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Le chantier STX France de Saint-Nazaire a procédé le 29 octobre à la mise sur cale du sistership de l’Harmony of the Seas, en achèvement à flot et qui deviendra à sa livraison en avril 2016 le plus grand paquebot du monde. Le premier bloc de son jumeau, une imposante structure de 1000 tonnes, large de 47 mètres et profond de 10 mètres, a été posé dans la forme de construction. Il en faudra 90 pour constituer la coque du géant de 2700 cabines, long de 362 mètres pour une largeur de 57 mètres et une jauge de 227.000 GT. Le nouveau paquebot, connu chez STX France suivant son numéro de coque, B34 (A34 correspond à l’Harmony of the Seas), a été mis sur cale de manière très anticipée, sa livraison n’étant prévue qu’au printemps 2018. Afin de lisser la production et combler un creux de charge entre l’Harmony of the Seas et le premier des quatre nouveaux paquebots de l’armement italo-suisse MSC Cruises, le chantier a en effet réalisé, en avance de phase, une dizaine de blocs du B34. Cette section va être assemblée dans la Forme A d’ici la fin de l’année puis sera mise sous « cocon » en vue d’une reprise des travaux au printemps 2016.

 

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© RCI

Paquebot du type Harmony of the Seas (© : RCI) 

 

Mise sur cale du MSC Meraviglia à la fin du mois

Entretemps, le futur MSC Meraviglia (E34), dont la découpe de la première tôle est intervenue en avril dernier, sera mis sur cale à la fin de ce mois. Livrable au printemps 2017, il sera directement assemblé dans la Forme B, dite « forme profonde », qui prolonge la Forme A et s’ouvre directement sur la Loire.

 

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© STX FRANCE - BERNARD BIGER

L'Harmony of the Seas après sa mise à flot en juin (© : STX FRANCE - BERNARD BIGER) 

 

L’Harmony of the Seas achevé à 80%

Mis à l’eau en juin dernier, l’Harmony of the Seas est, quant à lui, toujours en achèvement à flot dans le Bassin C. Le navire géant est aujourd’hui terminé à 80% et plus de 2000 personnes travaillent à bord pour réaliser les espaces publics. Les dernières cabines préfabriquées, livrées par la nouvelle unité de production de Brais, ont été embarquées vendredi dernier. Le navire doit réaliser sa première sortie d’essais en mer en février, une seconde étant prévue le mois suivant avant la livraison du paquebot à la compagnie américaine Royal Caribbean International, programmée fin avril.

Le B34, que RCI exploitera peut-être en Chine, devrait être légèrement différent de son aîné, qui est déjà une évolution des Oasis of the Seas et Allure of the Seas, mis en service en 2009 et 2010. Outre de nouveaux espaces publics, l’A34 connait d’importantes évolutions au niveau des parties techniques, permettant en particulier de réduire significativement sa consommation énergétique.

 

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© STX FRANCE

Le futur MSC Meraviglia (© : STX FRANCE) 

 

Un carnet de commande qui s’étale jusqu’en 2022

Concernant le plan de charge de STX France, le chantier nazairien tourne de nouveau à plein régime. En plus des A34 et B34, le MSC Meraviglia (E34) va inaugurer une nouvelle série de navires de 315 mètres, 167.700 GT et 2250 cabines. Son premier sistership (F34) est déjà commandé pour une livraison en 2019, deux autres unités du même type (G34 et H34) faisant l’objet d’une option, leur mise en service étant prévue entre 2020 et 2022. En parallèle, STX France s’est vu confier la construction de la nouvelle génération de paquebots de la compagnie américaine Celebrity Cruises (projet Edge). Les études de ces navires hauts de gamme de 300 mètres, 117.000 GT et 1450 cabines se poursuivent. Les deux premières unités doivent entrer en flotte à l’automne 2018 et début 2020, un troisième navire faisant l’objet d’une option pour une livraison vers 2022. STX France a donc du pain sur la planche pour de nombreuses années mais, malgré ce carnet de commandes record, il va devoir enregistrer de nouveaux contrats assez rapidement, ne serait-ce que pour assurer du travail aux bureaux d’études, dont la charge devrait, en l’état actuel des choses, commencer à décliner fin 2016. Si le chantier ne peut plus accepter pour l’instant de gros paquebot en raison de la saturation de son outil industriel, il est en revanche possible d’intercaler entre deux grands bateaux des navires de petite ou moyenne taille.

 

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© STX FRANCE - BERNARD BIGER

La nouvelle usine Anemos (© : STX FRANCE) 

 

Eolien offshore : Deux sous-stations électriques à construire

En dehors de la croisière, STX France poursuit sa diversification dans les énergies marines. La nouvelle usine inaugurée cet été aux abords du Bassin C a enregistré ses premières commandes, avec deux sous-stations électriques de champs éoliens offshores situées en Europe du nord. Ces unités de 500 MW sont livrables fin 2017 et début 2018. A pleine charge, l’usine Anemos emploiera 200 personnels de STX France et de ses sous-traitants. Les équipes seront complètes d’ici l’an prochain, la production devant débuter en 2016 à l’issue des phases de conception de sous-stations. Le chantier va recourir à sa propre force de travail, qui a acquis un précieux savoir-faire avec les précédents contrats réalisés dans les EMR (sous-station pour Dong et jacket pour Alstom). Sur la base d’un appel au volontariat, plusieurs dizaines de salariés, soudeurs et charpentiers métaux notamment, vont rejoindre Anemos. S’y ajouteront de nouvelles recrues, un plan d’embauches ayant été lancé, appuyé par des contrats de professionnalisation.

 

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© STX FRANCE

Sous-station électrique (© : STX FRANCE) 

 

Augmentation sensible des effectifs

Le regain d’activité aux chantiers s’est traduit par une hausse sensible des effectifs. STX France, qui a embauché 400 personnes en trois ans, compte aujourd’hui 2660 salariés, 150 nouveaux recrutements, pour un tiers d’ouvriers, étant prévus dans les 9 prochains mois. Quant aux sous-traitants, leurs effectifs ont doublé depuis 2012, atteignant désormais 4000 personnes. Au global, plus de 6000 salariés de STX France et de ses fournisseurs sont à pied d’œuvre sur le chantier, un chiffre qui pourrait monter à 8000 dans les prochaines années. Une partie est constituée de travailleurs détachés, du fait notamment que les entreprises françaises ne parviennent pas à trouver dans l’Hexagone des personnels qualifiés dans de nombreuses spécialités (soudeur, chaudronnier, charpentier…). Ces métiers souffrent toujours, et c’est un problème qui dépasse largement le bassin nazairien, d’un flagrant d’intérêt et d’attractivité auprès des jeunes et demandeurs d’emplois.

 

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© MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU

Un soudeur de STX France (© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU) 

 

Intégration de scrubbers sur les navires de Brittany Ferries

Pour en revenir au plan de charge, on rappellera que STX France ne travaille pas uniquement à Saint-Nazaire. Le chantier est également impliqué dans des missions ponctuelles à l’extérieur, comme l’intégration de systèmes de lavage de fumées (scrubbers) sur les navires de Brittany Ferries. Après le Normandie, le Cap Finistère et le Barfleur, c’est le Mont St Michel qui fait actuellement l’objet de cette refonte. Les travaux, réalisés à Santander, en Espagne, sont supervisés par STX France, qui veillera ensuite à l’intégration des scrubbers sur les ferries Armorique et Pont Aven.

 

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© BRITTANY FERRIES

Le ferry Normandie après intégration des scrubbers (© : BRITTANY FERRIES) 

 

MCO de bâtiments de la Marine nationale

Le chantier nazairien, qui a également développé une offre sur le segment militaire, en particulier un concept de corvette et un design de frégate de surveillance de nouvelle génération, assure aussi, en coopération avec DCNS, le maintien en condition opérationnelle et les réparations de différentes unités de la Marine nationale. C’est le cas des bâtiments de projection et de commandement, ainsi que des frégates de surveillance. A ce titre, la remise en état de la FS Nivôse (victime d’un grave incendie en octobre 2014) s’achève à La Réunion, alors qu’a débuté récemment à Toulon un arrêt technique majeur du BPC Tonnerre.

 

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© MER ET MARINE - JEAN-LOUIS VENNE

Le BPC Tonnerre en cale sèche à Toulon (© : MER ET MARINE - JEAN-LOUIS VENNE) 

 

Départ des ex-BPC russes avant l’été prochain

Quant aux ex-BPC russes Vladivostok et Sevastpol (M33 et N33), revendus par la France à l’Egypte, ils sont toujours à quai dans le bassin de Penhoët. Début 2016, les futurs équipages égyptiens, soit quelques 400 marins, arriveront à Saint-Nazaire afin d’être formés à la mise en œuvre des bâtiments sous la houlette de DCNS et DCI Navfco. A l’issue de cette formation, qui comprendra des sorties en mer, le départ des BPC vers Alexandrie est prévu autour du mois de juin.

 

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© MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU

Les ex-BPC russes dans le bassin de Penhoët (© : MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU) 

 

Un chantier qui ne gagne toujours pas d’argent

Malgré les prises de commandes et le retour à la pleine charge, la situation économique du chantier doit encore être améliorée. Certes, le chiffre d’affaires de STX France, qui était jusqu’ici de 600 à 700 millions d’euros par an, va de nouveau atteindre le milliard d’euros à partir de 2017. Mais, pour l’heure, les bénéfices se font attendre. Alors que les marges sur le marché des paquebots sont généralement très faibles, on se souvient que la commande de l’Harmony of the Seas avait été prise en décembre 2012 pour relancer l’activité des chantiers, alors en grande difficulté. Mais ce contrat a été signé à des conditions économiques très tendues, qui pèsent aujourd’hui sur les résultats. Ainsi, l’année 2015 devrait, financièrement, se terminer seulement à l’équilibre. Et 2016 sera encore une année délicate. Une situation que la direction souhaite entend bien voir évoluer, estimant nécessaire que STX France réalise des bénéfices afin de pouvoir poursuivre ses investissements pour demeurer compétitif, mais aussi garder la confiance des clients, des banques et des investisseurs. Le projet de vente des parts du groupe sud-coréen STX Offshore & Shipbuilding, qui détient 66.66% de l’entreprise aux côtés de l’Etat (33.34%), il n’est plus officiellement d’actualité. Mais il pourrait évidemment revenir sur la table si un candidat au rachat présentait une offre intéressante à STX. 

 

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© NSNP - ANDRE BOCQUEL

(© : NANTES SAINT-NAZAIRE PORT - ANDRE BOCQUEL) 

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