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Dans le cadre du processus d’information/consultation du Comité d’entreprise de STX France sur le projet de reprise des chantiers nazairiens par Fincantieri, les experts mandatés par le CE ont, enfin, pu commencer à travailler sur le fond du dossier. Rien ne s’était pour mémoire passé depuis le 13 avril et l’envoi par Fincantieri d’un premier document de 15 pages très généraliste sur le projet de rachat des parts du groupe sud-coréen STX Offshore & Shipbuilding par le constructeur public italien.

Premier rendez-vous à Bercy

De source syndicale, l’équipe du cabinet Secafi a fini par décrocher son premier rendez-vous vendredi dernier à Bercy. Une rencontre organisée suite au feu vert donné par l’Etat et Fincantieri pour la consultation du protocole d’accord conclu par les deux parties le 12 avril. Ces documents ne seront finalement pas totalement ni directement accessibles aux représentants du CE de STX France. Seuls leurs experts ont en effet été autorisés à les examiner dans les locaux du ministère. Et encore, il semblerait qu’ils ne pourront pas vérifier sur pièces l’ensemble du protocole, certains documents étant apparemment considérés comme confidentiels. Ce serait en particulier le cas pour des sujets relatifs aux activités liées à la défense nationale, même si on ne voit pas bien ce qu’il y aurait de secret à ce niveau entre Saint-Nazaire, Fincantieri et DCNS, à moins que des accords industriels sur l’avenir aient été conclus en marge de la seule reprise.

Seulement deux jours pour rendre un avis

En plus de la consultation de documents à Bercy, les experts vont également interroger dans les jours qui viennent plusieurs responsables de Fincantieri. A l’issue d’une enquête « éclair », ils devront restituer leurs travaux à la commission économique du Comité d’entreprise dès le 16 mai. Avec là aussi, selon le degré de confidentialité des documents qu’ils auront pu consulter, des incertitudes quant au niveau de détail qui pourra être transmis aux élus du CE. Pour couronner le tout, ces derniers n’auront apparemment que 48 heures pour se prononcer, deux responsables syndicaux confirmant que l’avis du CE devra être rendu le 18 mai. Autant dire qu’ils n’auront vraiment pas beaucoup de temps, à la lumière des éléments plus ou moins détaillés qu’ils auront en leur possession, pour peser le pour et le contre d’un rachat par Fincantieri.

Nouveau gouvernement

L’avis du Comité d’entreprise sur le projet de cession, s’il est obligatoire, n’est pour mémoire que consultatif et ne peut à lui seul bloquer l’opération. Mais il peut avoir une importance politique, d’autant que le nouveau gouvernement, qui sera nommé suite à l’élection d’Emmanuel Macron, aura à réexaminer le dossier, que le président connait très bien. Le protocole d’accord conclu le 12 avril maintient en effet le droit de préemption de l’Etat sur les parts de STX, une possibilité que la France pourra activer pendant deux mois une fois la convention de cession signée entre Fincantieri et le tribunal de Séoul chargé de la vente des actifs du groupe coréen, actionnaire majoritaire des ex-Chantiers de l’Atlantique depuis 2008.

Alors que la reprise par les Italiens inquiète beaucoup de monde à Saint-Nazaire, ce dossier pourrait devenir un enjeu de la campagne des législatives, qui s’engage tout juste. On s’en souvient, de nombreux candidats à la présidentielle avaient appelé à une prise de contrôle par l’Etat, au nom de la sauvegarde du chantier, des intérêts stratégiques qu’il représente et des incertitudes pensant sur une intégration à Fincantieri. Au niveau local, le parti de Jean-Luc Mélenchon, la France Insoumise (qui organise une conférence-débat sur le sujet le 11 mai) appelle notamment à la préemption des parts de STX et à l’examen du « plan B », porté par les principaux clients des chantiers.

7 nouveaux paquebots dans la balance

RCCL et MSC vont en effet renouveler auprès du nouveau président de la République leur projet de reprise des parts de STX, activable immédiatement et qui prévoit une participation des salariés (environ 10%) ainsi que de DCNS. Les armateurs, qui décidemment ne veulent vraiment pas voir Fincantieri s’emparer de Saint-Nazaire, entendent préserver l’autonomie du chantier et souhaitent sécuriser son outil de production, l’ingénierie, le savoir-faire et les personnels dont ils ont besoin pour mener à bien leurs plans de développement respectifs. A ce titre, on rappellera que seuls les 10 paquebots livrables jusqu’en 2022 (quatre Vista pour MSC, deux Oasis et quatre Edge pour RCCL) sont en commandes ferme. Pour la suite, les armateurs attendent pour s’engager de savoir ce qu’il adviendra de Saint-Nazaire. Un argument de poids puisqu’ils envisagent de confier au chantier français 7 paquebots supplémentaires à livrer entre 2022 et 2026. Des navires sur lesquels des concurrents de Saint-Nazaire lorgnent déjà, quitte à accroître significativement leurs capacités pour les accueillir.

 

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