Lors d'une audition devant la Commission de la Défense de l'Assemblée nationale (14 octobre), dont se fait écho cette semaine notre confrère Jean-Dominique Merchet, de Libération (*), l'amiral Forissier a été interrogé sur l'avarie de propulsion rencontré par le porte-avions Charles de Gaulle. On s'en souvient, en février dernier, le bâtiment avait été immobilisé à Toulon suite à des problèmes sur deux pièces mécaniques d'entraînement des lignes d'arbres. « La détection rapide du problème, grâce au professionnalisme exemplaire de l'équipage et de l'industriel, a permis d'arrêter à temps le bâtiment et d'éviter la catastrophe : cet incident aurait pu causer des avaries considérables et faire des victimes humaines. D'une certaine façon, nous avons eu de la chance dans notre malheur », a expliqué aux députés le chef d'état-major de la marine. « Eviter la catastrophe »... Fallait-il donc s'inquiéter ? Aux dires de certains militaires, la phrase doit être replacée dans son contexte : « Il y aurait pu avoir un gros souci si le problème n'avait pas été détecté, si le bâtiment avait continué à fonctionner jusqu'au point de rupture et si, par malchance, un rondier était passé au mauvais endroit et au mauvais moment. Tout cela fait beaucoup de « si » et aurait nécessité la conjonction de nombreux éléments ». Dans un environnement régi par des règles de sécurité draconiennes et une surveillance constante des marins, il aurait donc été difficile d'arriver à une telle situation, même si « statistiquement », cela reste possible. L'affaire montre, en tous cas, que les procédures ont fonctionné. Conséquences du dysfonctionnement, des vibrations ont été rapidement détectées. Puis le bâtiment a été arrêté à titre préventif, une enquête technique a été déclenchée et la solution enfin trouvée, permettant au porte-avions de reprendre la mer. « Après enquête, il est apparu que l'avarie résultait de la conjonction d'un sous-dimensionnement au moment de la conception et d'une erreur de fabrication de la pièce de rechange installée pendant l'IPER (arrêt technique majeur, ndlr)», a rappelé le patron de la flotte française.
« La nécessité d'un second porte-avions »
L'avarie du Charles de Gaulle, qui a entrainé une immobilisation du navire entre février et septembre (après 15 mois d'arrêt technique majeur), met par ailleurs en lumière le risque capacitaire que représente une flotte dotée d'un seul porte-avions. « Les incidents que nous avons connus cette année démontrent, s'il en était besoin, la nécessité d'un second porte-avions, sujet sur lequel nous ne sommes plus liés aux Britanniques. Nous travaillons avec les industriels pour définir des solutions aussi économiques innovantes et efficaces que possible en raisonnant en coûts complets pendant toute la durée de vie du bateau. Nous verrons si la propulsion nucléaire constitue une solution réalisable dans des conditions économiques satisfaisantes. Lorsque l'heure du choix sera venue, nous présenterons les choix envisageables à coûts / efficacité convenables au Président de la République », a expliqué l'amiral Forissier aux députés.
Après l'échec de la tentative de coopération lancée en 2006 avec la Grande-Bretagne, un contrat d'études va être prochainement notifié. Les industriels vont travailler sur l'architecture d'un porte-avions répondant spécifiquement aux besoins de la marine française et passeront en revue les différentes options possibles en matière de propulsion. En 2011/2012, en fonction des options disponibles et des capacités financières de l'Etat, Nicolas Sarkozy décidera de lancer, ou non, la construction de ce bâtiment.
En attendant, le Charles de Gaulle a repris le cycle de sa remontée en puissance après son premier arrêt technique majeur depuis sa mise en service, en 2001. Le porte-avions, son état-major, le groupe aérien embarqué et l'ensemble du groupe aéronaval devraient être opérationnels en fin d'année.
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Charles de Gaulle : En février, la marine a pu « éviter la catastrophe »
Le Charles de Gaulle, la semaine dernière à Toulon © JEAN-LOUIS VENNE
Publié le 20/10/2009 par Vincent Groizeleau
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