« Ici, on produit 300 moteurs par jour». A côté du vieux bâtiment en brique rouge, premier atelier de la longue histoire de la compagnie, l’usine Scania, de Södertälje, au sud de Stockholm, assemble et teste une partie des moteurs de la marque scandinave. « C’est un peu une ville Scania, ici. Près de 5200 personnes travaillent sur ce site, nous avons le siège de la compagnie, une fonderie, l’usinage, l’assemblage et le test des moteurs », détaille Erik Hedman, responsable des ventes de Scania.

Le siège de Scania à Södertälje (MER ET MARINE - CAROLINE BRITZ)
120 ans d’histoire industrielle en Suède et dans le monde.
Une ambiance très scandinave règne dans l’usine ultra-moderne, qui se trouve à l’endroit même où l'atelier Scania, qui a construit les premiers wagons suédois, a ouvert en 1891. La petite entreprise diversifie rapidement ses activités et sort sa première voiture en 1897 puis son premier camion en 1902. Après quelques aventures et une banqueroute, Scania s’étend, développe sa gamme de moteurs, puis s’allie à Saab, son concurrent suédois, en 1969. Parallèlement, la marque, dont la fiabilité est rapidement reconnue à l’étranger, s’implante sur ses nouveaux marchés : elle ouvre ainsi une usine au Brésil dès 1957, avant de s’installer en Argentine, aux Pays-Bas, en France (à Angers), en Pologne, au Mexique et, récemment, à Saint-Pétersbourg. En tout, près de 40.000 employés travaillent pour le groupe. Séparé de Saab en 1995, Scania a été progressivement racheté par Volkswagen, dont elle est finalement devenue une filiale en 2014.

(MER ET MARINE - CAROLINE BRITZ)

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A côté des camions, les bateaux
« Notre gamme de moteurs comprend quatre grands secteurs d’activité : les camions, les bus, les applications industrielles et la marine », rapporte Erik Hedman. « Au début, nous produisions davantage de bus que de camions, désormais c’est l’inverse ». Presque 90.000 camions sont produits par le groupe, représentant 64% de l’activité. « Ce qui ne va pas dire que nous ne souhaitons pas développer d’autres activités, les applications marine en particulier, nous sommes suédois et tournés vers la mer », sourit Erik Hedman, « les moteurs marins, nous connaissons, nous avons produit le premier en 1902 et nous n’avons jamais arrêté depuis ».

(SCANIA)
Des moteurs marins produits sur la même chaîne que les moteurs camion
Une démarche que le groupe veut cohérente. Pas question de viser des grosses cylindrées, « nous avons l’atout de bien connaître les moteurs diesel : nous savons les concevoir pour les camions, nous savons aussi les mariniser ». Puisque c’est bien sur ce créneau que s’est positionnée le groupe suédois : « la modularité : nous utilisons les mêmes pièces, les mêmes cylindres sur nos moteurs marine que sur nos moteurs camions. Cela permet d’utiliser des techniques éprouvées, d’optimiser la chaîne de production et d’avoir beaucoup moins de problèmes de disponibilité de pièces détachées », explique Dirk Bruger, responsable commercial moteurs industriels chez Scania France. Sur la chaîne de Södertälje, les moteurs camions et marins sont produits dans les mêmes conditions. Au bout de la chaîne, les moteurs marins sont peints en orange et marinisés. « Cette mutualisation des moyens permet au secteur marine, dont nous connaissons bien les contraintes et les spécificités, de bénéficier des gros programmes de recherche et développement que génère l’activité camion (1 milliard d’euros pour développer un nouveau moteur camion) », explique Erik Hedman. « Nous avons une équipe de spécialistes qui est dédiée au marché marine. Si un patron pêcheur ou un armateur a un besoin spécifique sur l’instrumentation, le refroidissement ou n’importe quel équipement, nous pouvons adapter le moteur, avec la même facilité que nous le faisons pour le marché des camions ».

(SCANIA)
Une gamme de moteurs rapides pour la propulsion principale et auxiliaire
Scania propose actuellement une gamme de moteurs de 9, 13 et 16 litres, tous certifiées IMO Tier III et CCNR, pour la navigation fluviale. Les moteurs de 9 litres développent des puissances de 162 à 294 kW, ceux de 13 litres de 294 à 551 kW et ceux de 16 litres de 221 à 736 kW. « Nous sommes présents depuis longtemps sur le secteur des navires de servitude, de la pêche et même dans le secteur militaire », détaille Roger Marcel, le technico-commercial dédié de Scania France. Des vedettes rapides pour l’armée suédoise, la pilotine de La Rochelle en construction dans les chantiers Bernard, les nouvelles vedettes SNSM ou un chalutier à Cherbourg… « nous travaillons sur tous types de marchés : des navires à déplacement qui ont besoin de la résistance de notre moteur et de son couple, aux coques planantes qui nécessitent un moteur fiable et léger ou encore pour de la fourniture d’énergie auxiliaire », poursuit Roger Marcel. Et le marché français est un de ceux que le groupe suédois souhaite développer. Il a déjà commencé à s’implanter sur le littoral via des revendeurs locaux qui assurent à la fois la distribution et la réparation : Mistral Power à Marseille, Emeraude Moteurs Systèmes à Saint-Malo et Demolin-SARM au Havre. Un nouveau distributeur devrait prochainement couvrir la façade atlantique, de la Vendée à la frontière espagnole.