Les discussions se prolongent en Corée du sud, où le groupe italien Fincantieri et le tribunal de Séoul ne sont toujours pas parvenus à un accord concernant la vente des parts de STX Offshore & Shipbuilding dans les chantiers de Saint-Nazaire. A partir de la signature du mémorandum d’entente avec la juridiction coréenne, intervenue le 13 janvier, Fincantieri, qui a fait en décembre une offre d’à peine 80 millions d’euros pour racheter les 66.6% de STX dans les chantiers français, disposait normalement d’un mois et demi pour mener à bien la période de due diligence. Et aboutir au fameux contrat de vente, le Sell and Purchase Agreement (SPA). Or, celui-ci n’a toujours pas été paraphé. Selon les syndicats de STX France, qui étaient reçus jeudi dernier par le directeur de cabinet du secrétaire d’Etat à l’Industrie, les discussions s’éternisent apparemment à cause du prix de vente : « Fincantieri semble chercher à négocier à la baisse le prix de vente des chantiers avec le juge Coréen », indique l’intersyndicale CFDT, CFE-CGC CGT. Au-delà du montant de la transaction, la situation politique en Corée du sud, très délicate actuellement, n’arrange peut-être pas les choses, sans parler du fait que le juge en charge du dossier aurait déjà changé à deux reprises depuis janvier.
Pendant ce temps, les négociations se poursuivent entre l’Etat et Fincantieri sur la répartition de l’actionnariat. Mais selon FO, « les représentants de l’Etat nous ont informé que les négociations sont "difficiles" et la situation est "un peu bloquée" ». En clair, précise l'intersyndicale, « l’Etat et Fincantieri n’arrivent pas à se mettre d’accord sur les pourcentages de participation de chacun ».
B. Retailleau appelle à « sortir de cette impasse »
Pour mémoire, la France a signifié à l’Italie qu’elle ne souhaitait pas que Fincantieri dispose à lui seul de la majorité absolue dans STX France. Paris a en revanche proposé qu’un second acteur italien entre au capital, laissant au constructeur une majorité relative mais avec ce compatriote une majorité absolue. Une solution considérée comme « aberrante » par un certain nombre d’observateurs, dont d’anciens dirigeants des chantiers nazairiens. Cette solution a aussi été clairement rejetée hier par le président de la Région des Pays de la Loire : « la présence envisagée dans le capital d’un fonds d’investissement italien, au côté de Fincantieri, ne constitue pas une option acceptable pour l’avenir de STX France », a déclaré Bruno Retailleau, qui considère que le dossier est désormais dans une « impasse » et propose, pour en sortir, « que la Région des Pays de la Loire, éventuellement appuyée par un pool d’industriels ligériens, puisse entrer au capital de STX France pour favoriser, au moins provisoirement, un tour de table à majorité française ».
Vers une tournure plus politique ?
En dehors de la collectivité locale, on commence en effet à s’interroger au sein des entreprises sous-traitantes, dont certains dirigeants réfléchissent à d’éventuelles solutions alternatives. Alors que l’option de la préemption, ne serait-ce que pour donner plus de temps aux négociations avec les Italiens, semble faire de plus en plus d’émules, l’avenir des chantiers nazairiens pourrait prendre une tournure bien plus politique si le dossier s’invite dans les débats de la présidentielle. Et ce pourrait bien être le cas. En effet, alors que plusieurs candidats se sont déjà prononcés pour une prise de contrôle de l’entreprise par l’Etat, de nouvelles interventions, plus fortes cette fois, sont évoquées dans plusieurs états-majors.
La suite du processus
Concernant la suite du processus, la signature du SPA doit déclencher la procédure de consultation du Comité d’entreprise de STX France. Celle-ci est imposée par la loi et le CE aura un mois seulement pour rendre un avis, nécessaire pour valider la conclusion de la vente mais qui sera purement consultatif et ne pourra donc s’opposer à la cession. L’Etat, de son côté, dispose toujours, dans le cadre du pacte d’actionnaires conclu en 2008 avec STX, d’un droit de préemption sur les parts détenues par le groupe sud-coréen. La France aura deux mois, à compter de la signature du SPA, pour exercer ou non ce droit.