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Le montage financier du nouveau navire de Brittany Ferries, commandé en janvier dernier au chantier de Saint-Nazaire, n’a pas pu être bouclé cet été. STX France, qui avait laissé plusieurs semaines à son client pour trouver une solution (la date butoir pour la finalisation du financement était initialement fixée au 30 juin), a été contraint de suspendre le projet, connu sous le nom de Pegasis. L’entreprise et ses sous-traitants ne peuvent en effet aller plus avant sans les versements prévus par un contrat qui n’est pas entré en vigueur.

Malgré tout, le constructeur et l’armement de Roscoff espèrent encore sauver cette commande, très importante pour le plan de charge de Saint-Nazaire et cruciale dans la stratégie de transition énergétique de Brittany Ferries vers des navires propulsés au gaz naturel liquéfié. « Le projet est à l’ordre du jour. Nous sommes dans une stratégie confirmée de construction du Pegasis », assure Jean-François Jacob, président de la Société d’intérêt collectif agricole (SICA) de Saint-Pol-de-Léon (Finistère), propriétaire de Brittany Ferries et qui doit financer le navire, d’un coût de 270 millions d’euros.

 

 

Report à 2017, voire 2018

 

 

Les négociations se poursuivent donc, avec apparemment comme objectif de lever le blocage financier d’ici la fin de l’année. Toutefois, il est désormais trop tard pour que le ferry soit livré comme prévu fin 2016. Car, ces derniers mois, STX France a enregistré plusieurs grosses commandes de paquebots. Après l’Oasis 3 au printemps 2016, Saint-Nazaire doit livrer le premier des deux nouveaux géants destinés à MSC au premier trimestre 2017. Puis ce sera au tour de l’Oasis 4 un an plus tard. Il serait donc désormais question, si la commande de Brittany Ferries parvient à se concrétiser, que l’achèvement du navire soit reporté à 2017, peut-être même 2018. Tout dépend de la date à laquelle le dossier serait bouclé.

 

 

Mauvaise nouvelle pour le plan de charge de Saint-Nazaire

 

 

Quoiqu’il en soit, un tel retard ne sera pas sans conséquence. Pour STX France tout d’abord, dont les ateliers de fabrication devaient en grande partie tourner l’an prochain grâce au navire de Brittany Ferries. Ce dernier devait prendre le relais de l’Oasis 3, dont les dernières tôles seront découpées au cours de l’hiver, la mise à l’eau de ce paquebot étant prévue à l’été 2015. Un important creux de charge pourrait donc survenir l’an prochain. Pour les sous-traitants du chantier, également, le gel du projet est un coup dur, surtout après la période très difficile traversée ces dernières années. Chez les fournisseurs, nombreux sont ceux qui misent sur Pegasis, un navire de grande taille et innovant grâce à sa nouvelle propulsion au GNL.

Pour mémoire, le navire issu du projet Pegasis doit donner naissance à l’un des plus grands ferries du monde, avec une longueur de 210 mètres, une largeur de 31 mètres et une jauge de 53.000 GT. Un bateau capable de transporter jusqu’à 2474 passagers et disposant de 3640 mètres linéaires de garages, de quoi par exemple embarquer 42 pièces de fret et 650 voitures. 

 

 

Pièce maîtresse du plan de transition énergétique de la compagnie

 

 

Enfin, du côté de Brittany Ferries, le report de la construction de son prochain navire est problématique puisqu’il doit remplacer le Bretagne, qui date de 1989 et est trop vieux pour être mis aux nouvelles normes concernant les émissions polluantes. Alors que la compagnie cherche toujours à obtenir une dérogation quant à l’entrée en vigueur, le 1er janvier 2015, de la règlementation sur la limitation des émissions de soufre, Pegasis tient une place centrale dans le plan d’adaptation de sa flotte à ces nouvelles obligations environnementales. En plus de ce grand ferry, l’armement a prévu de remotoriser avec une propulsion au GNL l’Armorique et le Mont St Michel en 2016, puis le Pont Aven en 2017. Plus anciens, les Normandie, Barfleur et Cap Finistère doivent être équipés de systèmes de lavage de fumée (scrubbers) dès 2015.

Il reste donc à voir quelles conséquences sur la flotte, son exploitation comme sa taille et en filigrane les emplois induits, le report de Pegasis pourrait avoir. Tout comme la nécessité pour la compagnie de se conformer à la directive soufre dès l’an prochain si elle n’obtient pas de délai supplémentaire.

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