Près de 40 nœuds au compteur, le Watercat M18 AMC se faufile entre les îles de la côte sud suédoise. 19.9 mètres de long, 4.3 mètres de large pour un tirant d’eau de 1.1 mètre, l'engin en aluminium, conçu pour le débarquement de troupes, les évacuations ou encore les patrouilles, a été commandé à 12 exemplaires par la marine finlandaise à Marine Alutech. Un chantier installé en Finlande et qui teste avec le Watercat M18 AMC les performances du dernier-né de la gamme marine de Scania, le V8 de 16.4 litres.
« Sur cette configuration, nous avons 1150 chevaux, c’est le moteur le plus puissant de la gamme V8 qui commence à 900 chevaux », précise Joel Granath, vice-président de Scania. Ce nouveau moteur vient tout juste d’entrer dans l’offre du motoriste suédois, qui continue sa philosophie de « marinisation » de sa gamme, éprouvée, de moteurs « terrestres » destinés aux camions, bus, engins de travaux publics et à l’industrie.

(SCANIA)
« Notre premier V8 date de 1969 et développait, à l’époque, 350 chevaux. Il a constamment évolué depuis pour atteindre les 1150 chevaux, qui fonctionnent depuis 2007 sur les camions ». Pour améliorer les performances de la gamme V8, tout en conservant la sobriété dont la marque a fait une priorité, Scania a développé son propre système de common rail, le XPI (extra high pressure injection).
Après plusieurs années de recherches, ce V8 XPI vient donc de faire son entrée sur le marché marine où il va venir compléter l’offre de Scania comprenant des moteurs de 9 litres (220-400 chevaux), 13 litres (220-750 chevaux) et 16 litres (300-1150 chevaux). « Nous avons dû faire évoluer la version terrestre, notamment pour le système de refroidissement et les thermostats, les filtres et les injecteurs en raison de la différence de nature entre les combustibles terrestres et marins », précise Svante Lejon, conseiller technique R&D chez Scania. C’est précisément la compatibilité entre le diesel marine et le système de common rail qui a nécessité le gros du travail d’adaptation. « Mais, nous y sommes parvenus et pouvons désormais proposer ce nouveau moteur, qui pourra être distribué dès février 2016 ».

(SCANIA)
Bien qu’étant présenté comme ayant un couple performant, la configuration V8, qui reste compacte (1660 kg à vide) est avant tout destinée à des usages de navires rapides et manœuvriers. Pilotines, vedettes, mais également le secteur militaire, qui voit le développement récent d’un gros marché de petits patrouilleurs rapides et intercepteurs, dans lequel Scania renforcerait ainsi sa présence.
Sur le Watercat M18, qui sert de plateforme de test pour Scania, le résultat semble concluant. « La motorisation est robuste et souple, elle permet des changements de régime très rapide, ce qui est particulièrement adapté pour ce type de bateau », explique le commandant du Watercat. Le chantier finlandais Marine Alutech, spécialisé dans les navires de servitude et d’action de l’Etat en mer en aluminium, décline son concept de Watercat pour des bateaux de 9 à 20 mètres, qu’il vend dans le monde entier. Il vient notamment de décrocher un marché de 14 vedettes de police pour le sultanat d’Oman, avec sa version Watercat K13 Fast Interceptor Craft.

Le modèle de vedette de police commandée par le Sultanat d'Oman (MARINE ALUTECH)
Le Watercat M18 AMC, quant à lui, a déjà été adopté par la marine finlandaise, dans une configuration qui permet le transport de 24 passagers qui peuvent être débarqués à l’avant et à l’arrière. Outre le transport de troupes, le modèle peut également être adapté à des missions logistiques et de soutien militaire, à l’escorte, au débarquement ou la patrouille ou encore à des évacuations médicales. « Les deux moteurs DI 16 076 M de Scania alimentent deux waterjets Rolls-Royce ROCCS, ce qui nous donnent beaucoup de possibilités d’intervention, notamment par petits fonds, dans les fleuves par exemple », détaille le commandant du bateau.
« L’atout de Scania, c’est la synergie entre les départements, qui nous permet de faire évoluer nos moteurs en fonction de retour d’expérience très variés », reprend Joel Granath. « Et puis il y a le fait que, en raison de nos différents marchés, nous sommes présents partout: 1800 représentants et services dans le monde ». Un fort engagement en terme de maintenance, qui pourrait être un atout sur le marché très concurrentiel des moteurs rapides.
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