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Rivages du Monde a conclu le rachat de TAAJ Croisières. Anciennement Taitbout Voyages, le tour opérateur français, racheté en 2009 par Antoine Adam, va désormais pouvoir se développer au sein de l’entreprise d’Alain Souleille, que nous avons interrogé sur ce rachat et ses ambitions.

 

 

MER ET MARINE : Pourquoi avez-vous décidé de reprendre TAAJ ?

 

 

ALAIN SOULEILLE : La reprise de TAAJ est une opportunité pour consolider l’activité maritime de Rivages du Monde, qui connait une croissance globale de sa clientèle de 10 à 15% par an. TAAJ est une entreprise très seine, dont l’histoire est marquée par de beaux succès. Antoine Adam souhaitant aujourd’hui prendre une autre direction, j’ai pensé que le contour de sa société correspondait bien à notre philosophie de la croisière, axée sur la francophonie, le choix des itinéraires et les petits navires.

 

 

A quelle date la cession sera-t-elle effective ? Allez-vous reprendre les personnels de la société et comment comptez-vous vous organiser ?

 

 

J’ai conclu avec Antoine Adam un accord ferme et définitif, qui prendra effet au mois de janvier 2015. L’équipe de TAAJ, qui représente une vingtaine de personnes, nous rejoindra, ce qui va porter nos effectifs entre 60 et 65. Pour ce qui est de l’organisation, il va falloir un peu de temps pour intégrer les deux structures et voir comment nous allons travailler. Nous allons néanmoins aller vite en ce qui concerne la commercialisation, puisque nous lancerons dans les prochains jours les ventes pour la saison 2015.

 

 

TAAJ travaillait jusqu'ici avec Costa Croisières mais Antoine Adam se sépare de la compagnie en mauvais termes, lançant une action en justice pour concurrence déloyale. Etes-vous partie prenante dans cette affaire ? 

 

 

Non, cela ne me concerne pas. Je n'ai de problème avec personne et ce n'est pas mon affaire. 

 

 

La question du navire se pose évidemment mais vous allez pouvoir vous appuyer sur Louis Cruises, qui a choisi Rivages du Monde comme agent général en France l’an dernier. Est-ce bien le Louis Aura, que vous affrétez déjà cette année pour d’autres croisières, qui servira pour TAAJ ?

 

 

En effet, ce sera le Louis Aura. Ce navire de 600 lits, sur lequel nous allons adapter le concept de TAAJ, correspond bien à ce que propose la marque.

 

 

Ce bateau de 160 mètres, qui n’est autre que l’ex-Orient Queen, est bien connu sur le marché hexagonal. Son côté intimiste devrait correspondre à TAAJ et à la demande de certains passagers français, en quête de petits navires. Mais c’est aussi une unité ancienne, qui a été mise en service en 1968…

 

 

Il est effectivement ancien mais a été sérieusement rénové il y a quelques années. Il est bien entretenu et Louis Cruises a fait les efforts que nous demandions pour répondre au cahier des charges dès cette année, puisque nous débuterons la saison à bord dès le 10 mai au départ de Marseille. Il faut aussi voir qu’avec TAAJ, nous déploierons  sur ce navire tout un concept, qui en fera un produit très complet et qui aura de l’allure.

 

 

Face aux gros paquebots modernes des grandes compagnies, qui permettent d’importantes économies d’échelle, ne pensez-vous que ce type de croisière, sur des navires de charme mais anciens et forcément moins rentables, finira par disparaître ?

 

 

Je ne sais pas combien de temps cela durera. Ce qui est sûr, en revanche, c’est qu’il existe aujourd’hui une clientèle pour cela. Certes, c’est une petite part du gâteau à l’échelle de l’ensemble de l’industrie, mais cela me suffit et je pense qu’il y a du marché pour tout le monde. Dans le secteur de la croisière, nous avons beaucoup d’espoir dans la croissance du marché français, qui est et sera toujours porté par les majors de l’industrie. Mais il y a aussi une petite niche, avec des clients prêts à payer un peu plus cher pour un produit différent, à forte valeur ajoutée et original. Ce segment existe, c’est un fait.

 

 

L’intégration de TAAJ, on l’imagine, va se traduire par une hausse significative de votre clientèle et de la durée d’affrètement du Louis Aura. Quels sont vos objectifs ?

 

 

En termes de semaines d’affrètement, nous avons cette année le Louis Aura sur 105 jours pour 11 croisières, auxquels s’ajoute l’affrètement de l’Ocean majesty pour une croisière de 4 jours, soit en tout 109 jours. L’an prochain, nous atteindrons 210 jours d’affrètement. Quant au nombre de passagers, nous espérons avec TAAJ pouvoir doubler de taille, sachant que nous accueillons aujourd’hui 6000 passagers dans l’année pour le maritime.

 

 

Le potentiel de croissance semble même plus important, d’autant que TAAJ est monté à près de 14.000 passagers en 2012. Même s’il y a eu de la déperdition, est-ce que vous estimez possible d’affréter à terme le Louis Aura ou un autre navire à l’année pour le marché français ?

 

 

Ce n’est pas exclu mais un affrètement à l’année est quelque chose de lourd, notamment du fait que certaines périodes sont plus compliquées à vendre. Il est vrai cependant que nous réfléchissons à une programmation d’hiver.

 

 

Combien de croisières prévoyez-vous sous la marque TAAJ en 2015 et quelles régions seront proposées ?

 

 

Les choses sont en train de s’ajuster mais nous pensons proposer une douzaine de croisière entre avril et octobre 2015. Les croisières TAAJ navigueront en Méditerranée, avec par exemple les îles grecques, et pousseront jusqu’à la mer Noire. Et nous irons bien entendu dans le Nord et même le Grand Nord, avec la Baltique, les fjords norvégiens, le Spitzberg ou encore le Groenland.

 

 

Depuis les débuts de Rivages du Monde, que vous avez créé en 2001, vous vous êtes surtout fait connaître pour votre activité dans le secteur fluvial. Le maritime est-il un relais de croissance nécessaire ?

 

 

Il est vrai que le fluvial représentait jusqu’ici notre activité principale, avec 12.000 passagers par an. Mais nous sommes aussi dans le maritime depuis 9 ans et nos débuts en Croatie. Nous avons notamment affrété le Jason, l’Arion et le Royal Clipper, avec certaines années jusqu’à 25 à 30 semaines d’affrètement dans la saison, ce qui n’est pas rien. Le maritime n’est donc pas nouveau pour nous, c’est une activité que nous avons progressivement développée, avec des partenaires mais aussi en solo. Ainsi, nous avons cette année une croisière au Spitzberg 100% Rivages du Monde.

 

 

Concernant vos partenaires, vous travaillez beaucoup avec des groupes de presse pour organiser des croisières au profit notamment des lecteurs des journaux qu’ils éditent. C’est le cas avec Le Monde et La Vie, mais vous avez aussi pris la suite de NDS Voyages, qui travaillait jusqu’à sa liquidation en 2012 avec le groupe Bayard Presse…

 

 

En effet, nous proposons aujourd’hui les croisières Notre Temps, Pèlerin  et La Croix, et nous avons également un partenariat avec le groupe Roularta, qui est propriétaire du magazine L’Express.

 

 

Si le maritime se développe au sein de Rivages du Monde, le fluvial demeure stratégique pour vous. Qu’en est-il de cette activité ?

 

 

Nous proposons aujourd’hui une gamme premium sur nos bateaux fluviaux, qui sont au standard 4 ou 5 étoiles, y compris en Russie, qui est un marché historique pour nous et demeure l’un de nos produits phares.  Les autres grandes destinations sont le Mékong, depuis Saigon jusqu’au temple d’Ankor, alors que la Birmanie qui devient très importante pour nous, avec l’affrètement l’hiver prochain d’un nouveau navire, l’Ananda, un superbe bateau qui s’ajoutera au Paukan. Les croisières que nous proposons sur le Danube représentent également une activité non négligeable, avec environ 2000 passagers dans l’année. Et puis il y a des destinations fluviales plus confidentielles, comme le fleuve Douro au Portugal, le canal calédonien en Ecosse et le Yang Tse en Chine.

 

 

Rivages du Monde est un affréteur. Pourquoi ce choix ?

 

 

C’est une condition pour maîtriser nos produits. Tous les navires que nous exploitons sont affrétés, soit pour une longue saison, soit sur une courte durée, ce qui arrive souvent pour tester un bateau et monter en puissance les années suivantes.

 

 

Quels sont les forces de votre offre ?

 

 

Il y a des subtilités entre les différents produits mais, de manière générale, ce qui caractérise l’offre de Rivages du Monde c’est de proposer des navires de petite taille, des croisières francophones et une  forte vocation à la  découverte culturelle. Nous proposons aussi des packages, avec par exemple les principales excursions incluses dans le prix de la croisière et, dans certains cas, les boissons à bord.

 

 

La francophonie, cela passe par des journaux bords, des menus ou encore des annonces en Français sur les bateaux, mais aussi du personnel…

 

 

En effet, nous avons toujours du personnel français sur les navires, typiquement le directeur de croisière, des hôtesses et des conférenciers. Cela dépend évidemment de la taille des navires. Sur l’Ananda, dont la capacité est limitée à 42 passagers, nous n’aurons qu’une personne. Sur le Danube, où nous exploitons un bateau de 190 passagers, l’équipe est en revanche de 8 personnes, avec un directeur de croisière, 6 hôtesses et un conférencier. Et pour TAAJ, comme c’est le cas aujourd’hui, il y aura 20 à 30 personnes à bord du Louis Aura. 

 

 

Interview réalisée par Vincent Groizeleau

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