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Contrairement à ce que l’on peut lire ou entendre ici et là, l’acquisition des chantiers de Saint-Nazaire par Fincantieri n’est pas encore jouée, loin s’en faut. Alors que le « plan B » porté par les armateurs clients de STX France est toujours sur la table, prêt à être activé, et que d’autres projets de reprise sont même à l’étude, l’accord conclu le 12 avril entre le groupe italien et l’Etat constitue une première victoire pour le premier. Mais c’est surtout, pour le second, une façon de renvoyer le dossier au prochain exécutif. L’accord ménage en effet la possibilité d’user du droit de préemption des parts que Fincantieri s’apprête à racheter aux Sud-coréens. Une possibilité laissée au prochain exécutif qui sortira vainqueur des élections et aura donc, en réalité, la responsabilité de présider aux destinées de dernier grand constructeur civil français.

Pendant ce temps, le processus d’information consultation du Comité d’entreprise de STX France vient de s’ouvrir, les représentants du CE ayant un mois pour donner leur avis sur l’opération. Un avis uniquement consultatif mais qui aura une valeur symbolique très forte et pourra s’il est négatif peser politiquement. Cela, alors que la majorité des candidats à la présidentielle se sont déclarés opposés au projet de rachat tel que proposé aujourd’hui.

Les semaines qui viennent seront donc décisives pour l’avenir du chantier et les représentants du personnel attendent de pied ferme le directeur général de Fincantieri, qui les rencontrera le 19 avril afin de présenter son projet de reprise au CE. De nombreuses interrogations subsistent, en particulier autour des accords conclus le 12 avril. Négociés côté français par les hauts fonctionnaires et cabinets, sans avis ni consultation du management de STX France, ceux-ci laissent présager la mise en place d’une véritable usine à gaz aboutissant à une gouvernance extrêmement complexe et des garanties techniquement inopérantes.

La semaine dernière, lorsque la signature du protocole d’accord entre l’Etat et Fincantieri a été officialisée, toute la rédaction de Mer et Marine était, comme nous l’avions annoncé quelques jours plus tôt, en reportage à l’étranger. D’où notre traitement très « factuel » du dossier jusqu’ici. Rentrés en début de semaine, nous avons pris le temps de décortiquer les derniers évènements et interroger de nombreux acteurs afin d’avoir la vision la plus claire possible de cette affaire extrêmement complexe dont la gestion fut, pour le moins, assez surréaliste, pour ne pas dire consternante.

Dans le courant de ce week-end, nous diffuserons un article complet sur le sujet.

 

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