Aller au contenu principal

Vendredi dernier à La Spezia, s’il était manifestement aux anges de conclure le projet d’alliance avec Naval Group, le directeur général de Fincantieri s’est en revanche montré très agacé sur le projet de reprise des Chantiers de l’Atlantique. L’affaire, en souffrance depuis deux ans maintenant, est arrivée en janvier sur le bureau des autorités européennes de la concurrence. Et, à ce jour, Giuseppe Bono dit ne pas avoir la moindre idée de quand une décision pourrait être rendue. Interrogé sur ce dossier en conférence de presse, le patron de Fincantieri n’a pas mâché ses mots : « Le temps très long de cette affaire dépend d’une procédure complexe. Il faut arrêter avec ces règlementations sur le marché interne alors que nous sommes face au marché mondial. Heureusement, pour notre coopération avec Naval Group, nous n’avions pas besoin de passer par les autorités de la concurrence pour nouer une alliance car il s’agit d’affaires de sécurité nationale. Sinon, nous aurions mis des années pour y parvenir », a lancé Giuseppe Bono, qui en a rajouté une couche en expliquant que si les autorités de la concurrence avaient existé à l’époque de la création d’Airbus, le projet n’aurait selon lui jamais vu le jour : « Si nous voulions faire Airbus aujourd’hui, nous n’y parviendrions pas et si nous avions eu de telles contraintes à l’époque de sa création, nous n’y serions pas parvenus et il ne resterait plus maintenant que Boeing sur le marché ».

Pour mémoire, Fincantieri fut en décembre 2016 le seul à déposer un dossier de rachat des 66.66% détenus par STX Offshore & Shipbuilding dans les chantiers nazairiens auprès du tribunal de Séoul, en charge de la vente des actifs du groupe sud-coréen. Par la suite, le gouvernement français a refusé la cession telle que prévu et, même si un accord avait été conclu avec les Italiens en 2017, a fait jouer son droit de préemption sur les parts de STX. L’Agence des Participations de l’Etat, qui détenait déjà 33.34% de l’entreprise, a ainsi repris les actions de STX en juillet 2018, le chantier passant alors à 100% sous capitaux publics. Une partie du capital a ensuite été cédée à Naval Group (11.7%), au groupement d’entreprises locales COFIPME (1.6%) et aux salariés des chantiers (2.4%). L’APE, qui détient donc à ce jour 84.3% des Chantiers de l’Atlantique, doit dans le cadre des accords avec Fincantieri vendre 50% des parts au groupe italien. Afin que ce dernier puisse avoir le contrôle opérationnel, la France doit en plus lui prêter 1% pour lui permettre d'atteindre 51%. Un prêt sur une période de 12 ans assorti de nombreuses conditions, avec régulièrement des étapes de vérification afin de veiller à ce que Fincantieri respecte ses engagements sur l’activité, l’emploi ou encore le maintien et la protection du savoir-faire nazairien. S’y ajoutent également des clauses particulières du fait que le chantier travaille aussi sur des projets de navires militaires, l’entreprise revêtant par ce biais un caractère stratégique.

Initialement, il avait été annoncé que les aspects liés à l’antitrust seraient gérés par les instances nationales de la concurrence des pays concernés, en l’occurrence la France, l’Italie mais aussi l’Allemagne, où se trouve le siège du troisième grand groupe européen spécialisé dans la construction de paquebots. Mais en janvier dernier, la Commission européenne annonçait qu’elle allait examiner le projet.

 

Aller plus loin

Rubriques
Construction navale
Dossiers
Chantiers de l'Atlantique Fincantieri