Suite à sa prochaine reprise, STX France va devoir, en 2018, être rebaptisé. Et ce ne sera pas forcément pour voir exhumés les anciens Chantier de l’Atlantique. Dans cette perspective, la direction va lancer ce mois-ci, auprès des salariés, une consultation permettant à chacun de proposer ses idées en vue de trouver un nouveau nom à l’entreprise.
La renaissance des « Chantiers de l’Atlantique » a été plusieurs fois évoquée ces derniers mois. Portée par les syndicats, l’idée a reçu un accueil favorable de Giuseppe Bono, directeur général de Fincantieri, qui va prendre la barre de son ancien concurrent.
L’ancien nom propriété d’Alstom et attaché à un lourd passif
Mais elle se heurte à certains problèmes juridiques et financiers. Cette marque est en effet toujours la propriété d’Alstom et elle est rattachée à une société conservée après la vente en 2006 des chantiers au groupe norvégien Aker (repris deux ans plus tard par le sud-coréen STX Offshore & Shipbuilding). Cette structure juridique avait été constituée pour porter les passifs de la société, comme par exemple les litiges autour des méthaniers de GDF, mais aussi tout ce qui concerne les problèmes liés à l’amiante jusqu’à la date de la vente, avec des dispositions encore très coûteuses.
Si Saint-Nazaire doit reprendre son ancien nom, il n’est donc pas question de reprendre le passif qui va avec. Quant à une simple cession de marque, les premières discussions avec Alstom - en plein processus de fusion avec l’Allemand Siemens - ne semblent pas très encourageantes. Le groupe réclamerait apparemment une somme assez rondelette pour céder le nom Chantiers de l’Atlantique. On parlerait en millions d’euros, voire en petites dizaines de millions. Un investissement qui serait évidemment plus utile ailleurs.
« Voir s’il n’y a pas une meilleure idée »
Dans le même temps, quand bien même un accord serait trouvé pour céder cette marque gracieusement ou à un faible prix et sans le passif, Laurent Castaing, directeur général de STX France, s’interroge sur l’opportunité d’un retour des Chantiers de l’Atlantique : « Est-ce qu’il faut y revenir ? Je me pose la question, de manière ouverte. Ce nom commence en effet à être oublié, les jeunes ne le connaissent pas, la marque a perdu de sa valeur. Cela nous renvoie également au passé, alors que nous devons penser à l’avenir. Il faut donc réfléchir pour voir s’il n’y a pas une meilleure idée. C’est dans cette optique que nous allons lancer ce mois-ci une consultation auprès des salariés pour qu’ils puissent proposer de nouveaux noms ».
Un changement obligatoire
Concrètement, l’abandon du nom STX France est une obligation, STX O&S allant céder les 66.6% qu’il détient dans les chantiers à l’Etat français. Ce dernier doit les revendre dans la foulée à Fincantieri (50%), et Naval Group (10%), prenant au passage 1%, qui s’ajoutera aux 33.34% qu’il possède déjà et sera prêté pendant 12 ans à Fincantieri, afin que celui-ci dispose d’une majorité absolue. Le solde, soit un peu plus de 5%, est proposé aux salariés (2%) et à un groupe d’entreprises ligériennes (3.6%). Si les uns ou les autres ne donnent pas suite, ces parts seront acquises par DCNS, qui montrait alors jusqu’à environ 15% du capital.
Après le « closing », 6 mois pour trouver un nouveau nom
Après avoir conclu un accord fin septembre, Français et Italiens travaillent désormais sur la rédaction du pacte d’actionnaires qui va les lier. Il y a dans le même temps tout un processus administratif et légal, y compris une nouvelle consultation du Comité d’entreprise. En tout état de cause, l’opération ne devrait pas être bouclée avant janvier ou février, STX O&S conservant jusque-là ses parts. Ce n’est qu’au moment de la vente effective de celles-ci qu’un délai courra pour le changement de nom. A partir du « closing », la marque STX devra disparaitre dans les six mois. C’était la condition au moment où Fincantieri devait directement racheter les parts de STX O&S, et selon Laurent Castaing il n’y a pas de raison que cela change dans la nouvelle configuration.
Une fois la consultation du personnel menée, les idées retenues seront proposées par la direction au Conseil d’administration de l’entreprise, seul à pouvoir entériner le choix du nouveau nom.