Le dossier du chantier Sibiril Technologies de Carantec (Finistère) a fait l’objet le 25 janvier d’un point d’étape au tribunal de commerce de Brest, qui l’a placé en redressement le 14 décembre. A l’issue de cette audience, conformément à la demande de l’administratrice judiciaire, la période d’observation de l’entreprise a été maintenue et le délai permettant aux repreneurs potentiels de remettre une offre a été de nouveau prolongé. « La date limite de dépôt des offres a été reportée au 14 février prochain », indique à Mer et Marine maître Sophie Gauthier. Compte tenu des délais habituels, les offres devraient logiquement être examinées une quinzaine de jours plus tard.
Après avoir accusé de lourdes pertes depuis deux ans, Sibiril a pour mémoire été placé en redressement judiciaire le 14 décembre, avec une date initiale de remise des offres de reprise le 10 janvier, reportée ensuite au 31 janvier et donc maintenant au 14 février.
Le chantier breton, qui compte 20 salariés, continue de travailler, en particulier sur le dernier des cinq canots tous temps de nouvelle génération (CTT NG) commandés par la Société Nationale de Sauvetage en Mer. Bien que la trésorerie de Sibiril est exsangue, sa construction peut se poursuivre du fait que l’association avance l’argent : « Depuis le placement en redressement judiciaire, la SNSM aide le chantier autant que nécessaire. Nous achetons tous les approvisionnements, toute la matière, dont les ouvriers ont besoin pour travailler et terminer notre canot », explique à Mer et Marine Emmanuel de Oliveira, président de la SNSM. Ce dernier rejette au passage l’idée selon laquelle l’association serait responsable du naufrage de l’entreprise. Certes, Sibiril, comme d’autres chantiers travaillant depuis longtemps avec les sauveteurs en mer, a durement souffert de l’arrêt des commandes de la SNSM, qui dans le cadre de son projet Flottes du futur a décidé de confier la construction de tous ses futurs bateaux à Couach. Mais Emmanuel de Oliveira rappelle dans le même temps que l’association, qui « a fourni un plan de charge à Sibiril depuis 2013 », a connu « des retards extrêmement importants dans les livraisons ces dernières années ». Il évoque également « l’annulation à l’automne 2020 d’une commande que nous avions passée pour une vedette de type V2NG, le chantier nous expliquant qu’il n’avait pas les capacités de la faire en raison d’un plan de charge trop important. Nous n’avons en tous cas jamais fait jouer les pénalités de retard pour ne pas aggraver les difficultés du chantier. Nous n’avons rien contre Sibiril et nous espérons que le chantier trouvera un repreneur ».
Long de 19 mètres, le dernier des cinq CTT NG, qui si tout va bien devrait être achevé au printemps, est destiné à la station de Saint-Malo. Les quatre premiers exemplaires de cette série adoptant le design ORC 178.R de Didier Marchand, ont pour mémoire été livrés en 2015, 2016, 2017 et 2021 aux stations de l’île de Sein, des Sables d’Olonne, de Sète et de Saint-Tropez.
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