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Fincantieri validé. Le secrétaire d'Etat à l'Industrie, Christophe Sirugue, a annoncé hier après-midi que l'Etat avait donné son accord de principe à une reprise des chantiers navals de Saint-Nazaire par Fincantieri. Mais le groupe italien, seul candidat à avoir déposé une offre pour reprendre les parts (66%) détenues par le groupe sud-coréen STX Offshore & Shipbuilding, devra rester actionnaire minoritaire (48% environ) pendant au moins huit ans. Il sera finalement accompagné d'un investisseur italien présenté comme indépendant, la Fundazione CR Trieste (là où se trouve le siège de Fincantieri), pour 5%. L'État français, qui détient 33% du capital des chantiers nazairiens, conservera un droit de veto. Et DCNS entrera au capital, à hauteur de 14%. L'objectif d'un Fincantieri en-dessous des 50 % aura donc été atteint, du moins pour les 8 années qui viennent et sous réserve de connaître les accords entre les actionnaires italiens. Un résultat obtenu sous la menace d'une préemption des parts de STX par l'Etat français, qui avait envisagé de nationaliser temporairement l'entreprise si Fincantieri refusait de se contenter d'une majorité relative. 

"Un projet ambitieux"

Christophe Sirugue a qualifié cet après-midi le projet de Fincantieri d'ambitieux. Et a tenté de rassurer rappelant que le projet du constructeur italien comporte des engagements, définis avec l'Etat français, relatifs notamment à la pérennité du site et de ses activités, ainsi qu'à l'investissement et au maintien et au développement de l'emploi. Il a également assuré que le projet validé visait à renforcer les chantiers sur leur coeur de métier des navires de croisière, ainsi qu'à poursuivre la diversification, notamment dans les énergies marines.

Un "cadeau" à Fincantieri

La décision a immédiatement été dénoncée par quatre des candidats aux élections présidentielles. Jean-Luc Mélenchon l'a qualifiée de "trahison" affirmant par tweet : "Le chantier naval de Saint-Nazaire STX ne doit pas être vendu. La nationalisation est un devoir immédiat." Arnaud Montebourg, proche du candidat PS Benoît Hamon, et qui plaidait de longue date pour une nationalisation de STX France, a déploré "un cadeau fait à ceux qui l'achètent, qui n'est pas justifié". Pour l'ancien ministre de l'Economie, STX a été cédé "à prix cassé". "Sa valorisation va être multipliée dans les années à venir. Pour moi, la prise de contrôle par l'Etat est indispensable et ne coûterait rien", a insisté Arnaud Montebourg qui évalue à "41 millions d'euros le montant à débourser pour en avoir 51% des parts." Le Front national a, dans un communiqué, fustigé "une longue suite de pertes majeures pour l"industrie française". Nicolas Dupont-Aignan, candidat de Debout la France à la présidentielle, a, lui, dénoncé un "bradage" et "un coup fatal porté à l'ensemble de l'industrie navale française ".  Comme Benoît Hamon, François Fillon, est resté silencieux. Mais Bruno Retailleau, président de la région des Pays de la Loire et fidèle lieutenant du candidat LR, a déploré une décision "précipitée", juste avant les échéances électorales, et considère que la majorité cumulée par les deux acteurs italiens constitue un "risque". 

Fincantieri et DCNS satisfaits

Fincantieri a, lui, salué l'accord annoncé par l'Etat français et s'est réjoui de la collaboration avec DCNS, dont le président se montre lui aussi satisfait : "Notre entrée au capital de STX France va permettre de préserver l’accès de DCNS aux capacités industrielles uniques en Europe des chantiers de Saint-Nazaire pour la construction de navires militaires de grande taille comme les porte-hélicoptère de type Mistral ou encore les porte-avions, garantissant ainsi la préservation des intérêts stratégiques de la France tout en renforçant notre capacité d’exportation", a déclaré Hervé Guillou, rappelant aussi les précédentes coopération avec Fincantieri sur les programmes franco-italiens des frégates Horizon et FREMM.

La procédure d'information-consultation du comité d'entreprise doit être lancée prochainement, afin que Fincantieri achève la négociation du rachat de ses actions. Le gouvernement français devra ensuite se prononcer sur l'accord définitif.

 

 

 

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