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Il n'y a pas que les ports méditerranéens à accueillir des paquebots en escale. Saint-Malo, Brest, Lorient voire Belle-Île et Concarneau attirent aussi, chaque année, des bateaux de croisière et leurs passagers fortunés européens ou américains. Les retombées économiques ne sont pas négligeables

 

Le 2 juin, Saint-Malo accueillait pour la première fois l'Europa 2, propriété de l'armateur allemand Hapag-Lloyd. Il est considéré comme le paquebot le plus luxueux du monde. En provenance de Lisbonne, au Portugal, et à destination de Hambourg, en Allemagne, ce palace flottant construit au chantier naval STX de Saint-Nazaire, en service depuis tout juste un an, a fait escale une journée dans la cité corsaire. À son bord, 500 passagers, essentiellement allemands et à fort pouvoir d'achat (le séjour à bord coûte au minimum 600 euros par jour) ainsi que 370 membres d'équipage.

 

 

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© STX FRANCE BERNARD BIGER

L'Europa 2 (© STX FRANCE - BERNARD BIGER)

 

 

Trop grand pour accoster sur le quai Vauban, le bateau est resté au mouillage sur les coffres de l'estuaire de la Rance, entre Dinard et Saint-Malo. Tôt le matin, des canots de l'Europa 2 ont commencé leurs navettes vers la gare maritime de la Bourse. Des autocars et des taxis attendaient les croisiéristes, tandis que des employés de l'office de tourisme malouin distribuaient un guide de la ville en plusieurs langues et orientaient les visiteurs. Le programme proposé à terre était varié : excursions au Mont-Saint-Michel, dégustation d'huîtres à Cancale, visite de Dinan. Des passagers ont opté pour une demi-journée de randonnée ou bien une partie de golf. Premier port breton en nombre d'escales, Saint-Malo a bien compris l'intérêt de soigner cette clientèle au portefeuille bien garni. En 2011, elle a entièrement rénové sa gare maritime pour accueillir dignement ses croisiéristes et répondre aux normes de sûreté, aussi draconiennes que celles d'un aéroport. Avant la saison, les chauffeurs de taxi malouins suivent une formation en anglais touristique.

 

 

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© LE TELEGRAMME

L'Europa 2 à Saint-Malo (© LE TELEGRAMME)

 

150 euros par passager

 

En 2013, Saint-Malo a accueilli 32 escales et 13.000 passagers dont 62 % d'Américains et 26 % d'Allemands. « On considère que chaque passager dépense 150 euros en moyenne. Les retombées économiques sont donc estimées à 1.950.000 euros », calcule Elisabeth Gouzien, du service tourisme de la CCI qui coordonne l'accueil des paquebots. En 2014, il y aura toutefois moins d'escales dans la cité malouine. Les compagnies tablant sur le succès du « tourisme de mémoire » ont en effet privilégié les ports normands, notamment Cherbourg, en raison du 70e anniversaire du Débarquement.

 

 

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© MICHEL FLOCH

L'AIDAstella à Brest (© MICHEL FLOCH)

 

Un million d'euros à Brest  

 

Avec 14 escales programmées, le port de Brest attend, cette année, plus de 15.000 passagers et 7.500 membres d'équipage. En 2013, les retombées ont été chiffrées à un million d'euros. À Brest, les bateaux accostent directement au port de commerce. « Brest présente l'avantage de pouvoir accueillir tous les bateaux, quelle que soit leur taille et à n'importe quelle heure », commente Brigitte Corre, élue de la CCI de Brest chargée du tourisme. 

Accueil en musique

 

 

À chaque fois, une logistique est assurée sur les quais brestois. Des navettes sont mises en place. Au bas de la passerelle, un bagad accueille les passagers en musique, et des chalets sont mis à la disposition des commerçants pour vendre leurs produits. Ce que refusent, en revanche, les commerçants de Saint-Malo intra-muros, peu désireux de cette concurrence. À Lorient, sept paquebots sont attendus cette année. Pour séduire et fidéliser les armateurs, les ports bretons, gérés par les CCI, ont créé des outils marketing communs et se font représenter dans les salons spécialisés, comme celui de Miami, en Floride. Mais les moyens mis en oeuvre restent encore assez limités.

 

 

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© DROITS RESERVES

Le Boudicca à Lorientle mois dernier (© DR)

 

 

Incontournable Mont Saint-Michel

 

 

La visite du Mont-Saint-Michel est l'excursion la plus prisée des croisiéristes qui mettent pied à terre en Bretagne. Ainsi, en moyenne, un quart des passagers qui débarquent à Saint-Malo se rendent sur le prestigieux site normand, en général pour une demi-journée. « Le fait qu'il soit classé au Patrimoine mondial de l'Unesco en fait un lieu incontournable, d'où l'importance d'obtenir ce classement pour les mégalithes de Carnac. C'est essentiel pour le développement touristique de la Bretagne », souligne Bénédicte Le Brun, qui dirige, à Auray, l'agence BLB. Son agence est spécialisée dans le tourisme réceptif. Elle s'occupe de l'accueil des paquebots de croisière qui font escale entre La Rochelle et Dunkerque. « Nous sommes chargés d'organiser les excursions permettant aux croisiéristes de découvrir notre belle région lors de leurs escales, et de faire en sorte que le peu de temps qu'ils passent sur le sol français se déroule au mieux pour qu'ils aient envie d'y revenir. Pour cela, il nous faut de bons guides, parfaitement bilingues, et des prestations de grande qualité », juge cette professionnelle chevronnée.  

Un accueil complexe  

 

Cette mission n'est pas forcément de tout repos. « Le marché est fluctuant. Nous sommes tributaires de facteurs que nous ne maîtrisons pas. Un coup de vent, par exemple, et l'escale prévue depuis de longs mois est annulée. » Ce n'est pas la seule particularité de cette forme de tourisme. L'accueil d'un navire de croisière est complexe. C'est un grand nombre de personnes qui débarquent en même temps, qui restent à terre une durée limitée et auxquelles il faut rendre des services de différentes natures : informations, transport, activités en tout genre... « En général, les croisiéristes dorment à bord. Il n'y a donc pas d'hébergement à prévoir. Les escales durent une journée. Le bateau arrive par exemple à 8 h et repart à 18 h. Il faut s'adapter », confie Bénédicte Le Brun. 

 

 

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© DAMEN

Paquebot en escale près du chantier Damen de Brest (© DAMEN)

 

Océanopolis, Crozon...

 

Côté excursions, Il n'y a pas que le Mont-Saint-Michel qui séduit les passagers des paquebots. Les croisiéristes réclament des sorties organisées faisant la part belle à tous les patrimoines : architectural, militaire, religieux ou gastronomique. À Brest, parmi les excursions les plus cotées, on trouve les Abers, Locronan, Océanopolis, la presqu'île de Crozon, l'abbaye de Daoulas et le calvaire de Plougastel... La liste n'est pas exhaustive. En 2013, 3.500 croisiéristes ont réservé des excursions dans ce département. L'équivalent de 70 autocars. À Lorient, les passagers mettent souvent le cap sur Carnac, Vannes, Pontivy (connu par les Américains grâce à Napoléon). L'agence alréenne organise parfois, et notamment à Brest, des visites guidées... en footing.

 

 

Un article de la rédaction du Télégramme

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