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Fondateur de Nouvelles Frontières, dont il a quitté la présidence en 2001 suite à la vente de son groupe à l’Allemand TUI, Jacques Maillot a été nommé chargé de mission pour les croisières fluviales et maritimes par Laurent Fabius et Alain Vidalies. Le ministre des Affaires étrangères et du Développement international, ainsi que le secrétaire d’Etat aux Transports, à la Mer et à la Pêche, souhaitent en effet qu’une action soit menée afin de favoriser l’essor des croisières fluviales et maritimes dans l’Hexagone. «  Sur ces deux marchés touristiques en pleine croissance, la France occupe aujourd’hui une position en deçà de son potentiel, qu’il s’agit de développer fortement », explique le Quai d’Orsay. Le ministère estime que Jacques Maillot dispose «  d’une expérience reconnue dans le domaine du tourisme, qu’il mettra au service du développement du secteur français des croisières maritimes et fluviales ».

 

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© MINISTÈRE DES AFFAIRES ETRANGERES

Jacques Maillot a rencontré Laurent Fabius le 3 mars (© MINISTERE DES AFFAIRES ETRANGERES)

 

Nomination étonnante

Pour autant, la nomination de l’homme d’affaires français, âgé de 73 ans, est une surprise car son pédigrée est très maigre dans le secteur de la croisière. On se souvient en effet que la seule initiative de Nouvelles Frontières en la matière, lancée à la fin des années 90 avec l’affrètement du Princess Danae, puis du Van Gogh dans les Caraïbes, s’était soldée par un échec quelques années plus tard.

 

Satisfaction des professionnels du secteur

Toujours est-il que Jacques Maillot, qui oeuvrera à titre bénévole, est, comme le rappelle le gouvernement, un personnage reconnu du monde du tourisme, dans lequelle l’industrie de la croisière, malgré ses spécificités, souhaite s’intégrer pleinement. D’où la satisfaction des professionnels du secteur, que l’on a vu longtemps prêcher dans le désert, et qui observent aujourd’hui avec beaucoup de satisfaction l’intérêt porté par l’Etat à la croisière. « CLIA France se réjouit de nomination de Jacques Maillot comme chargé de mission pour le développement des croisières maritimes et fluviales, offrant ainsi à l’industrie de la croisière l’opportunité de travailler avec les différents ministères sur les grands enjeux liés à un marché en fort développement en France et dans le monde », déclare ainsi le directeur général de CLIA France (Association Internationale des Compagnies de Croisières). Selon Cedric Rivoire-Perrochat : « La sensibilisation des pouvoirs publics à l’intérêt de soutenir l’industrie de la croisière est une démarche essentielle pour le développement du tourisme maritime et fluvial en France, d’autres pays de la communauté européenne ayant pris les devants ».

 

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© MER ET MARINE - KEVIN IZORCE

Alignement de paquebots à Barcelone (© MER ET MARINE - KEVIN IZORCE)

 

Une activité en pleine croissance

L’intérêt du gouvernement vient peut être du fait que la croisière est la seule branche de l’industrie du tourisme à ne pas avoir connu la crise et qu’elle se développe fortement. Le nombre de passagers français ne cesse de croître. Pour les voyages maritimes, l’augmentation fut de 68% entre 2008 et 2013, avec 522.000 croisiéristes en 2013 (les statistiques 2014, pour lesquelles ont attend une nouvelle hausse, seront dévoilées le 18 mars). Dans le même temps, les escales de paquebots dans les ports tricolores génèrent un flot de plus en plus important de touristes étrangers, soit 2.4 millions de personnes en 2013 (+3.9% par rapport à 2012). Les retombées économiques sont significatives pour les régions visitées et l’ensemble de l’économie française, puisqu’elles furent évaluées à plus d’un milliard d’euros en 2013, chantiers navals compris (dont l’existence dépend mécaniquement de la bonne santé du marché). En matière d’emploi, la croisière maritime fait vivre 15.000 personnes sur le territoire hexagonal. Et le secteur fluvial a également le vent en poupe puisque, même si les statistiques y sont moins précises, on sait que plus de 200.000 passagers internationaux sillonnent chaque année les fleuves français.

 

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© CROISIEUROPE

Navire fluvial sur la Gironde (© CROISIEUROPE)

 

Toutefois, malgré ses excellents bons résultats, la France est encore très en retard par rapport à certains de ses voisins. Ainsi, pour le maritime, les ports italiens ont accueilli 6.9 millions de passagers en 2013, alors que leurs homologues espagnols en voyaient passer 5.2 millions. Quant aux retombées économiques, elles atteignaient cette année là pas moins de 4.5 milliards d’euros en Italie et, plus remarquable, 3.1 milliards au Royaume-Uni, sachant qu’il n’y a plus d'activité de construction de paquebots dans ce pays. Enfin, au niveau social, la croisière emploie plus 340.000 personnes en Europe, dont 103.000 en Italie, 70.000 au Royaume-Uni, 46.000 en Allemagne et plus de 25.000 en Espagne.  

 

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© DR

Le port d'Ajaccio (© CCI D'AJACCIO)

 

Les ports français se bougent

Premier pays touristique au monde, la France a des atouts indéniables pour développer fortement cette activité et bénéficier des retombées économiques comme des emplois qu’elle génère. Certes, une erreur stratégique a été commise dans les années 70/80. Si la ville avait été dotée d’un grand port, Nice aurait pu devenir le grand hub méditerranéen de la croisière grâce à son aéroport international et sa position géographique stratégique au cœur de la mondialement connue Côte d’Azur. Le bénéfice en est allé principalement à l'Italie. D’autres cités portuaires françaises ont toutefois saisi leur chance, tardivement parfois, mais avec un beau dynamisme. C’est le cas de Marseille, qui a investi dans ses bassins et a dépassé pour la première fois, il y a deux ans, le cap du million de passagers. Ajaccio fonctionne très bien, alors que Toulon consent également d’importants efforts pour accueillir les paquebots et leurs passagers. Sur la côte atlantique, les autorités portuaires et les collectivités locales prennent aussi conscience du potentiel et des initiatives fleurissent de Bordeaux à Brest, en passant par La Rochelle. Idem en Manche, à Cherbourg, mais aussi Rouen et Le Havre, qui a aménagé un terminal dédié et séduit par son emplacement, permettant aux croisiéristes étrangers de visiter les grands sites touristiques normands et de pousser jusqu’à Paris. Encore plus au nord, Calais et Dunkerque veulent aussi se positionner. 

 

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© MER ET MARINE - JEAN-LOUIS VENNE

Paquebot en rade de Toulon (© MER ET MARINE - JEAN-LOUIS VENNE)

 
Que faire pour favoriser le développement de la croisière ?

Malgré tout, un certain nombre de problèmes contraignent encore l’essor de la croisière dans l’Hexagone. Alors que les embarquements en tête de ligne, en dehors de Marseille, sont encore trop peu nombreux, la France devra relever plusieurs défis pour mieux exploiter son potentiel. Il faudra, notamment, continuer d’investir pour adapter les ports à l’accueil dans les meilleures conditions des navires maritimes et fluviaux de nouvelles générations. Idem pour les infrastructures portuaires, des terminaux et gares maritimes dignes de ce nom étant indispensables pour recevoir correctement les croisiéristes sur le territoire français.

 

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© JACQUES THYEBAUT

Le port du Havre (© JACQUES THYEBAUT)

 

Les professionnels appellent en outre les pouvoirs publics à clarifier les procédures d'obtention des visas pour les membres d'équipage. En France, mais ce n’est pas le seul pays européen dans ce cas, les compagnies rencontrent en effet des problèmes significatifs dans les ports, ce qui constitue un frein important  pour les relèves d’équipage (y compris pour des paquebots en arrêt technique, à Marseille ou Brest par exemple). Enfin, il y a un réel besoin d’engagement des instances de l'Etat pour mieux promouvoir le tourisme en France via la croisière.  

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