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L’unité flexible d'usinage (UFU) des chantiers de Saint-Nazaire est toujours quasiment paralysée par un mouvement social qui, faute de production de pièces métalliques, risque d’entrainer l’arrêt d’autres ateliers dans les prochains jours.

Les propositions de la direction rejetées

A l’issue d’une réunion de négociation, hier matin, la direction a proposé la récupération dès juin des jours ARTP gelés en 2015 dans le cadre de l’accord de compétitivité, soit 18 mois avant la date prévue. Mais cette proposition n’a pas été jugée suffisante par les grévistes, qui ne seraient qu’au nombre d’une vingtaine. Selon la CGT, seule à soutenir ce mouvement, ceux-ci réclament une prime de livraison de navire pour le paquebot MSC Meraviglia, qui sera remis le 31 mai à son armateur, le paiement des jours de grève et de débrayage, mais aussi l’engagement qu’aucune sanction disciplinaire ou poursuite judiciaire ne sera initiée envers les salariés ayant participé au mouvement. Selon certaines sources, cette dernière revendication, curieuse en raison du contexte, concernerait en fait un gréviste surpris en état d’ébriété sur le site.

Quoiqu’il en soit, le conflit continue. La direction « ne pose rien sur la table, si ce n’est nous rendre ce qu’elle nous a pris avec l’accord de compétitivité », déplore la CGT, qui prévoit des assemblées générales ce mardi matin afin de discuter avec les personnels mobilisés des suites à donner au mouvement.

Le spectre d’un arrêt progressif de la production

Un conflit qui dure déjà depuis environ un mois et a désormais des conséquences très lourdes pour le chantier. Faute d’approvisionnement, la production est en effet ralentie et la construction du J34 (futur Celebrity Edge), prototype innovant sur lequel Saint-Nazaire mise beaucoup, est en retard. Pire, le tarissement du flux de pièces métalliques, s’il se poursuit, va entrainer d’ici la fin de la semaine l’arrêt d’autres ateliers, dont les panneaux plans. Avec pour conséquence une aggravation des retards, des mesures de chômage technique pour des centaines de salariés de STX France et de ses sous-traitants, ainsi que le possible « remerciement » de nombreux intérimaires. La machine sera ensuite plus ou moins dure à relancer et le conflit a d’ores et déjà un coût financier important, très problématique pour une entreprise qui, malgré ses milliards d’euros de carnet de commandes, ne dégagent que de très faibles bénéfices.

Les autres syndicats très inquiets

S’ils comprennent le besoin de « reconnaissance » et de « considération » de certaines catégories du personnel, sur lequel il faudra disent-il « travailler », les autres syndicats du chantier se montrent très inquiets. Pour la CFE-CGC : « Il faut que ça s’arrête car si ce conflit continue, il risque d’y avoir un impact sur la livraison du Celebrity Edge et sur les comptes de l’entreprise, c’est-à-dire sur l’argent qui doit être réinvesti, y compris dans la politique salariale et les éventuelles primes d’intéressement ». Pour FO, « ces primes n’étaient pas certaines mais envisageables pour 2017. Avec ce que ce conflit va coûter, on peut faire une croix dessus. Nous comprenons ce mouvement mais on ne le soutient pas. Ce n’est pas le moment, il fallait le faire au moment de la NAO. Aujourd’hui, à deux mois seulement des élections professionnelles, la direction n’a rien à donner, en dehors de ce qui a été proposé hier ». Même son de cloche du côté de la CFDT, qui estime la situation très grave : « Nous sommes au pied du mur avec maintenant des conséquences pour toute l’entreprise, la catastrophe industrielle n’est pas loin. Il faut absolument sortir de cette situation ».

 

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