Alors que la plupart des paquebots américains ont passé l’hiver dans les eaux chaudes des Caraïbes, le Norwegian Spirit, de NCL, est resté en Europe, où il a proposé des croisières vers les Canaries au départ de Barcelone. Malgré les tempêtes à répétition qui ont marqué la période, le navire est demeuré superbe jusqu’au bout, grâce au travail d’entretien permanent de l’équipage. Des hommes et femmes qui, à bord, mettent aussi tout en œuvre pour que les passagers vivent leur traversée dans les meilleures conditions et en gardent un souvenir inoubliable. A travers le regard et l’expérience de membres d’équipage, nous vous proposons aujourd’hui une plongée dans les coulisses d’un navire atypique, le Norwegian Spirit.

Le Norwegin Spirit à Barcelone (© KEVIN IZORCE)
Des débuts asiatiques
Construit par les chantiers allemands Meyer Werft, le paquebot n’était initialement pas destiné à être exploité dans la flotte de la compagnie américaine Norwegian Cruise Line. Mis en service en 1998 sous le nom de SuperStar Leo, il effectue alors des croisières au départ de Singapour pour le compte de Star Cruises, actionnaire de NCL. Il sera suivi un an après par un sistership, le SuperStar Virgo, encore exploité aujourd’hui par Star Cruises. « Ce navire a été commandé pour le marché asiatique à la fin des années 90. A cette époque, les compagnies ne proposaient que des navires de « seconde main » sur l’Asie et Star Cruises a décidé de construire le premier paquebot spécifiquement destiné à ce marché », nous explique Armado Da Silva, le directeur d’hôtel du Spirit.
En 2004, l’échouement partiel du tout nouveau navire de NCL, le Pride of America, alors en construction à Bremerhaven, impose à Star Cruises de transférer en urgence le SuperStar Leo à sa filiale NCL. Deux semaines de passage en cale sèche plus tard, il apparaît sous un nouveau nom : Norwegian Spirit. Long de 268 mètres pour une largeur de 32.2 mètres, ce paquebot de 76.000 GT de jauge compte 983 cabines, soit une capacité en base double de 1966 passagers, servis par 920 membres d’équipage. Mais même s’il a été rénové à plusieurs reprises, le passé du navire est encore présent si on s’amuse à chercher à bord les traces de son ancienne vie dans les eaux asiatiques. La signalétique permanente, par exemple, est très souvent traduite en chinois et japonais, ci et là des statues de dragons ou de guerriers chinois décorent les espaces, les panneaux décoratifs des cabines intérieures sont encore marqués « SuperStar Leo », tout comme le comptoir du bar du Grand Salon panoramique ou des éléments de la réception. Pour l’anecdote, sachez qu’il n’y a aucune cabine à bord portant le numéro d’une quarantaine puisque le chiffre 4 est considéré comme portant malheur en Asie. On passe donc par exemple de la cabine 11039 à la 11051, ce qui ne facilite d’ailleurs pas la recherche de sa cabine.

Guerriers et dragons chinois rappellent le passé asiatique du navire (© KEVIN IZORCE)

Guerriers et dragons chinois rappellent le passé asiatique du navire (© KEVIN IZORCE)

Signalétique traduite sur le pont promenade (© KEVIN IZORCE)

A bord du Norwegian Spirit (© KEVIN IZORCE)
Aujourd’hui, Le Norwegian Spirit est l’un des deux navires, avec le Norwegian Jade, que NCL exploite à l’année sur le marché européen proposant jusqu’en avril, au départ de Barcelone, des croisières de 9 nuits à destination de l’Afrique du Nord et des Canaries, avec pour escales Casablanca, Funchal ou Santa Cruz de Tenerife, Arrecife et Malaga. Ce choix audacieux pour une compagnie américaine semble se révéler payant puisque le navire vient de passer son second hiver en Europe.

Escale à Santa Cruz de Tenerife (© KEVIN IZORCE)

Escale à Santa Cruz de Tenerife (© KEVIN IZORCE)

Escale à Santa Cruz de Tenerife (© KEVIN IZORCE)

Escale à Santa Cruz de Tenerife (© KEVIN IZORCE)

Escale à Santa Cruz de Tenerife (© KEVIN IZORCE)

Passage devant Gibraltar (© KEVIN IZORCE)

Escale à Arrecife (© KEVIN IZORCE)

Lanzarote (© KEVIN IZORCE)

La grande Mosquée de Casablanca (© KEVIN IZORCE)
« Il y a de la demande, le navire a été plein tout l’hiver. Les gens aiment le concept freestyle, la qualité du service et particulièrement sur ce bateau, il y a une véritable ambiance familiale. C’est très important pour nous. Et bien sûr, les escales sont superbes ! » nous confie non sans arrière-pensée Armando Da Silva. L’Hotel Director, originaire de Madère, où le navire a fait escale tous les 15 jours, se fait volontiers ambassadeur de sa terre natale. « Tous le monde me dit que j’ai de la chance de pouvoir passer chez moi si souvent. Et pourtant, en 2 ans je n’ai réussi à descendre qu’une seule fois » avoue-t-il en souriant.

Armando da Silva, Hotel Director du Norwegian Spirit (© KEVIN IZORCE)
Il faut dire que l’officier ne manque pas d’activité à bord. On compare souvent un paquebot à une ville. En réalité il y en a deux à gérer de manière totalement différente. Une peuplée de passagers, en vacances, insouciants et une autre composée de 920 membres d’équipage qui vivent dans l’envers du décor et doivent en permanence agir pour que les clients ne se rendent pas compte des centaines de problèmes à régler en coulisse. Cet équipage, sous les ordres du commandant, est composé de trois départements bien distincts : Le pont, dirigé par le « Staff Captain », la machine, supervisée par le « Chief Engineer » et la partie hôtelière, orchestrée par l’ « Hôtel Director ». Les deux premières assurent bien évidemment la navigation, la troisième permettant d’effectuer celle-ci dans le plus grand confort.

Le Chef mécanicien, le commandant et l'Hotel Director (© KEVIN IZORCE)
Le Directeur d’Hôtel
Le Directeur d’Hôtel est en lien permanent avec les deux autres départements et s’assure de l’entretien du navire, de la qualité des animations et de la restauration, du bien-être des passagers et de leur satisfaction. Sans cesse à parcourir le Norwegian Spirit par ses parties communes et ses coulisses, il a ainsi une excellente vision du fonctionnement complet du paquebot. Cuisines, blanchisserie, restaurants, cabines, réception… On le voit du matin au soir échanger avec les passagers, répondre à leurs questions, régler les problèmes les uns après les autres. Mais celui qui a été Directeur d’Hôtel sur le Norway (ex-France), après avoir travaillé sur le Queen Elizabeth 2, sait aussi se mettre en scène et participer aux animations du bord sans trop se prendre au sérieux aux côtés du Directeur de Croisière, Gio, chargé de l’animation. « On va dire que nous sommes un duo ! » sourit-il. « C’est une question de personnalité, j’ai besoin du contact avec les passagers, d’être en lien permanent pour m’assurer que nous sommes sur le bon chemin ». Mais dès que le téléphone sonne, l’officier est immédiatement sur le pied de guerre pour gérer les urgences. « Un navire ce n’est pas que de l’acier, c’est avant tout des hommes. Nous avons 68 nationalités différentes dans l’équipage et 48 dans les passagers. La vie sur un navire est particulière, nous travaillons en milieu clos, ce n’est pas toujours simple. Il faut gérer les équipes au quotidien, essayer de prendre en compte la vie de chacun pour au final assurer le meilleur service possible ».

Cocktail avec les passagers (© KEVIN IZORCE)

Cocktail avec les passagers (© KEVIN IZORCE)
A bord, la base de la communication de la compagnie tient en deux points principaux : le concept Freestyle (large offre de restauration, code vestimentaire plus décontracté, liberté de choisir son restaurant et l’heure de votre repas…) et la notion poussée du service. Impossible de passer à côté du message : chaque membre d’équipage, du Commandant à l’employé de la lingerie que vous ne verrez jamais, est entièrement à votre service. Ils arborent d’ailleurs tous une petite broche « Vacation Hero » (Héros de vos vacances). Dès le premier soir le ton est donné à travers un petit film diffusé au théâtre mettant en avant les dizaines de métiers à bord, les membres de l’équipage terminant à chaque fois par la même phrase « at your service » (à votre service). Et ce jusqu’à la fin de la croisière, où près de 150 membres d’équipage montent sur scène pour remercier les passagers qui viennent d’assister au très réussi spectacle « Elements ». Juste après « You are Norwegian now », sous entendu vous faites partie de la même famille désormais, les passagers enthousiastes et émus ressortent du théâtre sous les applaudissements des officiers, stewards, cuisiniers, serveurs, formant une haie d’honneur. Il est d’ailleurs à remarquer la présence importante des officiers durant le voyage. Au-delà de la traditionnelle photo avec le Commandant, il y a une vraie proximité entre les passagers et les officiers du bord qui font preuve de beaucoup de bienveillance et sont particulièrement présents, répondent aux questions des passagers curieux, font le tour des tables pour noter les remarques avec toujours à la bouche le « at your service » voulu comme l’une des marques de fabrique de NCL. Si le Norwegian Spirit n’est pas le navire le plus récent, ni le plus gros, ses ponts promenade en teck, ses grandes verrières de style anglo-saxon illuminant un grand restaurant, sa plage arrière originale, lui confèrent énormément de charme. Mais son point fort est assurément son équipage et le sens de l’hospitalité.
« A sa construction, c’était un navire déjà en avance sur son temps puisque 65% des cabines sont extérieures ou avec balcon, là où la plupart des navires de cette époque étaient plutôt refermés sur eux-mêmes. Notre théâtre est sur deux ponts sans un seul pilier au milieu. C’est un navire encore parfaitement adapté au marché moderne. En dehors des rénovations régulières, l’entretien est pour nous une priorité quotidienne. Regardez autour de vous ! » explique le Directeur d’Hôtel. Et l’état impeccable du navire est en effet ce qui surprend lorsque l’on embarque. « Mais parce qu’un navire n’est rien sans un bon équipage, nous mettons tout en œuvre pour offrir à nos passagers un accueil presque familial. Nous créons un vrai lien avec eux, les occasions de rencontrer les officiers sont nombreuses. Il y a une atmosphère de proximité sur un navire de cette taille que l’on ne peut pas reproduire sur un bateau plus grand » insiste-t-il.

Le restaurant Windows (© KEVIN IZORCE)

Le restaurant Windows (© KEVIN IZORCE)

Le restaurant Windows (© KEVIN IZORCE)

Le restaurant Windows donnent sur l'arrière du navire (© KEVIN IZORCE)

Le restaurant Windows (© KEVIN IZORCE)

Le restaurant The Garden Room (© KEVIN IZORCE)

Le restaurant The Garden Room (© KEVIN IZORCE)
Dans le service du Directeur d’Hôtel se trouve également la blanchisserie, assortie d'un tailleur. Habiller à leur taille 920 membres d’équipage, fournir des milliers de nappes, serviettes et draps, mais aussi laver le linge des passagers est une tâche immense qui mobilise une équipe et 18 machines 24/24h.
Une grosse calandre (repasseuse) de 3 mètres sur 5 mètres avale les tissus les plus grands qui en ressortent repassés et pliés.

La blanchisserie (© KEVIN IZORCE)

La blanchisserie (© KEVIN IZORCE)

La blanchisserie (© KEVIN IZORCE)

La blanchisserie (© KEVIN IZORCE)

La blanchisserie (© KEVIN IZORCE)
La cuisine, coeur gastronomique du navire
Autre personnage essentiel du navire, le Chef cuisinier. Il supervise les 11 restaurants du bord et s’appuie entre autres sur le Sous-chef Ravi Rajamanikam qui gère les 173 cuisiniers des deux grandes salles à manger, « Windows » et « The Garden Room ». Les autres restaurants ont chacun leur propre cuisine pour un total de 12 cuisines à bord, 22 chambres froides, 323 tables et 1843 chaises pour les restaurants dans lesquels nous dit-on seront servis plus de 10.000 assiettes et 42.000 verres. Il faut avouer que nous n’avons pas vérifié s’il en manquait un ! Un pont en dessous, la cuisine de l’équipage doit de son côté nourrir 920 personnes matin, midi et soir. « La compagnie est réputée pour la qualité de sa restauration. Pour que nos passagers puissent retrouver le même plaisir à chacune de leur croisière, nous avons uniformisé nos cartes sur l’ensemble de nos navires à travers le monde. Nous avons tous les jours à la carte des plats identiques et en fonction de la zone de navigation du navire et de ses escales, nous proposons d’autres plats plus spécifiques ou locaux » résume Ravi Rajamanikam. Aux murs, sont affichés les recettes avec photos des plats à reproduire. La longueur du mur reflète à elle seule la variété de la carte. L’hygiène, bien entendu, règne en maîtresse absolue dans les cuisines de cet Indien souriant dont le téléphone ne cesse de sonner.

Le Sous-chef exécutif, Ravi Rajamanikam (© KEVIN IZORCE)

La cuisine principale desservant les deux grands restaurants (© KEVIN IZORCE)

La cuisine principale desservant les deux grands restaurants (© KEVIN IZORCE)

La cuisine principale desservant les deux grands restaurants (© KEVIN IZORCE)

La cuisine principale desservant les deux grands restaurants (© KEVIN IZORCE)

La cuisine principale desservant les deux grands restaurants (© KEVIN IZORCE)

Fiches des plats servis sur le Norwegian Spirit (© KEVIN IZORCE)
Au niveau inférieur sont préparés et conservés les aliments qui seront cuisinés et servis au-dessus. Pâtisserie, boucherie, poissonnerie, chambres froides, l’activité ne s’y arrête jamais. Il est de tradition de citer les tonnes de nourriture que l’approvisionnement nécessite à chaque croisière : 6 tonnes de bœuf, 400kg de veau, 38.000 œufs, 5 tonnes de poisson et fruits de mer, 7 tonnes de lait… Bref, les chiffres sont toujours très impressionnants, même pour un navire de cette taille. « La plupart du temps nous nous approvisionnons une fois par semaine dans notre port d’attache. En ce moment Barcelone. Mais nous avons certains produits frais ou locaux que nous faisons livrer lors d’escales », explique le responsable de l’approvisionnement. Là encore, l’hygiène est essentielle. « Chaque planche à découpe a une couleur spécifique pour chaque produit. Une planche à boeuf ne sera utilisée que pour le boeuf, une autre spécifiquement pour le veau, pour le poisson, etc… »

Le responsable de l'approvisionnement dans une chambre froide (© KEVIN IZORCE)

Sculptures de glace conservées en chambre froide (© KEVIN IZORCE)

Statue de glace à un bar en soirée (© KEVIN IZORCE)

Découpe du boeuf (© KEVIN IZORCE)

Découpe du veau (© KEVIN IZORCE)

Le poisson (© KEVIN IZORCE)

La réserve de légumes (© KEVIN IZORCE)

Produits laitiers dans l'une des réserves (© KEVIN IZORCE)

Le Chef pâtissier Jay Alforque (© KEVIN IZORCE)

La Pâtisserie (© KEVIN IZORCE)

La Pâtisserie (© KEVIN IZORCE)

La Pâtisserie (© KEVIN IZORCE)

La Pâtisserie (© KEVIN IZORCE)

La Pâtisserie (© KEVIN IZORCE)
L’officier environnement et le traitement des eaux
Un officier est spécifiquement missionné pour s’assurer que le navire soit environnementalement le plus vertueux possible et respecte les nombreuses normes internationales en vigueur. La compagnie joue la carte de la transparence et nous ouvre l’accès à ses réserves. Un paquebot comme le Norwegian Spirit produit entre 7 à 8 tonnes de déchets par jour. La carrure de l’officier environnemental impressionne et il veille avec beaucoup d’attention à ce que les règles soient respectées. « Si il y a un souci un jour, une trace d’huile en mer, une suspicion de pollution quelconque, j’en serais directement responsable. Et pour cause, je suis le seul à bord à posséder la clé de certaines vannes d’évacuation » explique-t-il en brandissant son trousseau.

Antonio Vukovic, officier en charge de l'environnement (© KEVIN IZORCE)
« Il y a un protocole à respecter pour chaque catégorie de déchets. La législation peut varier dans certaines régions du monde mais dans la majeure partie nous sommes autorisés à rejeter en pleine mer, au delà de 12 miles des côtes, les déchets alimentaires biodégradables. Evidemment, nous prévoyons notre approvisionnement pour limiter au maximum le gaspillage. Les cartons et l’aluminium sont compactés et recyclés. Pour les déchets polluants, comme les huiles par exemple, nous les stockons à bord et les débarquons à Barcelone où elles seront traitées et recyclées » indique l’officier croate. Le navire débarque tout de même à la fin de chaque croisière près de 2000 litres d’huile alimentaire. Les huiles de moteur sont également débarquées pour être recyclées. « Nous sommes très contrôlés et à chaque débarquement il y a une inspection de nos déchets polluants ». Restent les déchets qui seront brûlés dans l’un des deux incinérateurs du bord, par exemple les déchets de combustion des centrifugeuses à huile après passage dans les moteurs.

L'aluminium, notamment les canettes, est compacté avant d'être débarqué (© KEVIN IZORCE)

Les huiles sont stockées puis débarquées au port (© KEVIN IZORCE)
Permettre à des passagers de disposer au milieu de l’océan des commodités d’un grand hôtel est donc un travail de chaque instant que peu de croisiéristes soupçonnent. Et ce, pour chaque détail à bord. Que ce soit pour permettre à la télévision de diffuser ses programmes, pour acheminer de l’eau chaude en cabine ou évacuer les sanitaires, ce sont des milliers de tuyaux et de câbles qui parcourent chaque pont du navire. « Ce n’est pas comme à terre. C’est tout bête mais si une de nos toilettes est bouchée, ce sont les sanitaires des 50 cabines autour qui le sont également. Nous insistons donc bien auprès des passagers pour qu’ils ne jettent rien dedans » résume un steward.

Le Chef mécanicien et ses officiers (© KEVIN IZORCE)
« Nous avons parfois 4000 ou 5000 mètres de profondeur sous nos pieds. L’eau ne manque pas autour de nous. Mais paradoxalement, alimenter le navire en eau douce pour les besoins quotidiens de 3000 personnes nécessite une organisation importante. Nous ne disposons pas à bord de capacités suffisantes pour répondre à de tels besoins. C’est pourquoi nous sommes équipés de trois désalinisateurs qui peuvent produire quotidiennement jusqu’à 1800 tonnes » explique le Chef mécanicien, Predrag Pjevcevic, qui avance également des raisons économiques à cette production interne. « Si l’on veut proposer à nos passagers des tarifs corrects, chaque dépense est importante. Acheter un mètre cube d’eau dans un port nous coûte peut-être 40 dollars. Le produire à bord nous coûte à peine 3 dollars. Le choix est vite fait ».
Mais au fait, comment produire de l’eau douce potable à partir d’eau de mer ? L’eau de mer est injectée dans une unité de désalinisation dans laquelle elle va bouillir et être condensée dans un bouilleur sous vide. Ce vide relatif est à 98% ce qui permet une évaporation dès que cette eau est chauffée à 42 degrès. Pour atteindre cette température, le système est bien pensé et économe en énergie : une partie de l’eau de refroidissement des moteurs (env. 90 degrès) est dérivée vers le bouilleur pour en assurer la chauffe. Inutile donc de consommer une énergie supplémentaire. La vapeur est refroidie en eau distillée lors de son passage dans le condenseur. Traitée, neutralisée et minéralisée elle sera ensuite envoyée vers les robinets du bord après un traitement ultraviolet garantissant l’absence de bactéries. On n’utilise donc pas les désalinisateurs dans les ports (moteurs à l’arrêt) ou sur certains fleuves dans lesquels l’eau peut être de moins bonne qualité.
La sécurité
A bord d’un navire à passagers, la sécurité est primordiale. Les risques sont multiples et pas toujours bien identifiés par les passagers. Pour cela, l’exercice de sécurité obligatoire se fait avant de quitter le quai. Les retardataires embarquant peu de temps avant le départ auront une séance de rattrapage avec présence obligatoire et contrôlée. Le Norwegian Spirit compte 18 canots de sauvetage d’une capacité de 150 personnes chacun au niveau du pont promenade, de 41 radeaux de survie (50 pers. chacun), de deux bateaux de sauvetage rapides (dans le cas de personnes à la mer par exemple) et de 8000 gilets de sauvetage adultes et enfants. Il est également équipé de quatre stations d’évacuation de type « Marine Ark » dont on peut voir le fonctionnement dans la vidéo ci-dessous :

Station d'évacuation de type Marine Ark (© KEVIN IZORCE)

Canots de sauvetage au dessus du pont promenade (© KEVIN IZORCE)
Tous ces équipements, mais aussi les procédures de sécurité, sont validés par les autorités maritimes des pays touchés par le navire. S’y ajoutent des inspections de la société de classification du navire, ici le Norvégien DNV (Det Norske Veritas). « La gestion des flux est primordiale lors d’une évacuation et à bord de longs couloirs de part et d’autre du navire permettent de circuler plus librement. Il faut bien avoir conscience que tous les espaces sont pensés avant tout dans un souci de sécurité avant même de s’intéresser à leur fonction. Barmans, serveurs, stewards, nous sommes tous formés à l’évacuation, ce qui étonne parfois les passagers » détaille un membre de l’équipage. Et le Commandant, Vanja Litovic, de préciser et d’insister : « nous testons les canots de sauvetage une fois par semaine. Chaque semaine ! ». Ce que nous avons effectivement pu constater lors de l’escale de Santa Cruz de Tenerife.

Les canots débordés lors d'un test (© KEVIN IZORCE)
La sécurité d’un navire c’est aussi et surtout celle de ses passagers. En saison hivernale, les arrivées dans les ports peuvent être mouvementées. C’est en particulier le cas de celui de Casablanca dont l’entrée est balayée par des vagues pouvant donner au navire de brusques inclinaisons. Pour éviter les chutes, les passagers sont donc avertis dès le début de la croisière, et ce jusqu’au matin de l‘arrivée par haut-parleurs demandant de rester assis, de se tenir si besoin et d’attendre si possible pour se déplacer dans le navire pendant le quart d’heure délicat. De même, lors de l’exercice de sécurité, NCL ne demande plus à ses passagers de venir avec les gilets de sauvetage. Car il y a eu des chutes dans les escaliers à cause de lanières défaites. En cas d’incident ne pouvant être géré par l’hôpital du bord, il est nécessaire de procéder à une évacuation médicale. Au départ de Casablanca, 10 minutes après avoir quitté le quai, le navire fût ainsi stoppé au milieu du port pour une évacuation. La navette du Pilote du port a permis l’évacuation de la personne vers l’hôpital le plus proche. Si le Norwegian Spirit avait été plus éloigné de la côte, un hélicoptère aurait dû intervenir et hélitreuiller la personne.
Comme sur quasiment tous les paquebots, l’hygiène dans les espaces publics est considérée comme essentielle et les distributeurs de gel antibactérien sont à disposition dans tous les locaux. Il est d’ailleurs hors de question de passer outre les demoiselles postées à l’entrée des restaurants et vaporisant les mains des croisiéristes. Rendant la chose plus sympathique, elles entonnent sourire aux lèvres un « Whashy Whashy, Happy Happy, Smiley Smiley » en vous aspergeant les mains avant de manger. Mais derrière cet amusant cérémonial, il y a un danger bien réel : la propagation de virus dans un lieu clos. Depuis le début de l’année, pas moins d’une dizaine de paquebots de diverses compagnies ont ainsi été touchés par des épidémies, principalement de norovirus (symptômes gastro-intestinaux). Les compagnies ne plaisantent donc pas avec l’hygiène et comptent sur la responsabilité des passagers, en les incitant à se laver les mains aussi souvent que possible.
Côté sécurité, un paquebot est un environnement sûr, mais c’est aussi une ville de plusieurs milliers de personnes, où il est toujours possible de constater de petits larcins ou, de temps à autres, des altercations entre passagers. Pour prévenir toute agression ou vol, le navire est équipé de 420 caméras (dont une centaine rien que pour le casino) et il dispose d’une équipe de sécurité chargée notamment de gérer les embarquements et débarquements (où les passagers sont systématiquement contrôlés individuellement avec leur carte personnelle alors que les bagages et sacs sont passés au scanner), ainsi que de faire respecter la loi à bord.
Les « shérifs » du paquebot viennent, par exemple, régulièrement faire un tour à la discothèque en fin de soirée. Car l’insouciance de la vie en mer est propice à la tentation de boire. A ce propos, des réunions équivalentes à celles des Alcooliques anonymes sont prévues tous les soirs pour les personnes qui en ressentiraient le besoin. Une initiative pas si anecdotique qu’il y parait puisque les compagnies, malgré l’importance financière des ventes de boissons, cherchent aussi à renforcer la prévention. Car, même s’ils sont à priori responsables de leur comportement, les clients, surtout aux Etats-Unis, n’hésitent pas à se retourner contre les armateurs en cas de problème. Ainsi, il y a quelques mois, une passagère passée par dessus son balcon après avoir bu plus que de raison a porté plainte contre une autre compagnie américaine qui, selon elle, ne l’avait pas empêchée de boire…

La passerelle du Norwegian Spirit (© KEVIN IZORCE)
La passerelle
Rendons nous maintenant à la passerelle du Norwegian Spirit, qui dispose d’une timonerie est assez classique. De là partent les ordres qui feront par exemple varier la puissance des quatre moteurs MAN ou sortir les deux stabilisateurs de 12 mètres carrés chacun assurant un meilleur confort en mer. Deux officiers minimum, un navigateur et un co-navigateur, sont en permanence à la veille dans les zones dites « vertes » Entendez par là en pleine mer sans obstacle fixe. Dans une zone « rouge », ils sont rejoints par un quartier-maître et par un « Jump Seat » à la place du pilote ou du capitaine, ces derniers ayant systématiquement la charge des entrées et sorties de ports, considérées comme les plus délicates. Un officier supplémentaire peut se consacrer à la communication et à la surveillance des alarmes. Les manœuvres portuaires sont dirigées depuis les ailerons de passerelle. Débordant de la superstructure et disposant d’un poste annexe de commande des machines, ils offrent une vue sur toute la longueur du navire et surplombent le quai.

La passerelle du Norwegian Spirit (© KEVIN IZORCE)

La passerelle du Norwegian Spirit (© KEVIN IZORCE)

La passerelle du Norwegian Spirit (© KEVIN IZORCE)

Aileron de passerelle sur le Norwegian Spirit (© KEVIN IZORCE)

Aileron de passerelle sur le Norwegian Spirit (© KEVIN IZORCE)
Le navire et ses aménagements
Maintenant que vous connaissez une partie des coulisses du Norwegian Spirit, nous vous proposons de terminer par une découverte des aménagements de ce navire atypique.

Le pont piscine avec sa décoration antique (© KEVIN IZORCE)

Le pont piscine avec sa décoration antique (© KEVIN IZORCE)

Le pont piscine avec sa décoration antique (© KEVIN IZORCE)

Le pont piscine avec sa décoration antique (© KEVIN IZORCE)

Le pont piscine avec sa décoration antique (© KEVIN IZORCE)

Le pont piscine avec sa décoration antique (© KEVIN IZORCE)

Snack sur le pont piscine (© KEVIN IZORCE)

Plage arrière (© KEVIN IZORCE)

Plage arrière (© KEVIN IZORCE)

Plage arrière (© KEVIN IZORCE)

Plage arrière (© KEVIN IZORCE)

Plage arrière (© KEVIN IZORCE)

Pont promenade (© KEVIN IZORCE)

Pont promenade (© KEVIN IZORCE)

Pont promenade (© KEVIN IZORCE)

Le Harry's Pub avec sa terrasse sur le pont promenade (© KEVIN IZORCE)

Le pont promenade fait le tour du bateau par l'avant (© KEVIN IZORCE)

L'atrium (© KEVIN IZORCE)

L'atrium (© KEVIN IZORCE)

L'atrium (© KEVIN IZORCE)

La réception (© KEVIN IZORCE)

Le Bistrot, restaurant français (© KEVIN IZORCE)

Le restaurant Cagney's Steak House (© KEVIN IZORCE)

Le Sushi Bar (© KEVIN IZORCE)

Le Sushi Bar (© KEVIN IZORCE)

Le Teppanyaki (© KEVIN IZORCE)

Le Shanghai Bar (© KEVIN IZORCE)

Le Blue Lagoon Café, ouvert 24h/24 (© KEVIN IZORCE)

La discothèque (© KEVIN IZORCE)

La discothèque (© KEVIN IZORCE)

La discothèque (© KEVIN IZORCE)

La discothèque (© KEVIN IZORCE)

La discothèque (© KEVIN IZORCE)

Le casino (© KEVIN IZORCE)

Le casino (© KEVIN IZORCE)

Le casino (© KEVIN IZORCE)

Le casino (© KEVIN IZORCE)

Le Théâtre (© KEVIN IZORCE)

Le Théâtre (© KEVIN IZORCE)

(© KEVIN IZORCE)
Ce reportage a été réalisé par Kevin Izorce