« Quels bateaux fait-on pour demain ? Des bateaux qui utilisent les technologies et innovations les plus efficaces au service des marins et de l’environnement ? C’est une réflexion de fond, qui nous guide à travers nos différents projets ». Laurent Mermier dirige le cabinet d’architecture navale Ship ST, dont le siège est au cœur du port de pêche de Lorient. Une équipe de 13 personnes, dont trois pour la filiale de Nantes, l’entoure et l’accompagne dans cette aventure lancée il y a 15 ans et qui compte déjà de très belles références. Plus de 1000 projets, en France et à l’étranger, dans de nombreux secteurs de la construction navale : de la servitude aux bateaux scientifiques, des navires de croisière de Ponant aux bateaux à voile, en passant par des équipements maritimes et même des établissements flottants recevant du public, qui sont d'ailleurs devenus une spécialité de Ship ST. Ont, ainsi, été récemment livrés le bateau restaurant Flow ou encore le restaurant La Barge du CROUS à Paris, inauguré par François Hollande en octobre dernier.
« Nous avons développé cette compétence, qui est très particulière. Nous travaillons avec des architectes DPLG pour la partie immergée de ces établissements. Après huit projets, nous sommes bien au point sur ces conceptions qui sont très réglementées ». Du sur-mesure, des projets un peu particuliers, c’est un peu l’ADN de Ship ST, qui travaille également en ce moment sur le Polar Pod de Jean-Louis Etienne. « Cela avance, nous espérons que le financement sera bouclé dans les mois à venir », poursuit Laurent Mermier.

Le projet Polar Pod (© SEPTIEME CONTINENT)
« Ce que nous aimons aussi beaucoup, c’est concevoir les bateaux qui font le trait d’union avec les îles ». Ship ST a par exemple travaillé sur la vedette Melvan de desserte des îles d’Houat et Hoedic, le plus petit pétrolier double coque du monde Anatife, le Fromveur II de Molène et Ouessant et, tout récemment, le ferry commandé par le Conseil Général du Morbihan aux chantiers Piriou. « Il sera construit ici à Lorient et livré en 2017. Nous sommes très heureux de collaborer à ce projet ». Parallèlement, le cabinet a réalisé les études et plans de deux bacs amphidromes de 50 mètres de long pour l’archipel de Mayotte. Construits aux chantiers CNOI, à l’île Maurice, ils seront livrés fin 2016.

Le futur bac de Mayotte (© SHIP ST)

Le pétrolier Anatife qui approvisionne Belle-Ile et Yeu (© MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)
Laurent Mermier n’est pas prêt de s’arrêter d’explorer les différents horizons maritimes. « Ce que nous voudrions vraiment c’est travailler dans la pêche ». L’architecte naval est attiré par ce milieu où « construire un bateau de demain a vraiment du sens ; c’est typiquement ce genre de projet où nous pouvons proposer des innovations qui pourront avoir un résultat concret pour l’équipage et pour l’environnement ». Ne disposant pas encore de références dans le milieu, où le cabinet commence cependant à être identifié, l’équipe de Ship ST a décidé de lancer une première application de sa réflexion de ce que pourrait être un bateau de pêche optimisé. « L’Opti-propulseur est une hélice fixe placée devant l’hélice du bateau. C’est un peu le principe des turbo-réacteurs des avions, des propulseurs à deux étages. En récupérant une partie de l’énergie de la rotation, on accroche mieux dans l’eau et cela permet de réaliser de gros gains d’énergie ».
Le principe de l'Opti-propulseur (© SHIP ST)
Montage d'un Opti-propulseur (© SHIP ST)
Ship ST s’est associé avec le patron de l’Alexandra, un chalutier de 24 mètres de l’armement Arco Breizh pour un test grandeur nature dont les premiers résultats sont concluants, environ 15% d’économie de combustible. « Nous avons changé les profils des pales de l’hélice, en nous appuyant sur des simulations effectuées au bassin de la DGA à Val de Reuil. Dans le secteur de la pêche, les profils des hélices n’ont pas évolué depuis des dizaines d’années. Mieux adaptés, ceux-ci permettent un rendement accru de 30 à 35% sur un chalutier. C’est comme la propulsion, beaucoup de bateaux sont actuellement sur-motorisés, parce que mal optimisés ».
Et parce que Laurent Mermier et son équipe croient vraiment à la pêche, ils ont beaucoup travaillé. « Nous avons dessiné deux avant-projets de chalutiers, un de 14 mètres, un autre de 17 mètres ». Deux bateaux dans lesquels, ils ont concentré leur vision d’un bateau de pêche moderne, « avec des solutions les plus confortables pour les marins » et un beau rendement de 30kg de traction par kilowatt de propulsion. Un projet pour un bateau de 12 mètres spécialisé dans les arts dormants est également dans les tuyaux.

Chalutier (© SHIP ST)