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L’association internationale des compagnies de croisière, qui regroupe 63 opérateurs maritimes et fluviaux, soit l’essentiel de l’industrie, table sur une légère hausse du marché cette année. Ainsi, les membres de la CLIA, qui vont aligner 410 navires (contre 393 en 2013), prévoient d’accueillir en 2014 quelques 21.7 millions de passagers dans le monde, dont 6.54 millions en Europe. A comparer aux 21.3 millions de passagers, dont 6.4 millions en Europe, annoncés pour 2013 (les chiffres définitifs seront communiqués lors du Seatrade de Miami en mars). Cela représente donc, entre 2013 et 2014, une hausse de 1.9% au niveau mondial et de 2.2% à l’échelle européenne. Pour l'Europe, on notera que la croissance devrait être cette année de 4.2%, après une quasi-stagnation (+1%) l’an dernier. On est encore loin de l’envolée enregistrée il y a quelques années (10.4% en 2008, 11.8% en 2009, 12.6% en 2010), avec un début de tassement en 2011 (+5%), mais il y a clairement du mieux.

 

 

Un peu moins de pression sur le marché

 

 

Certes, les chiffres ne sont plus ce qu’ils ont été mais les armateurs sont parvenus à franchir sans trop de mal la période très dure ayant succédé à la crise qui a éclaté fin 2008. Si la croisière est le seul secteur du tourisme à être resté en croissance, les années 2010 à 2012 ont été très dures, le pouvoir d’achat des touristes européens étant réduit alors que, dans le même temps, la flotte continuait de croître significativement, obligeant les opérateurs à casser les prix pour remplir les bateaux. Au risque, si le contexte perdurait, de rogner sur certaines dépenses (nourriture, personnel…) pour maintenir le niveau de rentabilité, avec pour conséquence une probable détérioration de la qualité du produit. Heureusement, la situation s’est améliorée et, si ce n’est pas encore la panacée, le creux de la vague semble derrière les compagnies. Le redressement est, d’ailleurs, facilité par la réduction sensible des mises en service de navire, particulièrement au niveau des paquebots. Une hausse modérée de la capacité qui permet de mieux absorber la croissance « naturelle » du marché et, surtout, de proposer des tarifs plus raisonnables économiquement en limitant les rabais. Ainsi, les grandes compagnies ont dans l’ensemble marqué le pas dans leurs commandes, à l’image du groupe américain Carnival et de MSC Cruises. Une tendance qui est différente pour l'Américain NCL qui, après avoir été contraint de limiter ses investissements durant plusieurs années pour assainir ses comptes, rattrape son retard avec un vaste plan de constructions neuves comprenant quatre grands paquebots (classes Breakaway et Escape) livrables entre 2013 et 2017. Mais c’est un autre Américain, Royal Caribbean, qui fait aujourd’hui figure de « martien » en ayant commandé quatre navires géants (classes Oasis et Quantum), les plus gros du monde, pour des mises en service entre 2014 et 2016, dont deux pour un total record de 4800 cabines en 2016.

 

 

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© MEYER WERFT

Le Quantum of the Seas en construction en Allemagne (© MEYER WERFT)

 

 

Cinq nouveaux paquebots cette année

 

 

Reste que, pour le moment, la pression globale est moindre concernant les entrées en flotte. Ainsi,  en 2014, seuls cinq grands paquebots sont mis en service. Le premier, le Norwegian Getaway (146.600 GT, 2014 cabines), a été livré le 10 janvier à NCL par le chantier allemand Meyer Werft. Ce dernier achèvera également, en octobre, le Quantum of the Seas (167.800 GT, 2080 cabines), premier d’une nouvelle série de trois géants commandés par Royal Caribbean. Celui-ci, au travers de TUI Cruises, une société commune qu’il possède avec le voyagiste allemand TUI, prendra également livraison, en mai, du Mein Schiff 3 (99.700 GT, 1250 cabines), premier d’une nouvelle classe de deux paquebots construits par STX Finland. Du côté de Carnival, deux nouveaux bateaux réalisés en Italie par Fincantieri sont programmés. D’abord le Regal Princess (141.000 GT, 1800 cabines) que sa filiale Princess Cruises réceptionnera au printemps. Puis le Costa Diadema (132.500 GT, 1850 cabines), nouveau navire amiral de Costa Croisières, dont la mise en service est prévue fin octobre. Pour être complet au niveau des croisières maritimes, il convient d’ajouter le petit Pearl Mist (8700 GT, 108 cabines), très en retard et qui doit être livré cette année à la compagnie américaine Pearl Seas Cruises. L’ensemble de cette nouvelle flotte représente une hausse de capacité de plus de 18.000 passagers (en base double) pour un investissement supérieur à 2.8 milliard d’euros.

 

 

Sept nouvelles unités en 2015

 

 

La tendance sera sensiblement la même en 2015, bien qu’un peu plus de livraisons soient prévues, avec en tout sept navires maritimes. Il s’agit pour le groupe Carnival du Britannia (141.000 GT, 1800 cabines) de P&O Cruises, construit par Fincantieri, et de l’AIDAprima (125.000 GT, 1250 cabines), premier d’une série de deux navires réalisés pour AIDA Cruises par le constructeur japonais Mitsubishi. Royal Caribbean réceptionnera pour sa part, chez Meyer Werft, l’Anthem of the Seas, premier sistership du Quantum, alors que TUI Cruises recevra chez STX Finland le Mein Schiff 4. Alors que NCL mettra en service le Norwegian Escape (163.000 GT, 2100 cabines),  une version améliorée des Breakaway et Getaway qui sera réalisée à deux exemplaires par Meyer Werft, Viking Ocean Cruises, une nouvelle compagnie montée par Viking River Cruises, leader mondial de la croisière fluvale, prendra livraison chez Fincantieri de son premier paquebot. Il s’agit du Viking Star (47.800 GT, 460 cabines), qui doit être suivi par trois à cinq autres unités. Enfin, le Français Compagnie du Ponant mettra en flotte le Lyrial (10.700 GT, 132 cabines), quatrième navire de la classe Boréal, réalisé par Fincantieri.

Pour 2015, ces sept navires présentent une capacité de 18.930 passagers et un investissement de près de 3.2 milliards d’euros.

 

Si l’on ajoute le secteur fluvial, dont les constructions neuves sont portées par Viking River Cruises, ce sont en tout 24 navires qui doivent être livrés en 2014 et 2015, pour un coût global approchant 6 milliards d’euros.

 

 

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© COSTA CROISIERES

Le futur Costa Diadema (© COSTA CROISIERES)

 

 

Déploiement des bateaux de croisières   

 

 

En termes de déploiement de navires, la principale destination de croisières reste les Caraïbes, qui représentent 37.3 % des itinéraires mondiaux, suivis par la Méditerranée (18.9 %), l'Europe du Nord (11.1 %), l'Australie et la Nouvelle-Zélande (5.9 %), l'Alaska (4.5 %), l'Asie (4.4 %) et l'Amérique du Sud (3.3 %). Les marchés qui vont connaître une augmentation des déploiements de navires en 2014 incluent les Caraïbes (+12 %), l'Europe du Nord (+5.2 %), l'Asie (+31.6 %) et l'Australasie (+22 %).

 

 

Les grandes tendances

 

 

En perpétuelle évolution pour répondre aux besoins du marché et susciter la demande, les compagnies de croisières continuent d’innover et d’adapter leurs produits. Les grands paquebots, qui sont dotés d’une offre d'équipements et de divertissement toujours plus vaste, visent un public familial et sont conçus pour accroître le nombre d’enfants et d’adolescents à bord, tout en rajeunissant l’âge moyen des passagers adultes. Une stratégie rendue possible par la baisse des prix liée à la mise en flotte de gros navires plus performants et rentables grâce à une capacité d’accueil très importante qui permet de mieux amortir les investissements. Alors que les opérateurs tentent de séduire, puis de fidéliser les vacanciers qui n’ont jamais fait de croisière ou réalisent leur première traversée, on constate que les voyages thématiques (croisières musicales par exemple) perdurent et que les offres vers les groupes se démultiplient.

A bord, le panel de services continue donc de se renforcer avec de nouvelles activités, une gamme plus large de restauration ou encore la mise en place de services Internet plus performants, qui permettent de réduire les coûts des communications. Dans le même temps, les offres packagées se développent, notamment les croisières « tout inclus » et des produits comprenant les pré et post-acheminements avec éventuellement des nuités dans les ports d’embarquement.

Côté destinations, également, le catalogue d’itinéraires ne cesse de croître. Alors que l’offre s’est développée ces dernières années vers l’Asie, l’Amérique latine, l’Océanie, le Moyen-Orient et l’Afrique, les croisières d’expédition, par exemple vers les zones polaires, ont le vent en poupe. De même, les tours du monde reviennent à la mode. Quant aux régions traditionnelles, les Caraïbes continuent de faire le plein et l’Europe poursuit se croissance, avec des périples toujours plus nombreux et un certain nombre de nouveautés.

Enfin, on notera un regain d’activité sur le segment haut de gamme, notamment les compagnies de luxe, qui mettent de nouveau en service des unités neuves. Avec là aussi une évolution du produit vers des bateaux un peu plus gros afin d’offrir un maximum de services.  

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