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Enclenché au printemps et confié au Crédit Suisse par le groupe sud-coréen STX Offshore & Shipbuilding, le processus de vente de STX France va franchir une nouvelle étape. Alors que les Sud-coréens ont fait savoir qu’ils souhaitent aller vite, avec pour objectif de boucler la cession de Saint-Nazaire et Lanester (Lorient) avant la fin de l’année, différents repreneurs potentiels ont été approchés. Et les candidats intéressés ont jusqu’au début de ce mois de juillet pour se faire connaître. Les dossiers considérés comme les plus sérieux seront retenus au sein d’une short list. Commencera alors une nouvelle phase, qui verra les candidats retenus affiner leur offre. Pour cela, ils viendront visiter le chantier, examineront l’ensemble des actifs et éplucherons ses comptes. De là, ils feront savoir au Crédit Suisse et à STX s’ils sont toujours intéressés et, si tel est le cas, pour quel montant ils proposent de racheter l’entreprise.

 

 

Faibles perspectives côté français et européen

 

 

Alors que la liste des prétendants devrait demeurer secrète, leur nombre pourrait bien être limité. Aucune solution française ne parait devoir émerger (si ce n’est peut être pour Lorient, voir plus loin), quant aux options européennes, elles semblent très limitées. L’Allemand Meyer Werft, avec lequel un rapprochement aurait pu faire sens, préfère manifestement reprendre le chantier finlandais de Turku, également propriété de STX. Selon le gouvernement d’Helsinki, un accord pourrait être annoncé d’ici la fin de semaine prochaine. Quant à l’Italien Fincantieri, il peine déjà à remplir ses huit chantiers, on le voit donc mal, sauf à vouloir limiter la concurrence et élargir son portefeuille de clients, postuler à la reprise de Saint-Nazaire. Au-delà de la construction navale, les industriels européens susceptibles d’être intéressés ne sont pas non plus légion, si tant est qu’ils existent. Quant aux investisseurs financiers, cette solution parait exclue tant la rentabilité de cette activité est faible.

 

 

La solution asiatique toujours la plus évidente

 

 

La piste la plus plausible réside donc dans la candidature d’autres constructeurs asiatiques. Les Chinois, bien que n’ayant pas montré jusqu’ici d’appétit particulier pour les chantiers occidentaux, pourraient être tentés par l’acquisition d’une entreprise travaillant sur des navires à forte valeur ajoutée. Ils pourraient y voir une opportunité pour renforcer la montée en puissance technologique de leurs propres chantiers.  Les Japonais ? Il s’agit déjà d’un grand pays de construction navale, qui réalise déjà des navires complexes, quoique les dernières expériences des chantiers nippons dans la croisière ne soient pas aussi réussies que prévues, comme en témoignent les six mois de retard pris par Mitsubishi dans la fabrication du paquebot commandé par la compagnie allemande AIDA Cruises. S’offrir un industriel maîtrisant ce savoir-faire ne serait donc pas illogique, mais ce n’est pas l’hypothèse la plus plausible pour le moment. C’est surtout du côté de la Corée du sud que l’intérêt devrait être le plus marqué. Aux dires d’un participant à une récente réunion entre les élus ligériens et le ministre de l’Economie à Bercy, le nom de Samsung a, notamment, été avancé. Mais on pourrait aussi bien imaginer l’un de ses compatriotes, comme Daewoo. Tous deux ont en effet manifesté leur intention, ces dernières années, de se lancer dans le secteur de la croisière. Dans tous les cas, il faut rappeler que seuls 66.66% de STX France sont à vendre, le reste du capital de l’entreprise étant détenu par l’Etat.

 

 

Le parapluie de l’Etat

 

 

Ce dernier aura donc son mot à dire, surtout s’il considère qu’il y a un risque de pillage de savoir-faire et de technologies sensibles. Dans ce cas, le gouvernement français a la capacité de s’opposer à tel ou tel repreneur que choisirait STX Offshore & Shipbuilding pour conclure la vente. Ce qui signifie aussi qu’à défaut d’accord entre Français et Sud-coréens, le statut quo, c'est-à-dire le maintien en l’état des participations, est toujours possible sur une période plus ou moins longue.

Au-delà de Saint-Nazaire, il conviendra également de voir ce que deviendra Lorient et si le site peut, comme on le murmure ici et là, intéresser DCNS et Piriou dans le cadre de leur société commune, Kership. Si celle-ci parvient à décrocher plusieurs contrats d’affilée, elle aura en effet besoin de capacités supplémentaires. Mais ce n’est pour le moment pas encore le cas.   

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