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Un projet de restructuration a été annoncé lundi, en Comité d'entreprise, aux salariés du site STX France de Lanester, près de Lorient. Faute d’activité suffisante, la direction envisage selon les représentants syndicaux de supprimer jusqu’à 47 postes sur le site, qui n’emploie plus que 90 personnes. Les discussions sur le plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) lié à ce projet vont débuter lundi prochain et dureront au moins deux mois. Au sein des salariés, l’inquiétude est évidemment très vive. « Avec des effectifs aussi faibles, on peut se poser la question de la survie du site. Pour nous, ce PSE constitue soit la première étape d’une fermeture définitive à l’été 2015, soit un préalable à la revente du site à un autre constructeur comme Piriou », explique-t-on à la CGT, où l’on appelle à la mobilisation pour sauvegarder l’emploi et assurer la pérennité du chantier.

 

La piste Piriou

 

Déjà évoquée l’an dernier, une reprise par Piriou demeure donc une éventualité pour le syndicat. Quoiqu'il en soit, un tel scénario ne serait envisageable que si le constructeur concarnois était dans l'obligation d'étendre ses capacités industrielles pour répondre à un surcroît de commandes. Ce qui pourrait être le cas grâce au développement de son activité sur le segment militaire, où il travaille notamment, depuis 2013, en partenariat avec DCNS au travers d'une société commune, Kership, spécialisée dans les patrouilleurs conçus aux normes civiles. Pour l’heure, Piriou doit dans le domaine des bateaux gris réaliser à Concarneau les trois bâtiments multi-missions (B2M) livrables à la marine française en 2015 et 2016, ainsi qu’un patrouilleur commandé par le Gabon, qui doit être achevé mi-2016. Son outil industriel est à priori suffisant pour cette charge de travail, mais ce ne sera peut être plus le cas si une ou plusieurs grosses commandes sont décrochées. On peut non seulement penser à l’export, mais aussi à certains projets français, comme le programme des huit bâtiments de soutien et d’assistance hauturiers (BSAH) ainsi que celui des deux patrouilleurs légers guyanais (PLG), dont la notification est attendue d’ici la fin de l’année à l'issue des appels d'offres respectifs. Et puis il y a aussi des perspectives dans le secteur civil, qui pourraient là aussi réclamer des capacités complémentaires. 

 

Le ferry de Groix comme planche de salut ?

 

Sur le site morbihannais de STX France, l'hypothèse d'une reprise suscite en tous cas quelques méfiances. « Il ne faudrait pas que l'on ne soit là que pour réaliser des morceaux de coque car, cela, on peut toujours le faire ailleurs et pour moins cher », estime la CGT, qui tient à ce que le chantier puisse continuer à gérer ses propres projets. Sauf qu'actuellement, les opportunités ne sont pas légion. En fait, le syndicat semble penser que la seule planche de salut actuellement à la portée de Lanester est le projet de nouveau ferry pour la desserte de l’île de Groix. « Le Conseil général du Morbihan doit se dépêcher de prendre sa décision et nous allons les interpeller en ce sens ». La commande de ce navire, qui fait l’objet d’un appel d’offres sur lequel plusieurs chantiers ont postulé (dont Piriou), demeure néanmoins un dossier complexe compte tenu des soubresauts qui agitent actuellement le contrat de délégation de service public vers les îles du Morbihan.

 

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© MER ET MARINE - CAROLINE BRITZ

Le Kedougou a été mis à l'eau le mois dernier (© MER ET MARINE - CAROLINE BRITZ)

 

Un dernier patrouilleur et les cheminées de l'Oasis 3

 

Pour ce qui est du secteur militaire, rien de neuf, sauf excellente surprise, ne semble devoir venir à court terme de la part de Raidco Marine, qui a assuré le gros du plan de charge de Lanester cette année en lui sous-traitant la réalisation de patrouilleurs dotés d'une coque en acier (les projets avec coques en composite sont confiés par Raidco au chantier Ufast de Quimper). Ainsi, deux unités de 33 mètres ont été livrées au Togo ces derniers mois, alors qu'un bâtiment de 45 mètres a été mis à flot en octobre. Destiné au Sénégal, le Kedougou est d'ailleurs le dernier navire sur lequel travaillent les équipes de Lanester. Après sa livraison, prévue en janvier, il n’y a plus pour le moment, dans les prévisions, qu’un transfert de charge depuis Saint-Nazaire. STX France a, en effet, décidé de confier à son site morbihannais la fabrication des deux cheminées du paquebot géant A34 (Oasis 3), qui devraient être achevées d'ici le mois de mai. 

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