Le continent blanc, et plus particulièrement sa péninsule, a accueilli pas moins de 44.367 touristes pendant l’hiver 2016/17 selon l’association des tours opérateurs de l’Antarctique (IAATO). Cela représente une augmentation de 15% par rapport à la saison précédente. Une nouvelle hausse de 5% est anticipée en 2017/2018, avec 46.385 passagers, dépassant le record historique atteint pendant l’hiver 2007/2008 (46.265 personnes). Pour mémoire, la fréquentation s’était ensuite effondrée suite à l’adoption, en 2010, d’un durcissement de la règlementation pour les navires à passagers évoluant dans cette zone (amendement à l’annexe 1 de la convention Marpol). Seuls 20 des 49 bateaux exploités alors vers l’Antarctique avait pu continuer de proposer des croisières dans la zone, ramenant la fréquentation à seulement 15.000 passagers.
Beaucoup de navires en commande
Mais la hausse de la demande sur ce marché a rapidement conduit de nombreux armateurs à trouver de nouveaux navires et passer commande d'unités neuves, permettant d’accroître significativement les capacités ces dernières années. Et cela va continuer puisqu’une trentaine de bateaux d’expédition est actuellement en commande ou en projet. Cela conduira, en gros, à doubler la flotte au cours de la prochaine décennie. Avec pour mémoire des contraintes capacitaires, puisque la règlementation interdit les débarquements aux paquebots de 500 passagers et plus, tout en limitant les excursions terrestres à 100 personnes maximum sur un même site pour les bateaux de moins de 500 passagers.

(© MER ET MARINE - VINCENT GROIZELEAU)
Hausse des transferts aériens vers la péninsule
Selon l’IAATO, l’essentiel des touristes (98%) visitent la péninsule antarctique au départ d’un port d’Amérique latine, Ushuaia demeurant le grand pôle d’embarquement des croisières proposées dans le secteur. Si le nombre de personnes optant pour un voyage de ce type au départ d’Argentine ou du Chili à bord de petits navires a augmenté de 20% en un an, la part des passagers sillonnant le secteur sur des paquebots de plus de 500 passagers (donc sans descente à terre) a diminué de 8%. L’IAATO relève également un phénomène notable, celui de la hausse significative des pré et post-acheminements par avion directement sur la péninsule. Il semble que de plus en plus de touristes souhaitent éviter le Drake, passage souvent très tumultueux qui sépare l’extrême sud de l’Amérique latine et l'Antarctique. Un transit obligé à l’aller et au retour qui prend environ quatre jours sur l’ensemble de la croisière. Certains opérateurs développent donc des croisières directement au départ de la péninsule, avec transferts depuis et vers le continent en avion. Pour la saison qui vient de s’achever, quelques 3202 personnes ont opté pour cette solution, ce qui représente 7% de la fréquentation totale mais, surtout, une progression de 36% par rapport à la saison précédente, et même un doublement par rapport à 2012/2013. Un phénomène qui va continuer de croître l’hiver prochain (plus de 3400 personnes prévues) et commence à inquiéter certaines associations de protection de l’environnement, qui redoutent les conséquences d’un développement trop important des liaisons aériennes.
Les Chinois en seconde place
Concernant les nationalités voyageant vers l’Antarctique, les Américains demeurent toujours en première position (33% des visiteurs, +7% par rapport à la saison 2016/2017) mais la progression la plus spectaculaire est celle des Chinois (12% des touristes), qui a fait un bond de 25% en un an et les place désormais en seconde position. Les marchés les plus dynamiques en matière de croisières d’expédition vers l’Antarctique sont ensuite l’Allemagne (9% des touristes, +45% en un an), le Royaume-Uni (9%, +19%) et l’Australie (10%, +5%).