C’est l’un des deux plus gros paquebots du monde, un géant de 361 mètres de long, 227.000 GT de jauge et 2700 cabines, capable d’embarquer plus de 5400 passagers et 2380 membres d’équipage. Pour la première fois, l’Allure of the Seas sera exploité en Europe, l’an prochain, durant la saison estivale. Son armateur, la compagnie américaine Royal Caribbean International, a confirmé hier le positionnement du géant en Méditerranée à partir de mai 2015 pour une série de 22 croisières d’une au départ de Barcelone. Chaque dimanche, l’Allure of the Seas appareillera du port espagnol pour une traversée d’une semaine, au cours de laquelle il fera escale à Palma de Majorque, Marseille, La Spezia, Civitavecchia et Naples.
Livré en octobre 2010 par le chantier STX de Turku, en Finlande, l’Allure of the Seas et son aîné l’Oasis of the Seas, mis en service un an plus tôt, ont été jusqu’ici exclusivement exploités dans les Caraïbes au départ de Fort Lauderdale, en Floride. Alors que le marché américain semblait initialement le seul à pouvoir absorber des unités d’une telle capacité, RCI estime aujourd’hui que l’Europe est mûre pour accueillir ces bateaux. La compagnie, qui mise notamment sur l’attrait de la nouveauté (pour ses clients européens comme américains) et l’aspect très innovant des Oasis, qui rencontrent un succès considérable depuis leur sortie, se fixe néanmoins un grand challenge. Car il va quand même falloir commercialiser 2700 cabines chaque semaine avec un unique port d’embarquement puisqu’il n’est pas prévu de pouvoir débuter une croisière en France ou en Italie, ce qui aurait pourtant, à priori, été une bonne chose pour permettre à Royal de se renforcer sur ces marchés.
Des retombées économiques importantes
En attendant de pouvoir peut-être, à l’avenir, débuter une croisière depuis la cité phocéenne, les Marseillais vont donc se contenter, dans un premier temps, de voir passer le bateau en escale. Ce qui constitue déjà un évènement, comme le confie Jacques Truau, président du Club de la Croisière Marseille-Provence : « Il a été difficile de contenir notre joie quand nous avons appris que la ville de Marseille allait accueillir le plus grand navire au monde. La venue de l’Allure of the Seas dans notre port est une excellente nouvelle pour plusieurs raisons. C’est en effet une grande fierté d’accueillir le navire le plus innovant du monde, de plus, les retombées économiques pour la ville et la région seront conséquentes ».
Selon une étude de l’association internationale des compagnies de croisière, la CLIA, chaque passager ayant fait une croisière en Europe en 2012 a dépensé en moyenne 62 euros par escale. A cela s’ajoutent les dépenses de chaque membre de l’équipage, qui s’élèvent en moyenne à 21 euros par escale. En partant d’une base de 5400 passagers et 2384 membres d’équipage faisant escale 22 fois à Marseille durant l’été 2015, les retombées économiques pour la ville et sa région pourraient donc s’élever à près de 8.5 millions d’euros.

L'Allure of the Seas (© : RCI)
Un arrêt technique dans la forme 10 ?
En dehors de cette activité touristique, le port espère également des retombées en termes de services, par exemple au niveau de l’avitaillement. Et bien sûr, on souhaite à Marseille pouvoir assurer le premier grand carénage du paquebot. En raison du manque d’infrastructures de l’autre côté de l’Atlantique, l’Oasis of the Seas va, en effet, rejoindre l’Europe en septembre prochain afin de passer en cale sèche à Rotterdam pour son premier gros arrêt technique (assorti d’une réfection) depuis sa livraison. L’an prochain, ce sera logiquement au tour de l’Allure of the Seas de faire de même et le positionnement en Europe du navire ne doit de ce point de vue sans doute rien au hasard. Avec la remise en service d’ici là de la forme 10, la plus grande cale sèche de Méditerranée, Marseille est évidemment candidate pour assurer la maintenance et la remise à neuf du paquebot. Ces travaux pourraient être menés à l’issue de la saison estivale, juste avant que l’Allure of the Seas reparte pour les Etats-Unis afin de reprendre ses traversées dans les Caraïbes.
Le contrat n’est pas gagné, puisqu’il y a de la concurrence, mais la cité phocéenne dispose de solides atouts, à commencer par ses infrastructures situées à proximité immédiate. Et aussi de la présence, dans le consortium qui exploitera la forme 10, de STX France (aux côtés de Chantier Naval de Marseille qui exploite déjà les formes 8 et 9, de sa maison mère San Giorgio del Porto et de T. Mariotti). Le constructeur nazairien, qui livrera en 2016 le troisième paquebot de la classe Oasis, pourra mettre en avant son expertise sur ces navires d’exception.