Trois candidats s'étaient positionnés pour le rachat des chantiers de Saint-Nazaire mais seulement un a finalement déposé une offre au tribunal de Séoul en charge de la vente des actifs du groupe sud-coréen STX Offshore & Shipbuilding. Selon nos informations, il s'agit de l'Italien Fincantieri.
Le groupe asiatique Genting, qui suscitait un rejet unanime dans l'Hexagone, risquait de se voir opposer un refus du gouvernement français. De plus, le fait que les armateurs MSC Cruises et Royal Caribbean Cruises Ltd aient confirmé la semaine dernière les commandes de plusieurs navires, saturant l'outil industriel de STX France jusqu'en 2022, rendait le rachat de Saint-Nazaire bien moins intéressant pour Genting, qui convoitait non seulement l'ingénierie française mais aussi, et peut-être surtout, des capacités pour réaliser les très gros paquebots destinés à ses filiales.
Quant au consortium emmené par le groupe néerlandais Damen et dont faisaient partie MSC et RCCL, il n'a donc pas non plus, et c'est là une très grosse surprise, fait d'offre. On ne connaît pas les raisons de ce retrait, qui n'a pu logiquement intervenir, compte-tenu de l'énergie dépensée par le trio ces derniers mois dans ce projet, qu'en raison d'une mésentente ou d'un revirement stratégique de dernière minute d'un ou plusieurs des partenaires.
Le tribunal de Séoul doit, désormais, rendre son avis le 3 janvier sur la seule offre dont il dispose. S'il juge la proposition de Fincantieri trop basse financièrement, il pourra la rejeter. Mais il faudrait alors relancer tout le processus de vente, ce qui ne serait pas forcément dans l'intérêt des créanciers du groupe STX O&S, à savoir les banques coréennes, qui ont déjà perdu beaucoup d'argent avec le constructeur et souhaitent naturellement solder ce dossier au plus vite.
Par ailleurs, si l'offre de Fincantieri pour le rachat des parts de STX dans les chantiers nazairiens (66.66 %) est actée a Seoul, elle devra être validée par le gouvernement français, avec lequel devra être conclu un nouveau pacte d'actionnaires, l'Etat détenant 33.34 % de l'entreprise. Celui-ci demandera très probablement au groupe italien des garanties, notamment sur ses relations avec les chantiers chinois, mais aussi l'assurance qu'en cas de retournement de conjoncture, Saint-Nazaire ne soit pas sacrifié au profit des sites italiens de Fincantieri.
Enfin, au cas où le constructeur italien est bien désigné comme repreneur, il conviendra de voir s'il conserve l'ensemble des parts actuelles de STX ou s'il décide d'ouvrir le capital à d'autres acteurs. On peut par exemple penser à DCNS, mais aussi, pourquoi pas, à RCCL et/ou MSC, s'ils sont toujours intéressés par une prise de participation. Cela permettrait en effet à Fincantieri de garantir la présence à Saint-Nazaire sur le long terme de ces armateurs, qui lui ont été plutôt hostiles jusqu'ici. Et pour les deux principaux clients de STX France, ce serait une façon de disposer d'un moyen de contrôle sur l'outil industriel dont dépend l'essentiel de leur plan de développement au cours de la prochaine décennie.