Si la situation du chantier de Saint-Nazaire est actuellement difficile, celle de l'autre site de STX France, près de Lorient, est peut-être encore plus grave. Le chantier du Rohu, situé sur la commune de Lanester, achève en effet ses derniers navires. Mis à flot en mars, le sablier St Pierre, un navire de 84 mètres commandé par la compagnie française STFMO, devrait effectuer ses essais à la fin du mois pour une livraison dans le courant de l'été. Quant à la navette de transport de passagers construite pour la communauté d'agglomération de Lorient, ce catamaran électrique de 22 mètres doit être achevé fin septembre. Ensuite, le carnet de commandes est vide. D'où la vive inquiétude exprimée par la CGT, qui craint même pour la pérennité du site morbihannais de STX France : « Si nous ne prenons pas une commande dans les toutes prochaines semaines, nous seront très mal », s'alarme un responsable syndical. Le navire de l'agglomération de Lorient en construction (© : STX FRANCE - BERNARD BIGER) Pour l'heure, le chantier, qui emploie 120 personnes, ne connaît pas de mesures de chômage partiel. La baisse de charge est gérée par des redéploiements, à Saint-Nazaire, ou même à Brest, où STX assure le maintient en condition opérationnelle du bâtiment de commandement et de ravitaillement Somme, de la Marine nationale. Un gros contrat de sous-traitance, qui porte sur la réalisation de blocs de frégates multi-missions (FREMM), occupe également 35 salariés sur le site DCNS de Lorient. Mais le départ prochain du St Pierre, qui mobilise une vingtaine de personnes, puis du navire de l'agglomération de Lorient, sur lequel travaillent une dizaine d'autres salariés, arrive à grands pas et le plan de charge de Saint-Nazaire diminuant lui aussi, les possibilités de redéploiement deviennent très restreintes. Signer une commande au plus vite D'où la nécessité, pour assurer la survie du chantier de Lanester, de signer au plus vite une commande. La CGT espère que le Conseil général de Gironde, qui a récemment lancé un appel d'offres pour la réalisation d'un bac de 60 mètres devant relier Blaye et Lamarque, sera sensible à la situation de STX Lorient. « Prendre ce projet est vital à court terme de manière à ce que l'on puisse démarrer la construction à la fin de l'année. Si on ne l'a pas, les carottes seront peut-être cuites, à moins que la direction nous sorte une autre commande du chapeau ». Du côté de la direction, on se veut actuellement très discret sur les discussions avec des clients potentiels. Il y aurait des pistes, mais on n'en dit pas plus, pour ne pas donner d'indications à la concurrence. Le patrouilleur marocain Bir an Zaran (© : RAIDCO MARINE) Le ferry norvégien Tidekongen (© : STX FRANCE - BERNARD BIGER) Toujours est-il que STX Lorient semble toujours présenter un potentiel intéressant. Capable de réaliser des navires longs d'une centaine de mètres, le site du Rohu a, ces dernières années, réalisé des navires très différents, comme le patrouilleur hauturier Bir an Zaran (type OPV 70) de 70 mètres, vendu par Raidco Marine à la marine marocaine et livré en 2011. Trois autres étaient initialement prévus mais, pour le moment, rien n'a été signé. STX Lorient semble, en tous cas, avoir une carte à jouer sur les petits bâtiments militaires. Dans le domaine des navires civils, on retiendra les trois ferries de 50 mètres propulsés au gaz naturel liquéfié (GNL), achevés en 2009 pour la compagnie norvégienne Tide Sjø. Un beau contrat, sur des navires innovants, qui n'a malheureusement pas encore débouché sur d'autres commandes. STX Lorient fonde également de grands espoirs dans le catamaran de l'agglomération lorientaise, un bateau tout électrique et non polluant doté de super-condensateurs. Grâce à cette solution innovante, brevetée par STX France, le navire stocke une énergie propre (sans émission de CO2, de SOx et de NOx) en quantité strictement nécessaire à sa rotation, et peut recharger sur le temps d'une escale. Le concept pourrait intéresser différents opérateurs mais ces derniers attendent sans doute, avant de passer commande, de voir comment le bateau va se comporter en exploitation et si les performances annoncées sont au rendez-vous. Le navire de l'agglomération de Lorient (© : STX FRANCE)

© STX FRANCE - BERNARD BIGER