« En concevant cet outil, nous avons pensé aux chantiers qui n’avaient pas forcément les moyens d’avoir des logiciels de conception assistée par ordinateur ». Laurent Mermier est le patron de ShipST, une entreprise d’architecture navale basée à Lorient, dont l’expertise est reconnue aussi bien dans le secteur des navires à passagers, des bâtiments militaires ou encore des bateaux de pêche. Il y a quelques années, il a créé une filiale, Navinn, qui vient tout juste de sortir un nouvel outil, baptisé Rhinopiping, destiné à la modélisation des réseaux de tuyauterie à bord des navires.
Des logiciels de CAO adaptés aux besoins
Utilisateur de logiciels de CAO, Laurent Mermier a vu l’évolution de ces outils désormais incontournables dans l’architecture navale. « Au début, les logiciels étaient en 2D, puis sont passés en 3D. Et d’un outil de dessin numérique, on est rapidement arrivé à des logiciels complets qui intègrent des bases de données et des outils de gestion de stocks ». Des véritables maquettes numériques, qui demandent, de la part de ceux qui les manipulent des compétences bien spécifiques. « Ce sont des outils très puissants mais également très onéreux, au minimum 25.000 euros ».
A l’opposé de ces grosses machines, il y a les petits chantiers qui utilisent des logiciels moins sophistiqués, « mais qui suffisent pour leurs besoins », comme par exemple Autocad ou Draftsight de Dassault. « Beaucoup utilisent également le logiciel Rhino 3D, un outil généraliste qui a été rapidement adopté par la construction navale car il est très bien adapté pour le dessin des carènes de navires, qu’il ne nécessite pas de longue formation et qu’il est très ergonomique ».

L'Adroit et l'OPV 45 Kedougou
Beaucoup de chantiers, y compris les plus gros, l’utilisent, comme outil principal ou complémentaire. Le plan de structure du patrouilleur hauturier L’Adroit a ainsi été conçu grâce à Rino. « Même DCNS, qui utilisent des outils puissants, a adopté Rino pour tester d’autres méthodes de conception ».
Chez ShipST, on utilise Rhino 3D depuis toujours. D’où l’idée de l’adapter à des besoins spécifiques. « Rhino est une base ouverte. Ce qui signifie que l’on peut créer des plug-ins, des outils complémentaires, qui s’intègrent sur le logiciel de base ». Il y a 5 ans, ShipST décide donc de développer un plug-in destiné au dessin des réseaux de tuyauterie. L’entreprise crée sa filiale dédiée Navinn et embauche un développeur. « Nous avons été aidé par Oséo, ce qui nous a permis de financer cet effort de R&D ».
Rhinopiping est désormais disponible à la vente. « Nous l’avons déjà testé, notamment sur le Kedougou, l’OPV 45 développé par Raidco et construit à STX Lorient pour la marine sénégalaise. Le retour d’expérience a été bénéfique pour finaliser le produit ».
D'autres applications envisagées
Avec une version de base de 49 euros (990 pour la version complète), Navinn vise un marché mondial : « tout le monde peut prendre en main cet outil, des petits chantiers ou des chantiers étrangers qui reçoivent un transfert de technologie ; pour les bureaux d’études, qui doivent souvent démarrer rapidement les plans et les modifier en cours de route… » L’outil a déjà suscité beaucoup de curiosité et d’intérêt, même la maison-mère de Rhino 3D, s’y intéresse. « L’idée serait éventuellement de faire évoluer le concept vers une adaptation à l’architecture terrestre ». Et pour le naval, Laurent Mermier pense déjà à la suite, « on pourrait imaginer un plug-in pour les gaines de ventilation et le câblage ».