mis en service avec la pose du premier bloc de ce paquebot, cet outillage offre une capacité de levage de 1400 tonnes, soit près du double de son prédécesseur, dont la carrière s’achèvera cet été. Non sans avoir auparavant achevé une dernière mission en oeuvrant de concert, avec son successeur, à l’assemblage de l’Oasis 3.

L'Oasis 3 en construction (© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

L'Oasis 3 en construction (© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

L'Oasis 3 vu de la forme B avant son transfert (© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)
41 des 86 blocs assemblés
Le 28 janvier, un 41ème bloc, sur les 86 allant constituer la coque du paquebot, a été mis en place. Vu la taille de cette structure, haute de cinq ponts et pesant la bagatelle de 800 tonnes, on aurait pu imaginer qu’elle recouvre toute la largeur du paquebot. Mais en jetant un œil sur le côté on se rend compte que ce n’est pas le cas. Elle n’occupe qu’un tiers environ de la largeur, un bloc identique lui faisant face à tribord. Entre les deux, il y a un grand espace vide. C’est l’une des spécificités des unités de la classe Oasis : ils sont tellement larges qu’il a été possible d’aménager en leur centre des ponts à ciel ouvert encadré par des blocs de cabines dont les balcons sont en vis-à-vis. Le bloc 41 encadre l’un de ces deux espaces extérieurs, le Boardwalk, qui débouchera sur un amphithéâtre en plein air situé à la poupe.

L'Oasis 3 en construction (© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

Pose du 41ème bloc (© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

Pose du 41ème bloc (© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

Pose du 41ème bloc (© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

Pose du 41ème bloc (© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

Pose du 41ème bloc (© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

Pose du 41ème bloc (© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

Pose du 41ème bloc (© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

Le Boardwalk sur l'Oasis of the Seas (© : MER ET MARINE - KEVIN IZORCE)
A ce jour, le taux d’achèvement de l’A34 en est à 60% pour la coque et à 20% pour l’armement. Malgré un poids dépassant déjà les 30.000 tonnes, l’Oasis 3 ne ressemble pas encore à un bateau. Il manque l’avant, l’arrière et pas mal de hauteur. « Nous sommes arrivés au pont 10, sur les 18 que comptera le navire, et même 20 avec les cheminées. On est aux limites de hauteur pour le portique dans la forme A et le 41ème bloc était le dernier monté avant le transfert de la coque, qui va maintenant être déplacée dans la forme B afin que nous puissions poursuivre l’assemblage », explique Pascal Favreau, en charge de l’Oasis 3 chez STX France.
Première mise à flot technique ce week-end
La grande cale de construction de Saint-Nazaire, la plus grande d’Europe avec ses 900 mètres de long, se divise en effet en deux formes longues de 450 mètres chacune. La construction des navires débute dans la forme A, située vers les terres et dont le tirant d’eau est limité pour faciliter l’assemblage de la partie basse des bateaux. Lorsque les coques ont atteint une certaine taille, en clair qu’il n’y a plus assez d’espace sous le portique pour poser une nouvelle couche de blocs, le chantier procède à une première mise à flot technique afin de les déplacer vers la forme B, bien plus profonde. « Nous les transférons dans cette forme pour poursuivre l’assemblage et nous profitons de cette première mise à l’eau pour vérifier que le flotteur est étanche ». L’intervention des remorqueurs n’est pas nécessaire. « Nous utilisons des bracons. C’est un système de bras, soudés sur la coque et reliés à une chaîne motorisée sur la paroi de la cale. La coque, quand elle flotte, est tractée sur plusieurs centaines de mètres pour rejoindre la forme B. L’opération dure environ une heure ». Une fois à destination, le navire est remis au sec et l’assemblage reprend. Soumis aux conditions météorologiques, très capricieuses ces temps-ci, le transfert a été réalisé avec succès dans la nuit de vendredi à samedi.

Dans la fome A (© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)
Jusqu’à 2500 personnes travailleront à bord
Actuellement, ils sont plus de 1500 à travailler à la construction du géant. Et les effectifs vont monter dans quelques mois à 2500 personnes, lorsque la phase d’armement battra son plein et que les espaces intérieurs seront aménagés. Pour STX France, ce navire représente un challenge colossal, non seulement en raison de ses dimensions, mais aussi de ses spécificités techniques. Par rapport aux deux premières unités de la série, la partie énergie/propulsion a, par exemple, significativement évolué, afin de réduire la consommation de l’ordre de 20%. Un gain considérable qui se traduira chaque année par des millions de dollars d’économies sur les frais de combustible. Cette amélioration entraine de profondes modifications, alors que l’Oasis 3 intègrera d’autres innovations par rapport à ses aînés, changements dont la compagnie conserve pour le moment le secret. Au final, même si le design général de l’A34 est proche de celui des Oasis of the Seas et Allure of the Seas, on parle volontiers à Saint-Nazaire de navire prototype plutôt que d’un troisième de série.

L'air de pré-montage avec les APM (© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)
Outil industriel modernisé pour relever ce challenge
Afin de réaliser ce mastodonte dans les délais et les coûts impartis, le chantier a modernisé son outil industriel avec un nouveau portique, qui permet la manutention d’ensembles nettement plus gros et plus lourds. Ainsi, la coque de l’Oasis 3 n’est constituée que de 86 blocs, contre 163 pour ses deux aînés construits en Finlande. Il en résulte une réduction des délais d’assemblage alors que le niveau de pré-armement a considérablement augmenté, pour atteindre 80% des réseaux. Tuyaux, chemins de câbles, gaines de ventilation… Avant d’être embarqués, les blocs sont équipés au maximum afin de limiter les travaux à bord, plus complexes et coûteux.

Bloc sur l'aire de pré-montage (© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

Sous un abri de pré-montage (© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)
Dans cette perspective, STX France a inauguré une Unité d’Armement Panneaux (UAP) constituée d’alvéoles, où les structures métalliques sont équipées. « Grâce à l’UAP le taux d’armement a été accru de 20% », précise Pascal Favreau. Autre nouveauté : la présence, sur l’immense aire bordant la forme de construction, de deux nouveaux Abris de Pré-Montage (APM). Sous ces grands barnums de 47 mètres de côté et 25 mètres de hauteur, les cabines reçoivent leurs baies vitrées et balcons. Le niveau d’équipement des blocs est là aussi accentué avant leur montage sur la coque. Mais l’intérêt principal de ces APM est surtout de pouvoir s’affranchir de la météo pour les opérations de peinture. « C’est un très gros avantage car nous ne sommes plus dépendant de la pluie, ce qui permet de respecter le calendrier, alors que la qualité de la peinture est largement améliorée » (voir notre reportage complet sur la modernisation du chantier).

Pascal Favreau, responsable navire A34 (© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)
A bord du géant
En plus des portes de bordé, un grand escalier en échafaudage a été installé sur la partie avant de la coque pour offrir un accès supplémentaire aux ouvriers, techniciens et ingénieurs qui défilent à bord de l’A34. Cette entrée est située sous une grande ouverture rectangulaire, visible depuis la route bordant le chantier. Il s’agit en fait du théâtre de l’Oasis 3, qui se déploiera sur trois ponts et pourra accueillir près de 1400 spectateurs. Pour l’heure, ce lieu est en pleine construction et l’ouverture sur l’extérieur sera bientôt fermée par l’arrivée d’un nouveau bloc qui abritera notamment la scène et les coulisses. Les deux sections de proue devraient, ainsi, être montées à partir de la semaine prochaine, l’intégration du bulbe d’étrave étant prévue dans un mois. Quant à l’arrière, il lui manque encore quatre rangées de blocs.

L'Oasis 3 avec l'ouverture correspondant au Théâtre (© : MER ET MARINE - VG)

Vue depuis le futur théâtre (© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

Le futur théâtre (© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

Le futur théâtre (© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

Le futur théâtre (© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

Le théâtre de l'Oasis of the Seas (© : MER ET MARINE - KEVIN IZORCE)
En attendant, on s’active à l’intérieur de la partie déjà assemblée. « Nous terminons les réseaux, avec la tuyauterie et le gainage, puis on tire les câbles électriques avant de passer à l’aménagement », note Pascal Favreau, qui a la très lourde responsabilité de coordonner et mener à bien ce projet hors du commun. « L’homme le plus occupé du chantier », comme dit Laurent Castaing, le patron de STX France, a l’œil qui traine partout, profite de chaque passage à bord pour se rendre compte de l’avancée des travaux et échange avec les équipes pour s’assurer que tout se passe bien. Il sait qu’en cas de difficulté ou de retard dans tel ou tel « lot », comme on dit ici, il faudra agir vite, car les délais sont extrêmement serrés. « Le niveau de qualité exigé par l’armateur et surtout la taille du bateau sont un très grand challenge. Il faut suivre en permanence l’état d’avancement des locaux pour s’assurer qu’on ne sera pas en retard ».

A bord de l'Oasis 3 (© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

A bord de l'Oasis 3 (© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

A bord de l'Oasis 3 (© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

A bord de l'Oasis 3 (© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

A bord de l'Oasis 3 (© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

La future coursive principale de l'équipage (© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

La future patinoire (© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

La patinoire de l'Oasis of the Seas (© : MER ET MARINE - KEVIN IZORCE)
On dit souvent qu’un paquebot est une ville flottante et c’est d’autant plus vrai ici, avec une plateforme conçue pourra accueillir quelques 8000 personnes, passagers et membres d’équipage. Il y a aura à bord 2700 cabines et suites pour les passagers, 20 restaurants, des dizaines de bars et salons, une galerie commerciale, un casino, une patinoire, des salles de spectacles, des terrains de sport, des piscines, un centre de bien-être… En tout, des dizaines de milliers de mètres carrés de locaux publics qu’il faut construire, agencer, décorer. Sans oublier la partie technique, avec par exemple la production d’eau, la climatisation, le retraitement des déchets et bien sûr l’appareil propulsif et son usine électrique. Une puissance installée d’environ 100 MW permettra d’alimenter tous les réseaux du bord et faire avancer à plus de 20 nœuds ce vaisseau titanesque, équipé de trois pods (moteurs électriques placés dans des nacelles sous la poupe), dont deux orientables servant à la fois de propulseurs et de gouvernails.

A bord de l'Oasis 3 (© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)
Coordonner de nombreux corps de métiers
Pour mener à bien un chantier d’une telle ampleur, il faut une organisation sans faille et des personnels hautement qualifiés, tant chez STX France que chez ses sous-traitants. Alors que le bateau est réparti en lots, dont l’aménagement est confié à des sociétés coréalisatrices et qui seront progressivement recettés, sa construction requiert un nombre considérable de spécialités. Ingénieurs, chaudronniers, soudeurs, électriciens, mécaniciens, peintres, maçons, menuisiers, carreleurs, décorateurs… La coordination des corps de métiers est un point crucial, surtout que les délais de réalisation, très courts, leur impose souvent de travailler simultanément, contrairement au secteur du bâtiment, où ils se succèdent. Avec aussi, pour impératif, de maîtriser le nombre de personnes à bord, ce qui dans le cas de l’Oasis n’est pas une mince affaire en raison de sa taille. « Nous allons essayer de ne pas dépasser les 2500 personnes car cela devient ensuite compliqué à gérer. Afin d’y parvenir, nous poussons les sous-traitants pour qu’ils achèvent plus vite les locaux situés dans les niveaux inférieurs ». Ainsi, les maçons sont déjà à l’œuvre sur les plafonds de certains espaces.

A bord de l'Oasis 3 (© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

Une cabine équipage (© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

A bord de l'Oasis 3 (© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

A bord de l'Oasis 3 (© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

A bord de l'Oasis 3 (© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)
Dans la partie de l’A34 déjà assemblée, les coursives et locaux prennent corps et s’équipent au fil des jours. Plus de 500 cabines dédiées à l’équipage ont été embarquées et, d’ici deux ou trois semaines, ce sera au tour de celles des passagers. Produites à quelques kilomètres de là par une usine dédiée de STX France à Montoir-de-Bretagne, les cabines préfabriquées seront embarquées par des brèches et roulées jusqu’à leurs positions finales avant d’être fixées, raccordées aux réseaux et achevées. Une approche modulaire mise en œuvre depuis longtemps et qui permet là encore un gain de temps et d’argent. Seules certaines suites ne sont pas réalisées à la chaîne. Pour l’heure, derrière les balcons qui, on l’a vu, ont été intégrés sous les abris de pré-montage, les ponts destinés à recevoir les cabines sont vides, permettant au passage de mieux apprécier leur incroyable volume.

Balcons de cabines (© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

Espace appelé à recevoir les cabines préfabriquées (© : MER ET MARINE - V. GROIZELEAU)

Espace appelé à recevoir les cabines préfabriquées (© : MER ET MARINE - V. GROIZELEAU)
Cathédrale d’acier
Les espaces publics sont, évidemment, encore loin d’être achevés. Les cloisons se parent progressivement d’isolants, les câbles sont tirés et tombent des plafonds. Les cages d’escaliers métalliques sont à nu. L’an prochain, les marches et paliers seront recouverts de moquette, les rambardes plaquées de bois seront installées et les cloisons, peintes, seront agrémentées de grands cadres ou autres décorations. Au détour d’une coursive, après avoir arpenté brièvement le futur pont promenade, où viendront déborder les tenders et canots de sauvetage, on pénètre soudain dans un espace aux dimensions surprenantes. Une véritable cathédrale d’acier, avec un immense puits central qui laisse entrevoir les ponts supérieurs et inférieurs. C’est là que sera installée l’une des deux grandes volées d’ascenseurs du navire, qui desserviront 12 des 18 ponts. Il n’y en aura que trois ? s’étonne-t-on brièvement. Et puis on regarde mieux et on comprend qu’il y en aura trois autres derrière les trois premiers. Avant de remarquer la présence d’une structure parallèle, identique. Il est vraiment que ce navire est tellement large… Cela fera donc 12 ascenseurs, à ajouter aux 12 autres de la seconde volée. De quoi répondre aux flux énormes que représentent chaque jour les milliers de passagers qui circuleront entre les différents ponts.

A bord de l'Oasis 3 (© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

Pont promenade (© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

Pont promenade (© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

L'aire de pré-montage vue depuis le pont promenade (© : MER ET MARINE - VG)

Escalier dans les espaces publics (© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

(© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

(© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

Futures volées d'ascenseurs (© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

Futures volées d'ascenseurs (© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

Volée d'ascenseurs sur l'Oasis of the Seas (© : MER ET MARINE - KEVIN IZORCE)
La Royal Promenade prend forme
La visite se poursuit avec l’un des espaces les plus impressionnants de ce navire en construction. Il s’agit d’une gigantesque galerie. Ceux qui connaissent l’Oasis of the Seas et l’Allure of the Seas auront reconnu la Royal Promenade. Une véritable rue, en plein milieu du bateau, qui sera bordée de restaurants, de bars, de boutiques et sur laquelle donneront des cabines. Deux imposantes ouvertures laissent passer la lumière du jour. La première sera surplombée par une grande verrière. Connue sous le nom de Crystal Canopy sur les deux premiers paquebots de la série, cette étonnante structure émergera au milieu du pont supérieur, Central Park, l’un des espaces à ciel ouvert de ces navires. Quant à l’autre ouverture découpée dans le plafond de la Royal Promenade, on remarque qu’elle surplombe une base ovoïde qui donne l’impression d’être moulée dans le sol. Aucun doute, il y aura là le Rising Tide Bar, un bar unique, inauguré avec les deux premiers paquebots de la série, qui présente la particularité de s’élever, tel un ascenseur, pour aller de la promenade à Central Park.

La future Royal Promenade (© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

La future Royal Promenade (© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

La future Royal Promenade (© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

Local bordant la promenade (© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

Dans la future Royal Promenade (© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

La future Royal Promenade (© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

La future Royal Promenade (© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

La Royal Promenade de l'Oasis of the Seas (© : MER ET MARINE - KEVIN IZORCE)

La Royal Promenade de l'Oasis of the Seas avec kle Rising Tide Bar (© : MER ET MARINE - K.I.)
Central Park
Central Park, c’est justement là que nous nous rendons. Ce fut l’une des grandes innovations introduites par Royal Caribbean avec la classe Oasis. Il s’agit du premier parc paysager installé en mer. Un îlot de verdure composé de milliers de vrais arbres et plantes entretenus par une équipe dédiée de jardiniers. Comme pour Boardwalk, Central Park est encadré sur ses deux côtés par des cabines dotées d’un balcon. Les passagers peuvent se promener au milieu de la végétation ou profiter des bars et restaurants installés sur les côtés. Sur l’Oasis 3, on en est encore loin, cet espace étant en pleine construction. Alors qu’il manque des blocs de cabines, au dessus desquels on trouvera les ponts supérieurs, avec piscines, solariums, terrains de sport et autres jeux, le pont métallique doit encore être totalement aménagé.

L'Oasis of the Seas (© : RCI)

Pont supérieurs de l'Oasis of the Seas (© : RCI)

La Royal Promenade et Central Park (© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

Le futur Central Park (© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

Le futur Central Park (© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

Le futur Central Park (© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

Le futur Central Park (© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

Le futur Central Park (© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

Central Park sur l'Oasis of the Seas (© : MER ET MARINE - KEVIN IZORCE)

Central Park sur l'Oasis of the Seas (© : MER ET MARINE - KEVIN IZORCE)
Encore 15 mois pour tout finir
Tout cela se fera dans les 15 prochains mois, et même dans les 5 prochains mois seulement pour ce qui concerne l’assemblage de la coque. De nombreux blocs sont en cours de préparation sur l’aire de pré-montage. On y trouve des éléments de la proue, de la poupe ou encore des ponts de cabines, dont certains parés de structures originales, comme les fameux bains à remous situés tout en haut du navire et débordant de la coque. L’ensemble sera à bord d’ici la fin du mois de juin, date à laquelle l’Oasis 3 aura pris sa forme définitive.

(© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

(© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

(© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

(© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

(© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

(© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

(© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

(© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

(© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)
Le plus grand paquebot du monde, dont la gigantesque silhouette sera visible à des kilomètres à la ronde, quittera alors sa cale de construction pour une brève navigation dans l’estuaire de la Loire. Retenu et guidé par une flottille de remorqueurs, il sera conduit dans le bassin C, une forme de 450 mètres de long pour 90 mètres de large. Pour la première fois depuis le Queen Mary 2, livré en décembre 2003, le bassin C va de nouveau servir de cale sèche. Dans cette perspective, d’importants travaux sont menés depuis des mois pour remettre à niveau cette infrastructure et la moderniser, en renforçant notamment sa base et en l’équipant d’un nouveau système de pompage. C’est dans le bassin C que toute la phase d’armement et d’achèvement de l’A34 sera menée, avant la livraison du navire en avril 2015.

La forme B donne sur l'estuaire de la Loire (© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)

Le bassin C de nouveau au sec (© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)
Saint-Nazaire peut faire encore plus gros
Pour la suite, un second navire du même type, l’Oasis 4, ou B34, verra le jour à Saint-Nazaire, en vue d’une mise en service au printemps 2018. Avec eux, le chantier français va reconquérir le record des plus grands paquebots du monde. De manière durable ? Cela fait plus de cinq ans que les deux premières unités de la classe Oasis sont en service et seul Royal Caribbean a, pour le moment, décidé de construire et poursuivre son développement avec de tels mastodontes. Il faut dire que l’armateur américain a fait très fort avec ces bateaux, largement plus gros que tous leurs homologues. Un gap de taille que d’autres compagnies finiront peut-être par suivre, et même pourquoi pas dépasser. Tout dépendra de la stratégie des opérateurs et de l’intérêt commercial de tels navires. Et puis aussi de la technologie et des capacités des chantiers navals. Seuls les Français et les Finlandais ont des cales assez grandes pour des bateaux d’un tel gabarit, avec un avantage pour Saint-Nazaire, qui pourrait pousser le gigantisme un peu plus loin. Même s’il n’y a pour le moment aucun projet concret dans les tuyaux, STX France s’est logiquement posé la question de ses limites. Jusqu’où est-il possible d’aller ? En fait, les formes A et B pourraient le cas échéant accueillir des paquebots plus gros que les Oasis, avec plusieurs dizaines de mètres de plus en longueur et une demi-douzaine en largeur. Il y a donc de la marge, surtout que, pour les projets les plus fous, il est toujours possible de réaliser les navires en plusieurs blocs et les assembler dans le bassin C via un procédé de jumboisation, qui ne nécessite pas l’emploi d’un portique.

L'Oasis of the Seas (© : RCI)