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Les secouristes italiens ont été contraints, hier, d'évacuer l'épave du Costa Concordia. Couché depuis samedi près de Porto Giglio, le grand paquebot, qui n'est pas stabilisé sur les rochers, a légèrement glissé, entrainant momentanément l'arrêt des recherches. Les autorités craignent toujours que le navire, dont la structure continue de travailler, se déplace vers la mer et coule dans la fosse bordant la côte. Sur les 3216 passagers et 1013 marins présents à bord du Costa Concordia au moment de son naufrage, vendredi dernier, 11 ont trouvé la mort (dont 4 passagers français) et une vingtaine d'autres manquent toujours à l'appel. Dimanche, Costa Croisières était sans nouvelle de 21 Français. Depuis, 17 ont pu être localisés. Deux couples de français demeureraient introuvables. Hier, les secours avaient presqu'entièrement ratissé les espaces émergés du paquebot, alors que les plongeurs progressaient difficilement dans les parties immergées avant l'interruption des opérations. Si la situation du navire et la météo le permettent, les investigations reprendront aujourd'hui. « C'est compliqué car nous sommes dans un milieu sous-marin très différent de celui que nous fréquentons d'habitude. Il y a des meubles, des vêtements, des objets qui sont autant d'obstacles dans notre progression », expliquait hier un plongeur. Utilisant des mini-charges explosives pour dégager des accès, les plongeurs ont notamment travaillé autour du pont 4, sur tribord, où une partie des passagers s'était rassemblé pour évacuer. Cette zone est, désormais, située à une vingtaine de mètres sous l'eau. Les images des espaces intérieurs du paquebot sont toujours aussi impressionnantes, notamment celles de ces plongeurs évoluant dans ce qui était auparavant le grand atrium. En tout, 500 hommes sont mobilisés dans les opérations. Plongeur dans l'atrium (© : GUARDIA COSTIERA) Plongeur dans l'atrium (© : GUARDIA COSTIERA) (© : EPA) (© : GUARDIA COSTIERA) (© : EPA) (© : EPA) Le pompage devrait bientôt débuter Confiées à la société néerlandaise SMIT, qui doit aussi déterminer si le Concordia peut être renfloué, les opérations de pompage des soutes à combustible sont en cours de préparation. Dans cette perspective, une grande barge dotée d'une grue est arrivée hier à Porto Giglio. Le pompage des cuves est une priorité, d'autant que l'épave est instable et menace de couler. Si tel était le cas, les autorités craignent une catastrophe écologique en plein milieu d'une zone naturelle. Le Concordia embarque près de 2400 tonnes de combustible, dont environ 2300 tonnes de fuel lourd contenues dans 17 compartiments dotés d'une double coque, ce qui limite les risques de fuite. « En l'état actuel des choses, il n'y a pas de problème pour l'environnement puisque, pour le moment, il n'y a pas eu de fuite », a assuré hier le commandant des garde-côtes italiens, Filippo Marini. Le liquide repéré en début de semaine ne serait donc pas constitué d'hydrocarbures. Par précaution, et pour éviter que les débris se répandent en mer, un grand barrage flottant est en place. On le distingue très bien sur l'image prise le 17 janvier par le satellite Quickbird de Digital Globe. Arrivée de la grue flottante (© : AFP) (© : DIGITAL GLOBE) Une route quasi-similaire à celle empruntée en août 2011 Pendant ce temps, l'enquête se poursuit pour déterminer les circonstances exactes de l'accident. Les journalistes de la BBC et du Lloyd's List ont effectué une intéressante comparaison entre la route empruntée par le Costa Concordia le 13 janvier, au moment de l'accident, et celle que le navire a suivi le 18 août 2011, lorsqu'il est très officiellement venu saluer le festival de Giglio. Les deux routes se superposent quasiment. Lors de son passage de l'été dernier, le Concordia se trouvait donc devant le port de Giglio, à 250 mètres du littoral. Une proximité exceptionnelle, puisque Costa a indiqué que ses navires n'avaient pas l'autorisation de naviguer à moins de 500 mètres des côtes. Pour l'évènement, ce passage avait été décidé en concertation avec les garde-côtes, qui avaient été prévenus en amont de l'opération. Les routes du 18 août et du 13 janvier (© : LLOYD'S LIST / BBC) Vendredi dernier, en revanche, la manoeuvre n'était pas prévue et c'est le commandant qui a manifestement décidé, de son propre chef, de se rapprocher de l'île. L'expérience du 18 août dernier pourrait laisser penser que Francesco Schettino croyait qu'il s'agissait d'une route sûre, puisque déjà empruntée par le navire. De plus, le delta entre les deux routes est faible, peut-être moins de 5 degrés de cap. Le commandant, se sentant fort de ce précédent et en reprenant la barre en manuel, n'a peut-être tout simplement pas réalisé qu'il y avait, à proximité immédiate de cette route, un danger isolé, le rocher de la Scole. Se croyant sur la même route sûre, il a tout simplement visé la pointe de l'île. Une erreur qui a conduit son bateau à heurter le récif et éventrer la coque sur plusieurs dizaines de mètres, provoquant la perte du paquebot. Poursuivi pour homicides multiples et abandon de navire, Francesco Schettino a été libéré hier suite à son audition, la veille, par une juge de Grossetto. L'officier, originaire de Metta di Sorrento, près de Naples, a été assigné en résidence surveillée.

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