Au cours du comité central d'entreprise du 6 décembre, la direction de DCN a présenté aux représentants du personnel le montage industriel retenu pour la réalisation des huit premières frégates multi-missions (FREMM). Maître d'oeuvre, DCN Lorient réalisera intégralement la tête de série, l'Aquitaine, dont la découpe de la première tôle doit intervenir mi-mars, en avance de cinq mois sur le planning contractuel. Pour la FREMM n°2, Lorient se chargera des quatre anneaux de la partie arrière (1 à 4), les 6 autres blocs étant réalisés par des chantiers extérieurs, qui livreront des ensembles de coques préarmés, dont l'armement sera mené par DCN sur les bords du Scorff. A partir de la troisième frégate et jusqu'à la huitième, au moment où la cadence de production sera la plus importante, avec une livraison tous les 7 mois, les chantiers extérieurs réaliseront non seulement 60% des anneaux mais en assureront, en plus, l'armement, DCN se chargeant à Lorient de l'armement final de l'ensemble des navires. Le nom des chantiers sous-traitants n'est pas encore connu, même si plusieurs noms sont évoqués depuis de longs mois : « Les consultations sont en cours mais il faut bien voir que le prix de vente des FREMM est tellement bas (280 millions d'euros hors études, ndlr), qu'il faut trouver des solutions économiques », explique une source proche du dossier. Les propositions de Piriou et Aker Yards sont jugées « sérieuses » et « étudiées au même titre que d'autres, comme la Pologne et la Bulgarie ». Il faudra également voir si une éventuelle entrée de la Grèce dans le programme pourrait avoir des incidences.
Pas d'anneaux pour Brest et Cherbourg
La principale « surprise » de ce schéma vient du fait que les établissements de Brest et Cherbourg ne se voient pas attribuer de blocs de frégates. La direction avait, ces derniers mois, évoqué cette possibilité au cas où le programme des sous-marins nucléaires du type Barracuda serait encore retardé. DCN aurait alors été contrainte de combler le trou de charge supplémentaire. La première tranche des Barracuda ayant été signée et sa notification devant intervenir avant les fêtes, ce scénario n'a donc pas été retenu. Toutefois, des équipes brestoises et cherbourgeoises seront mobilisées sur FREMM, afin de limiter le creux de travail dans certaines spécialités, principalement dans les métiers de coque. Ainsi, DCN Services Brest assurera la gestion du contrat de la partie avant, réalisée à l'extérieur, et les travaux de jumboisation, à Lorient, des parties avant et arrière des navires « Il y avait une baisse de charge à Brest en 2009, mais on ne voulait pas modifier l'organisation industrielle pour combler un trou ponctuel. Pour maintenir les compétences dans l'activité coque, les gens seront envoyés à Lorient pendant deux ans. Cela concerne une quarantaine de personnels. Ensuite, à partir de 2011, l'adaptation des sous-marins nucléaires lanceurs d'engins au missile M 51 va générer le doublement de l'activité coque à Brest. L'activité sur le site sera très forte, nécessitant même un important recours à la sous-traitance », souligne-t-on à DCN. La situation est à peu près équivalente pour DCN Cherbourg, qui enverra dans le Morbihan coquiers et spécialistes de l'armement. Outre le redéploiement de ces personnels, DCN prévoit de résorber le trou de charge dans le Cotentin, en fabriquant sur place des carlingages et en anticipant les travaux de coque des Barracuda 1 et 2.
Le choix des équipements presque terminé
Programme franco-italien, et peut-être bientôt franco-italo-grec, le projet des frégates européennes multi-missions porte sur la réalisation de 17 navires pour la Marine nationale, 10 pour la Marina militare et, potentiellement, six unités pour la Grèce. Pour l'heure, seuls 10 navires ont été commandés, dont 8 pour la France. Comme dans tout programme en coopération, les industries nationales ont longuement fait valoir leurs préférences ou leurs intérêts pour les différents équipements, l'un ou l'autre des gouvernements ne manquant pas, à diverses occasions, d'imposer tel ou tel équipement. Si l'architecture des navires français et italiens s'avère relativement différente, les grands matériels sont désormais, et pour l'essentiel, choisis. Radars et sonars sont confiés à Thales, de même que les systèmes de communication. SIGEN sera en charge de la guerre électronique, MBDA des missiles Aster, Scalp Naval et Exocet et OTO-Melara de l'artillerie de 76 mm. Côté propulsion, après la bataille entre Rolls-Royce et General Electric, où la turbine à gaz LM 2500 + G4 de l'Américain, allié à l'Italien Avio, a été retenue, le marché des moteurs électriques a été confié au Français Jeumont. Reste désormais à notifier le contrat des diesel-alternateurs. Le marché, qui est en phase finale de sélection, opposerait l'Italien Isotta Fraschini et l'Allemand MTU.
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DCN révèle le montage industriel des FREMM
La FREMM française © DCN
Publié le 09/12/2006 par Vincent Groizeleau
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